Quelque deux cents réalisateurs et scénaristes de séries et singles publient une lettre ouverte pour demander la création d’une plateforme dédiée aux œuvres télévisuelles.
By Pierre Langlais
Publié le 23 novembre 2024 à 12h35
VCela fait une vingtaine d’années que les séries françaises sont sorties de leur torpeur grâce à des œuvres comme Engrenages, Un village français ou Kaamelott. Comédies ultra populaires (Dix pour cent, HPIetc.) en drames acclamés par la critique (Les Revenus, Sambre, Hippocrateetc.), ils construisent leur histoire moderne, sont récompensés et adaptés à travers le monde – L’Agencela version américaine de Bureau des Légendescommence vendredi prochain aux USA. Pour qu’ils s’imposent pleinement comme une forme artistique reconnue de tous, on ne peut ignorer leurs origines. Il faut connaître leur passé, revisiter les œuvres qui ont marqué l’histoire du petit écran français, prendre conscience des racines de nos séries et de leur évolution.
Deux cent six scénaristes et réalisateurs ont publié une lettre ouverte en ce sens exigeant la création d’une plateforme de streaming dédiée aux œuvres télévisuelles françaises des quarante dernières années. ” Nous déplorons que l’accès à un patrimoine riche de plusieurs milliers d’heures soit refusé aux citoyens. Même si ces œuvres ont toutes bénéficié d’aides publiques apportées par le CNC et qu’une grande partie d’entre elles ont également été financées par le service public au travers de redevances. », écrivent les signataires, dont Anne Landois, ex showrunner d’EngrenagesFrédéric Krivine, co-créateur deUn village françaisMarc Herpoux, co-scénariste de Sambreou encore Rodolphe Tissot, directeur principal de Alors laisse-les tranquilles.
En effet, l’accès à nos séries et singles (ce que nous appelions autrefois « téléfilms ») s’est amélioré ces dernières années, grâce aux plateformes de diffusion (France.tv, TF1+, MyCanal etc.) et banderoles des étrangers comme Netflix et Prime Video, qui achètent ou cofinancent certains projets et proposent de grands succès récents – par exemple, Ne fais pas ci, ne fais pas ça est sur Disney+, Dix pour cent sur Netflix, etc. Salto, projet commun aux grandes chaînes gratuites qui aurait pu répondre à cette demande, a disparu en 2023 faute d’audience. En 2020, l’INA a également comblé un vide considérable en lançant Madelen, une plateforme où l’on peut voir de nombreuses séries des années 1950 à aujourd’hui, dont des « classiques » comme L’île aux trente cercueils, Les Brigades du Tigre, Les saints chéris ou Pause café.
Pour les signataires de cette lettre ouverte, c’est clairement insuffisant. Ils parlent d’un « trou noir dans lequel est actuellement enfouie une partie de notre patrimoine culturel et audiovisuel » et, s’il n’existe pas de plateforme permettant un large accès aux parts et séries fabriqué en France n’est pas créé, à partir d’un ” renonciation coupable [des] professionnels, pouvoirs publics et dirigeants politiques « . Pouvoir revoir, sur une seule plateforme, des centaines d’œuvres de l’histoire récente de la télévision française serait certainement instructif pour rappeler ce que nos scénaristes, réalisateurs et producteurs ont pu proposer, pour le meilleur… et pour le pire, avec le faible point des années 1980-1990, le règne des sitcoms d’AB Productions (Bonjour les muscles, Hélène et les garçons, etc.) et des thrillers formatés de 90 minutes. Ce serait important aussi pour que notre fiction télévisuelle ne souffre pas d’amnésie et continue d’avancer.
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