« Louis Bielle-Biarrey est incroyablement rapide, n’est-ce pas ? » Scott Roberston est donc la preuve qu’on peut scrupuleusement scruter la scène internationale comme le font les All Blacks pour préparer les tests matches et, malgré tout, se laisser surprendre encore. Au moment de commenter les contre-attaques fulgurantes du XV de France samedi soir, le sélectionneur néo-zélandais semblait encore marqué par la rapidité de l’ailier de l’UBB. Il y a quelque chose là.
Le sprint qu’il a déclenché dès la 51e minute de ce match brutal, pour capter un petit coup de pied de Thomas Ramos à l’issue duquel il a inscrit l’essai qui a relancé les Bleus, s’est répété cette semaine sur les réseaux sociaux. Le tout accompagné d’une statistique : il a été « flashé » à 34,9 km/h. On est encore loin de son petit record personnel (37,8 km/h). Mais ce n’est quand même pas mal avec près d’une heure de jeu à haute intensité dans les jambes.
Louis Bielle-Biarrey est rapide. Très rapide. Et il le sait. « Je pense que j’ai d’autres qualités, mais c’est sûr que la vitesse reste mon super pouvoir », souffle-t-il, reprenant un terme courant chez les membres du staff lors du premier mandat de Fabien Galthié pour désigner les points forts des joueurs.
Arme « finition massive »
Aussi rare qu’éblouissante, sa vitesse maximale est bel et bien une arme de « finition massive » au niveau international. Cependant, sa capacité à reproduire des courses à plus de 36 km/h en match n’est sans doute pas aussi redoutable que sa propension à franchir 10 mètres en moins de deux secondes. Avec un temps record de 1,54 seconde sur la distance. Dans un sport qui favorise l’explosivité, ça fait toute la différence, rappelle Thibault Giroud. « Sur 10 mètres, il fait régulièrement moins de 1’55 », insiste le responsable des performances qui a soigné les Bleus de 2019 à 2023. « C’est le meilleur de la planète. »
Il y a forcément des qualités innées derrière une telle rapidité. Mais pas seulement comme nous le raconte Louis Bielle-Biarrey : « Quand j’étais à Grenoble, il y avait des gens qui intervenaient spécifiquement pour la vitesse. Nous avions des cours pour travailler la vitesse mais aussi la manière de courir. Je l’ai fait de 13 à 18 ans. Bien évidemment, au-delà des qualités naturelles, la technique de course développe la vitesse. »
“Ce n’est pas une perte d’énergie, mais je ne pense pas pouvoir courir beaucoup plus vite maintenant.”
Rien de révolutionnaire, prolonge l’ailier bordelais. Mais suffisamment efficace pour aiguiser son potentiel. « C’était assez simple : c’est parti du gainage, on a fait beaucoup de 1080, une sorte de machine qui vous met de la résistance (NDLR, via un câble). Nous avons également travaillé sur la manière de placer le pied. Après, cela devient plus naturel sur le terrain. »
Franck Copy, entraîneur du sprinteur de l’US Talence Hugo Cerra, apprécie le résultat. « Tous les placements sont assez justes », observe-t-il en rembobinant le sprint gagnant de « LBB » face aux Blacks. « Les genoux sont hauts, la poussée est complète, avec un segment libre en amplitude… Et surtout, à sa vitesse de déplacement maximale, il a continué à allier fréquence et amplitude avec une forte poussée au sol. C’est la biomécanique idéale pour générer de la vitesse, il possède indéniablement les qualités physiques pour « courir vite ». »
“Il ne perd pas de temps”
Combien? Chercher à savoir quel son potentiel lui permettrait de « toucher » sur 100 mètres n’a pas beaucoup de sens par rapport au rugby. On a quand même posé la question à Franck Copy. « Avec le travail, il serait facilement en moins de 11 secondes. Et plus près de 10 secondes. » Même s’il continue de se challenger sur ses chronos, ce n’est pas la priorité de Louis Bielle-Biarrey. “Ce n’est pas une perte d’énergie, mais je ne pense pas pouvoir courir beaucoup plus vite maintenant.” »
Ce qui ne veut pas dire que l’ailier aux 9 essais en 12 sélections a atteint son plafond de verre selon Fabien Galthié : « Il devient un joueur de classe internationale. Peut-être qu’il l’est déjà. Il comprend tout, il ne perd pas de temps. » Voilà encore un autre coach qui l’a remarqué.
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