l’essentiel
Déjà fragilisées par la flambée du coût des matières premières, les boulangeries artisanales s’inquiètent de voir se multiplier les grandes franchises nationales en périphérie des villes. Reportage dans le Tarn.
Ils sont toujours là, ils résistent, mais la concurrence est de plus en plus rude. Dans de nombreuses communes tarnaises, les boulangeries artisanales locales doivent faire face à la multiplication des grandes enseignes de boulangerie-pâtisserie, qui multiplient les points de vente en périphérie sur les axes très fréquentés. Nombreuses places de parking, offres promotionnelles… Ces chaînes redoublent d’imagination pour attirer les clients. Et accaparent les parts de marché des boulangeries de quartier.
“Cela impacte certains commerces du centre-ville, ce sont des usines à liquidités”, prévient Damien Ginestet-Cros, président de la fédération des Artisans Boulangers-Pâtissiers du Tarn. « Nous vendons des emballages. Quand on entre, tout est beau et bien présenté, sauf que la plupart des produits sont surgelés », poursuit-il.
« Une clientèle de passage »
Récemment, la chaîne Feuillette s’est installée avenue de Saint-Juéry à Albi. Un peu plus loin, Marie Blachère a fait ses preuves, tandis que la boulangerie Ange, au sud d’Albi, est idéalement située à côté de la RN88. Ces installations n’ont pas toujours été bien accueillies par les boulangers locaux, déjà fragilisés par la flambée du coût des matières premières. “C’est vrai qu’il est plus facile d’acheter son pain au bord de la route, mais alors il ne faut pas s’étonner que certains fassent faillite”, prévient le président de la fédération tarnaise qui constate “de plus en plus de fermetures de boulangeries”. .
« Je ne suis pas inquiet. Je le serais si ces chaînes venaient à s’implanter en centre-ville», relativise Nicolas Lacote, qui dirige Les Délices de Champollion à Albi. “Ça commence à être beaucoup, mais ces chaînes n’ont qu’une clientèle passagère”, renchérit un confrère.
Face aux rouleaux compresseurs, les petits artisans s’appuient sur une boulangerie de qualité. « Nous avons la chance d’habiter dans un territoire rural avec de bons produits », raconte Nathalie Dersoit, qui a ouvert une boulangerie il y a 6 mois à Albi. Pour ses pains, elle a choisi des produits sourcés et locaux : « Et je prépare à la demande pour limiter le gaspillage ». “Il faut que les gens se posent la question : préfèrent-ils une baguette fraîche du boulanger ou un pain surgelé ?”, ajoute Damien Ginestet-Cros.
« Il faut comparer ce qui est comparable »
« Il est essentiel que nous nous distinguions par la qualité de nos produits, sinon nous serons mangés », insiste Sylvain de la Maison Bega, une boulangerie située à Castres, avenue Charles de Gaulle, à quelques centaines de mètres. de la zone commerciale Siala où est implantée Marie Blachère ainsi qu’une boulangerie Ange qui vient d’ouvrir ses portes.
« Je n’ai pas trop d’appréhension, je pense qu’il n’y aura pas d’impact pour nous. Il faut comparer ce qui est comparable. Tous nos produits sont faits maison, nous misons là-dessus et nos clients viennent pour ça, en fait, c’est ce qu’ils recherchent. Ces chaînes font certes leur pain, mais elles ne font que ça », ajoute Sylvain, qui regrette encore l’époque des boulangeries. « démodé, tenu par le mari et la femme » : « Cela n’existe plus et c’est en partie à cause de ces grandes marques. »
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