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Michel Barnier invente la taxe sur le made in

Le contraste est saisissant. Donald Trump veut promouvoir le Made in America en baissant les taxes sur les entreprises produisant aux Etats-Unis de 21% à 15% et en augmentant les droits de douane sur les importations. Pékin soutient le Made in China en subventionnant certains de ses champions. Berlin promeut la qualité du Made in Germany… Chacun défend les intérêts de son entreprise… sauf la .

Pour boucler son budget 2025, le gouvernement cherche à surtaxer pendant deux ans les entreprises, en ciblant celles qui ont le plus d’activités, d’usines, de salariés et donc de bénéfices en France. L’objectif est d’obtenir 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année prochaine et 4 milliards supplémentaires l’année suivante.

451 acteurs concernés

Concrètement, le projet de loi de finances prévoit en 2025 d’augmenter le taux de l’impôt sur les sociétés de 25 % à 30,15 % pour les entreprises réalisant en France un chiffre d’affaires compris entre 1 et 3 milliards d’euros. Ce taux s’élève à 35,3% pour les entreprises générant plus de 3 milliards d’euros d’activités en France. Destinée à être temporaire, cette surtaxe s’appliquera toujours en 2026 avec un taux réduit à 27,65% dans le premier cas et à 30,15% dans le second. Le journal « Les Échos » a identifié les entreprises qui seront les plus durement touchées et estimé l’impact d’une telle mesure en 2025.

Cette taxe supplémentaire touchera, parmi les 451 acteurs concernés, notamment les secteurs du luxe (à hauteur de 750 millions d’euros pour LVMH et 300 millions pour Hermès), de l’aéronautique (330 millions pour Safran et 300 millions pour Airbus), de l’énergie (500 millions pour EDF). , 150 millions pour Engie), la construction (400 millions pour Vinci, 158 millions pour Eiffage, 110 millions pour Bouygues) ou encore la banque (400 millions pour le Crédit Mutuel, 200 millions pour le Crédit Agricole). A l’inverse, les grands groupes français qui réalisent peu de chiffre d’affaires et donc peu de bénéfices en France, comme TotalEnergies, sont moins concernés par cette surtaxe.

Un constat alarmant

Il est évident qu’un tel choix politique pose question. D’abord parce que, si le gouvernement parle d’une surtaxe temporaire pour deux ans, il est déjà arrivé qu’une taxe temporaire dure. Créée en 1996, la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) était prévue pour treize ans. Mais cela durera au moins trente-sept ans ! Cet impôt au taux de 0,5%, prélevé sur la plupart des revenus des personnes physiques, était destiné, comme son nom l’indique, à résorber la dette de la Sécurité sociale. Il sert désormais à couvrir notre dette Covid, au moins jusqu’en 2033, voire 2042, assurent les pouvoirs publics.

La suite après cette annonce

Ensuite, cette décision n’incite pas les entreprises à investir en France et à s’y développer. Le constat est pourtant alarmant. Entre 1995 et 2015, près de la moitié des usines et un tiers des emplois industriels ont disparu à travers le pays. Sur une période plus longue, même analyse. La part du secteur manufacturier dans le PIB français est passée de 23 % en 1970 à 10 % en 2021. Une relance nationale avait depuis fait naître l’espoir. La réindustrialisation était en marche. Cela n’aura pas lieu.

Le Cac 40 chute de 9% tandis que Wall Street bondit de 10%

Demain, une fiscalité plus stricte sur les entreprises présentes en France encouragera les délocalisations. Cela encouragera les dirigeants à rechercher des sources de croissance plus rentables à l’international. Les investisseurs financiers n’ont pas attendu. Ils ont commencé à quitter la France. suite à l’élection de Donald Trump le 5 novembre et à la perspective d’une baisse des impôts aux Etats-Unis, Wall Street gagne 2% et le Cac 40 perd 2%.

Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin et la forte incertitude budgétaire qui a suivi en France, l’écart s’est encore creusé. Le Cac 40 a chuté de 9% tandis que Wall Street a bondi de 10%. La place parisienne se porte même moins bien que les Bourses allemande, anglaise ou italienne.

Cette mesure gouvernementale crée une injustice flagrante en pénalisant les entreprises françaises les plus responsables. Cela laissera des traces. Il y a urgence à sauver le Made in France.

 
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