rencontre avec le dieu de la forêt amazonienne

Au cœur d’une des forêts les plus mystérieuses de la planète, la plus grande, la plus inaccessible, parfois la plus hostile, c’est un animal légendaire. Un véritable mythe qui traverse tout un continent.

Sur les millions de kilomètres carrés de l’Amazonie, le jaguar règne en maître. Mais, depuis plusieurs années, ses attaques se multiplient en Guyane contre les chiens et le bétail. Face au plus grand prédateur d’Amazonie, les Guyanais sont contraints de repenser leur rapport à leur environnement et leur place dans la nature.

Regardez ici « Guyane, vivre avec le jaguar » dans son intégralité.

Le roi des félins a toujours fasciné et nourri l’imaginaire des Guyanais. Objet de culte ancestral, mais aussi objet d’étude et d’amour, attraction touristique, il laisse une marque indélébile parmi ceux qui vivent à ses côtés. Pourtant, depuis quelques années, le plus grand félin d’Amérique du Sud incarne un nouveau danger, une menace.

En Guyane, dans la banlieue cossue de Cayenne, le retraité Patrick Faledam connaît, un matin, « lea peur pour sa vie» alors qu’il affronte un jaguar dans son jardin ! La nouvelle s’est rapidement répandue, les autorités sanitaires se sont rendues sur place et l’animal a été anesthésié sous le regard des caméras.

Animal emblématique de la forêt amazonienne, aussi furtif que mystérieux, que fait le jaguar dans une zone habitée ? Cette incursion est loin d’être un acte isolé. Les frontières entre l’homme et le jaguar bougent, deux mondes se croisent au risque de s’affronter.

Ainsi, Yannik Benth, agriculteur, s’est rendu compte que son troupeau de bovins était terrorisé : «les animaux couraient partout, brisant les clôtures« . Son bétail était alors fréquemment attaqué par un jaguar. Il a perdu plus de trente animaux. Après des mois de traque et d’angoisse, il a finalement tué le prédateur.

En 2023, il y aura plus de 200 attaques contre le bétail. Les attaques contre les chiens existent mais ne sont pas recensées en Guyane.

Stéphanie Barthe, Unité Technique et Connaissance

Deux univers se heurtent. Du fond de son ancien jardin, le félin, ancien maître de tout le continent américain, semble interroger les nouveaux propriétaires.

A Aujourd’hui, l’agglomération de Cayenne regroupe près de 150 000 habitants, soit un tiers de la population guyanaise. Les programmes immobiliers s’étendent de plus en plus sur la péninsule et la forêt, autrefois omniprésente, est réduite à des îlots de nature où prospère encore toute une vie sauvage. Combien d’espace reste-t-il à chacun ? ? Comment coexister ?

A Aux abords des habitations, le roi de la jungle le plus rusé serait tel un lanceur d’alerte, dont les intrusions répétées sonneraient comme un avertissement. Pour mieux la comprendre, certains s’efforcent, au quotidien, de mieux la connaître. C’est le cas de Stéphanie Barthe qui travaille à l’Office français de la biodiversité à Kourou. Son service étudie le comportement de l’animal à l’aide de colliers radio et de pièges photo.

Le jaguar est le roi de la jungle, le prédateur par excellence, c’est l’animal qu’on a peur de voir mais qu’on aimerait voir. Il dégage une puissance et une présence qui déclenchent une émotion.

Stéphanie Barthe, Unité technique et de connaissances de l’Office français de la biodiversité

Pourtant, ce prédateur sait se rendre invisible. Face à lui, des éleveurs, des scientifiques, des Amérindiens et toute une nouvelle génération de Guyanais qui souhaitent repenser la cohabitation avec la nature.

Au zoo de Macouria, l’éthologue Margot Traimont s’est longtemps occupée de la star du zoo, le jaguar « Papy » et a consacré beaucoup de temps à étudier le comportement de cet animal décédé en 2023. Elle poursuit aujourd’hui son étude comportementale des le jaguar, avec Tama, une femelle au pelage noir.

Pour les Amérindiens, qui vivent à proximité du fleuve et de la forêt, les rencontres avec le jaguar sont fréquentes. Cette cohabitation étant ancestrale, ils savent quels gestes adopter pour que tout se passe bien avec l’animal, même si parfois, il vole le gibier aux chasseurs.

Le jaguar est un animal sacré, c’est un animal qu’on ne tue pas. Quand on les voit, on s’éloigne. Pour nous tout a une âme, la rivière, la forêt, les animaux.

Nicolas Chaumier, habitant de Camopi

Le lien culturel avec le jaguar est commun à tous les peuples autochtones de Guyane, Teko, Wayampi, Wayana, Kali’na, et autres, tous ont créé une relation unique avec le roi de la forêt. Et si au fil des siècles les Amérindiens ont su organiser la vie avec le jaguar, pour de nombreux Guyanais côtiers il reste cet encombrant voisin qu’on aimerait ne plus voir.

Découvrez ici « Guyane, vivre avec le jaguar » dans son jeintégrité.

Durée : 52 minutes
Réalisation : Thomas Yzèbe
Production :13 Prods et Kanopé Films avec la participation de
France Télévisions
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