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il faut maintenir le financement pour la lutte contre la violence faite aux femmes, estime le maire de Longueuil

Inquiété par la hausse de la violence faite aux femmes, le maire de Longueuil implore Québec de maintenir le financement pour la lutte contre ce fléau.

« C’est vraiment dommage de mettre en place des initiatives qui fonctionnent mais qui pourraient échouer. Je comprends que prévenir coûte cher, mais cela coûte beaucoup moins cher que d’agir après un crime », affirme Catherine Fournier.

Elle a décidé de s’exprimer dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes déclarée par l’ONU.

Québec a choisi de marquer les douze jours entre le 25 novembre et le 6 décembre, jour de la tragédie de Polytechnique.

Elle souligne que sur le territoire de l’agglomération de Longueuil, la criminalité a explosé en 10 ans, plus particulièrement pour les délits sexuels, les signalements de pédopornographie et de violence conjugale.

Heureusement, du Québec a investi de l’argent pour aider les forces policières à lutter efficacement contre ces graves problèmes.

“Voici un programme”

Mais ces enveloppes ne sont malheureusement pas permanentes, ce qui nous empêche d’éradiquer définitivement le problème, déplore Mme Fournier.

« En politique, quand il y a un problème, nous créons une solution, nous disons : ‘Voici un programme’ et nous donnons de l’argent pour trois ans. Mais que se passe-t-il après trois ans ? dénonce Mmoi Fournier.

Elle donne l’exemple du programme de type John School, qui permet de détourner des personnes surprises en train d’obtenir des services sexuels.

Un des clients, dès son entrée dans la chambre d’hôtel, juste avant son arrestation, lorsque le Journal participait à une opération client en février 2023. PHOTO : MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

Photo Martin Alarie

Ce projet pilote devrait se terminer au printemps prochain. Mais le maire est d’avis qu’il faut continuer, et même s’étendre partout au Québec.

Il en va de même pour les initiatives mises en place pour contrer la violence conjugale suite à une vague de féminicides dans la province. Des initiatives ont été créées grâce à des financements, mais il ne s’agit pas d’un chèque en blanc et la mesure n’est que temporaire.

Sous pression

« En trois ans, nous ne réglerons pas le problème des violences domestiques. Et s’il n’est pas renouvelé, cela nous met sous pression. Les montants sont élevés, on n’arrive pas à suivre financièrement [du gouvernement]», explique Catherine Fournier.

De plus, en investissant moins de ressources dans la prévention, cela entraînera davantage de crimes.

« Cela coûtera plus cher en ressources policières, les délais seront encore plus longs et nous connaissons l’effet des retards sur les victimes. L’incertitude d’attendre si des accusations doivent être déposées, c’est le pire temps d’attente », dit-elle.

Cibler les clients : répondre à la demande

Depuis le printemps 2022, les policiers de Longueuil ont arrêté 183 clients pour sollicitation de services sexuels. Contrairement à ceux qui ont été arrêtés ailleurs au Québec, certains ont pu bénéficier d’un programme unique leur permettant d’éviter un casier judiciaire. Mais pour y arriver, il leur a fallu accepter de se renseigner sur l’exploitation sexuelle. Ils devaient également participer à des séances de thérapie individuelles.

En février 2023, le Journal a été témoin d’une opération policière avec la SPAL afin d’appréhender les clients qui achètent des services sexuels à des escortes adultes. PHOTO : MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTRÉAL

Martin Alarie / Le Journal de Montréal

Sur les 183 hommes arrêtés, plus de 75 % étaient éligibles au projet pilote (ceux ayant des antécédents de violence sexuelle ou de violence contre les femmes ont été exclus). Et parmi ceux qui ont depuis terminé l’intégralité du programme, huit ont été exclus ou abandonnés.

« Le client est celui qu’il faut cibler. Ce qui crée l’offre, c’est la demande. Il n’y a pas un proxénète qui ferait ce qu’il fait si personne n’achetait son produit», a déclaré Catherine Fournier.

Salons de massage : sensibilisation

“Quand je suis arrivé comme maire, je me suis dit qu’il fallait fermer ça, les salons de massages érotiques.”

Catherine Fournier avoue s’être vite rendu compte que mettre la clé dans la porte de ces établissements risquait plutôt de « déplacer le problème ».

Au lieu de cela, elle a demandé à la police d’aller sur le terrain pour atteindre les travailleuses du sexe et les sensibiliser.

La Revue a récemment assisté à l’une des 15 opérations policières de l’année.


Le Journal a récemment participé à une tournée des salons de massage avec des policiers du Service de police urbain de Longueuil, afin de sensibiliser les travailleurs.

Ben Pelosse / GoM

Dans le cadre du projet Partage, des policiers effectuent des visites de courtoisie dans divers lieux où des services sexuels sont offerts, notamment dans des salons de massage.

Ces derniers s’inquiètent également du nombre croissant de travailleurs d’origine asiatique, au point de craindre qu’un réseau de trafic d’êtres humains soit impliqué.

Le système judiciaire doit être prêt

« Lorsqu’une victime porte plainte, il faut que le système soit prêt », insiste-t-elle.

Catherine Fournier est bien placée pour parler du soutien aux victimes de crimes sexuels. Elle a elle-même dénoncé son agresseur et a dû suivre une longue procédure judiciaire. L’ancien député Harold LeBel a finalement été reconnu coupable par un jury il y a précisément deux ans, soit le 23 novembre 2022.


Tournage du documentaire Témoin CF, du Bureau d’enquête, qui met en scène la mairesse de Longueuil Catherine Fournier, agressée sexuellement par l’ancien député Harold Lebel. LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI

Capture d’écran

Il a été condamné à huit mois de prison.

Catherine Fournier avait entre-temps fait lever l’interdiction de publication de son identité, afin de partager ouvertement son expérience. Sa prise de parole a aidé les victimes à dénoncer à leur tour.

« C’est un processus difficile, mais cela m’a fait découvrir une force que j’avais. Nous sommes plus forts que nos attaquants », ajoute-t-elle.

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