Ccompétente en matière de « fourrières et refuges pour animaux » depuis le 15 décembre 2023, la collectivité de l’Agglo de Saintes continue de prendre la main sur ce service en lançant le principe d’une délégation de service public (DSP). Ce qui signifie qu’il y aura compétition entre plusieurs candidats pour le choix du prestataire, au cours de l’été 2025.
« Tout a été tenté contre Bois-Rulaud, tout a échoué »
Fini les accords entre les communes de l’Agglo et la SPA (Société de Protection des Animaux) de Saintes, qui occupe Bois-Rulaud depuis 1976. Le bâtiment de 1 183 m² appartient à l’intercommunalité et le terrain à la Cité des Saints. Laquelle SPA, affiliée à la Confédération des Refuges Indépendants, pourra être amenée à quitter les lieux si elle ne postule pas ou si elle ne convainc pas les délégués communautaires de lui accorder la DSP. Les délégués communautaires ont voté à l’unanimité cette nouvelle direction, jeudi 7 novembre.
Le parquet saisi en 2021
À la base de cette décision se cache le mécontentement des élus ou du moins celui de Bruno Drapron, maire de Saintes. Lors du conseil communautaire, Éliane Train, déléguée communautaire de Varzay, a cherché à mieux comprendre ce qui n’allait pas. Le président Bruno Drapron a d’abord déploré que la SPA ne respecte pas ses engagements et “ne vient pas récupérer les animaux errants ou errants lorsque les maires le demandent”.
“On sait seulement que le maire de Saintes ne nous aime pas, nous déteste même”
Depuis 2020, l’Agglo de Saintes ne verse plus de subventions (environ 13 000 euros par an), estimant qu’elle a déjà distribué le « loyer » et que ses comptes – a priori bien remplis selon les propos de Bruno Drapron – auraient dû permettre l’association à investir dans de meilleures conditions d’accueil des animaux.
Et c’est la deuxième partie du dossier. Des soupçons de maltraitance sont parvenus jusqu’aux oreilles du maire et président de l’Agglomération. Alerté par plusieurs associations, Bruno Drapron a contacté le parquet de Saintes en 2021 pour ouvrir une enquête sur d’éventuels manquements. Le dossier a été classé fin 2022.
Dans son ultime « lettre du président », Yva Moyon, décédée au printemps dernier, est revenue sur « les attaques de tempêtes à répétition » depuis 2021 : l’enquête après la saisine du procureur ; une pétition intitulée « Stop à la maltraitance et à l’euthanasie abusive à la SPA des Saintes » au printemps 2023 et à la fin de la même année, des accusations de maltraitance et d’abus de confiance rapportées par la Révolution écologique pour le vivant, parti écologiste radical et anti- spéciste. « Tout a été tenté contre Bois-Rulaud, tout a échoué », écrit-elle. « Contre toute attente, le refuge a tenu bon. » La SPA de Saintes, désormais présidée par Mélissa Pontois, survivra-t-elle aux nouvelles règles de gestion de Bois-Rulaud ?
Son directeur depuis trente-sept ans, Laurent Demunter, n’est officiellement pas au courant des intentions de l’intercommunalité saintaise même si « depuis deux semaines, les communes nous disent de passer par l’Agglo ». Le réalisateur est assez irrité. « On sait seulement que le maire de Saintes ne nous aime pas, nous déteste même. Et nous ne savons pas pourquoi. » Pas question de laisser faire. « La SPA des Saintes existe depuis près de cinquante ans. Nous ne pouvons pas être expulsés comme ça. »
Un foyer pour la faune
Quant aux cases qui seraient bien remplies, Laurent Demunter explique comment ça marche. « Depuis cinquante ans, les legs que nous recevons sont répartis en trois parties : rénovation du refuge, liquidités pour combler les trous et investissements dont les intérêts permettent de financer quatre emplois. » La SPA de Saintes emploie 11 personnes, dont six en CDI. Une gestion possible grâce au(x) fruit(s) d’un établissement de près d’un demi-siècle.
Avec cette délégation de service public qui comprendra à la fois le service de la fourrière et le refuge, Bruno Drapron veut fixer les règles et « rétablir un cadre ». Le cahier des charges comportera diverses obligations et nécessitera l’accueil de New Pets, ces NAC qui ne sont ni des chiens ni des chats. Il souhaite également accorder une grande attention aux soins et à l’accueil de la faune.
Si la SPA de Saintes n’est pas maintenue dans son activité à Bois-Rulaud, qu’en est-il des 360 communes (moins les 35 de l’Agglomération, Saintes s’étant déjà éloignée) avec lesquelles elle a une convention de fourrière ? « Nous sommes en train de nous mettre d’accord pour 2025 », répond Laurent Demunter. Dans ce cadre, en 2023, la SPA de Saintes a pris en charge 1 560 animaux : 407 chiens, 773 chats, 364 oiseaux et petits animaux sauvages, 16 « divers » comme des lapins, des cobayes, des moutons et des chèvres.
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