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Plusieurs pharmaciens tarnais sont désormais poursuivis en justice suite à « l’affaire Urgo ». Comme leurs collègues d’autres départements, ils avaient accepté divers « cadeaux » en nature de la part de l’entreprise pharmaceutique, en échange de l’abandon de remises commerciales.
L’affaire a ébranlé le milieu pharmaceutique. Géant du secteur, le groupe Urgo, spécialisé dans le traitement des plaies et bien connu du grand public pour ses pansements, était au centre d’une vaste enquête lancée en 2021 par la répression des fraudes.
En cause : des pratiques illégales mises en œuvre par le groupe depuis 2015, visant à accorder des avantages en nature aux pharmaciens français. Une violation « massive » du dispositif « anti-cadeaux » prévu par le code de la santé publique. Concrètement, les vendeurs d’Urgo proposaient aux pharmaciens des récompenses privées en échange de l’achat de produits de marque et de la renonciation à des remises commerciales. Des « cadeaux » qu’ils choisissaient sur un catalogue et dont la valeur correspondait au montant des remises : ordinateurs, meubles, champagne, séjours, etc.
Des pharmaciens condamnés à Albi
Au total, Urgo a versé l’équivalent de 55 millions d’euros d’avantages en nature à environ 8 000 pharmaciens français. Après que le groupe ait été condamné en janvier 2023 à une amende de 1,125 million d’euros, dont 625 000 euros avec sursis, les services de prévention des fraudes ont poursuivi leurs investigations auprès des pharmaciens impliqués. Car accepter ces « cadeaux » constitue aussi un délit.
Dans le Tarn, qui compte 130 pharmacies, plusieurs pharmaciens sont concernés. Trois d’entre eux ont déjà été jugés par le tribunal judiciaire d’Albi depuis début novembre, dans le cadre de procédures de « plaidoyer de culpabilité » (CRPC). Lors de l’audience d’approbation des jugements du 18 novembre, deux pharmaciens d’Albi ont été condamnés à 5 000 € d’amende, dont 4 000 € avec sursis. Ils devront également verser 1 € symbolique au conseil national de l’ordre des pharmaciens, constitué partie civile.
L’un d’eux avait reçu 17 « cadeaux » entre 2015 et 2022, d’une valeur de près de 15 000 euros. Les produits « proposés » par Urgo pourraient être utilisés dans le cadre de l’activité de pharmacien (poufs, téléphones, lampes…), d’autres à titre véritablement personnel : vélo, trottinette électrique, chèques cadeaux pour séjours thalassothérapie, bouteilles d’alcool, bijoux. …
« Piégé » par Urgo ?
Au sein du ressort du tribunal judiciaire d’Albi, 12 pharmaciens sont concernés par des sommes supérieures à 10 000 €, indique la procureure Stéphanie Bazart. D’autres dossiers sont en cours au tribunal judiciaire de Castres.
Contacté par La Dépêche du Midi, Bernard Champanet, président du syndicat des pharmaciens du Tarn, défend la profession et plaide la bonne foi des professionnels de santé. « Le discours d’Urgo, c’était de dire que tout cela était légal. Je suis choqué qu’un laboratoire puisse piéger ainsi les pharmaciens. Selon lui, les produits proposés par Urgo n’étaient pas des cadeaux. « Au lieu de bénéficier de réductions, les pharmaciens avaient droit à des points et pouvaient choisir des produits dans un catalogue qui paraissait totalement officiel. Ils ont acheté ces produits et les ont payés avec leurs remises.
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