l’essentiel
Le préfet Laurent Carrié a fait ses adieux au Gers ce vendredi 22 novembre au terme d’une semaine mouvementée sur fond de mobilisation agricole à Auch. Il évoque ses résultats et sa nouvelle mission avec le président de la République Emmanuel Macron.
C’est lors d’une cérémonie en l’honneur des Gersois lauréats de l’Ordre du Mérite Agricole que Laurent Carrié a fait ses adieux au Gers ce vendredi 22 novembre à Auch. En prélude, le haut responsable toulousain nous a accordé un entretien.
Durant cette semaine de manifestations, nous vous avons vu entrer en contact avec des agriculteurs en colère. Quelles réponses auraient-ils pu leur apporter ?
Sur l’élément déclencheur, le projet de traité avec le Mercosur, un consensus existe au niveau politique national et le Président a déclaré qu’il ne le signerait pas tel quel. Au niveau départemental, on ne peut que relayer l’avis des habitants à ce sujet. Côté agricole, ma priorité a toujours été de veiller à ce que les mesures décidées par l’État soient bien mises en œuvre, dans la pratique. Je ne voulais pas que « l’État local » fasse défaut et la mobilisation des services a permis d’être là. Je pense aux acomptes de la PAC, à la baisse de la taxe foncière sur les propriétés non bâties, aux indemnisations liées aux maladies – grippe aviaire, MHE, etc. – ou encore au soutien à la viticulture.
Vous partez après seulement 15 mois d’exercice dans le Gers, mais après avoir été qualifié de « meilleur préfet de France de tous les temps »…
(Rires) J’apprécie, mais c’est plutôt dû à l’enthousiasme gascon ! Surtout, je reste modeste : je n’oublie pas que Claude Erignac était préfet ici, dans le Gers (avant d’être assassiné alors qu’il était en poste en Corse le 6 février 1998, NDLR). L’essentiel est d’accompagner les personnes et les entreprises, d’aller vers les autres. Une façon de bien comprendre un problème global est parfois d’examiner un cas particulier, de poser un diagnostic et de trouver une solution, ce qui n’est pas toujours celui attendu par la personne.
D’où vos nombreuses sorties sur le terrain ?
Oui, sur le volet agricole comme sur d’autres thématiques. Je me suis fixé pour objectif de sortir tous les jours et d’avoir cette approche au travers de cas individuels, en me demandant toujours : « Pourquoi ça ne marche pas, comment puis-je y remédier ? C’est une méthode de travail apprise auprès d’un Gersois bien connu, Jean Castex, que je remercie pour ses conseils.
Quelle sera votre nouvelle mission à partir de la semaine prochaine ?
J’ai l’immense honneur de rejoindre l’équipe du Président de la République en tant que conseiller en charge des territoires. Je traiterai de la ruralité mais aussi de la politique de la ville, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire. La période est compliquée, mes deux dernières expériences, dans le Gers et à Marseille (préfet délégué à l’égalité des chances des Bouches-du-Rhône, NDLR), me seront très utiles. Et je suivrai évidemment de près l’avancée des projets gersois.
Quelle est la principale réussite que vous retenez de votre passage dans le Gers ?
L’avancée des travaux de la N124, avec un chantier d’envergure respectant les délais. Je l’ai soutenu plus que je ne l’ai poussé, mais c’est un dossier que j’ai suivi de très près. Le budget a été respecté et le transfert de la gestion du projet au Département s’est fait sans problème. Je citerai aussi l’abattoir d’Auch qui, pour une fois, est un projet que j’ai mené de A à Z, en lien avec la structure, les éleveurs et les autorités locales. Ce travail collectif a abouti à l’ouverture cette semaine de la nouvelle chaîne d’abattage multi-espèces, qui est également une fierté.
Quel est votre plus grand regret ?
Je regrette de n’avoir pas vu avancer plus vite le projet de d’Artagnan. Il y avait une belle opportunité (l’achat du Château de Lupiac, NDLR) qui n’a pas pu se concrétiser. Mais les acteurs locaux restent déterminés à le mener à bien et c’est d’un véritable projet de développement dont le Gers a besoin. Il ne reste plus qu’à trouver l’emplacement. Mon successeur* sera également mobilisé sur ce dossier et l’Etat restera un partenaire.
Agriculture : sur les sujets qui préoccupent encore
Durant cette semaine, deux sujets principaux sont revenus sur les lèvres des agriculteurs mobilisés : la trésorerie et la vaccination. « Sur le premier aspect, concernant les prêts garantis par l’Etat, il faut, comme au printemps dernier, rencontrer les banques et les secteurs. Les services y travaillent», assure le préfet au départ. Concernant la vaccination, le dispositif est déjà opérationnel pour la fièvre catarrhale, avec des frais pris en charge par l’Etat. « Pour les canards, une couverture à 70 % est garantie jusqu’à la fin de l’année. Ça marche, il faut continuer. Nous avons été épargnés par la maladie en 2024», encourage Laurent Carrié.
Related News :