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“C’est un procès d’avenir, presque politique”, selon la pénaliste Anne Bouillon

« Qu’allons-nous faire collectivement de la volonté farouche de cette femme de dire qu’au-delà de sa situation individuelle, c’est la société entière qu’elle appelle au banc des accusés ? » demande l’avocate, spécialiste des droits des femmes.

Publié le 25/11/2024 10:43

Temps de lecture : 3min

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Anne Bouillon, avocate pénaliste au barreau de Nantes et spécialiste des droits des femmes, le 25 novembre 2024 sur Inter. (FRANCE INTER/RADIO FRANCE)

“Nous sommes presque dans un procès politique”a déclaré lundi 25 novembre sur France Inter, Anne Bouillon, avocate pénaliste au barreau de Nantes et spécialiste des droits des femmes, alors que le procès pour viol de Mazan s’apprête à entrer dans sa dernière ligne droite avec les mises en examen du parquet.

« Ce qui m’a ravi, si je puis dire, et tout au long de l’audience, c’est la capacité de Gisèle Pelicot et de ses avocats à faire de ce procès un peu ce qu’avait fait Gisèle Halimi en 1978, c’est-à-dire à faire de ce procès un véritable forum et pour nous inciter à ne plus détourner le regard », a expliqué l’avocat. “C’est une épreuve pour l’avenir, c’est une épreuve pour l’espoir : maintenant il faut que les choses changent”a-t-elle insisté, sur l’affaire à résonance internationale jugée depuis septembre à Avignon, où 51 hommes sont accusés d’avoir violé Gisèle Pélicot alors qu’elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari.

« L’espoir qui a été nourri et qui nous interpelle pour l’avenir, c’est qu’allons-nous faire collectivement de cette volonté farouche de cette femme de dire qu’au-delà de (sa) situation individuelle, finalement, c’est la société toute entière qui (elle) convocation à quai, aux côtés de ces 51 hommes »a-t-elle ajouté.

« J’ai été frappé par la recherche du dénominateur commun entre ces 51 hommeselle a continué, ce qui lie tous ces hommes tourne autour d’une croyance qui est imprégnée de l’idée de ce qu’ils sont légitimes. Ce qui les relie tous, c’est cette conviction (…) qu’à un moment donné, dans certaines circonstances, grâce à la vulnérabilité d’une femme, son sommeil, son alcoolisme, avoir accès au corps des femmes comme un sujet désincarné. »a expliqué l’avocat engagé pour la cause des femmes victimes de violences conjugales et d’agressions sexuelles. “Il y a cette idée d’accès libre au corps des femmes qui nous ramène profondément à ce que nous sommes collectivement”, elle a souligné.

« Faisons notre révolution culturelle féministe, revoyons notre matrice et revoyons notre fonctionnement collectif »a argumenté Anne Bouillon. “Et puis, (ce procès) servira à quelque chose”soutenu celui qui a publié Affaires des femmes. Une vie à plaider pour eux (L’Iconoclaste). « Nous opérons tous dans une zone où une rencontre avec un viol est possible »se souvient-elle. “Nous configurons nos interactions sociales en fonction du risque de viol”elle a déploré.

 
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