« Ah oui, c’est du sucre avec du café, là », s’amuse Marie-Paulle Denorme, secrétaire bénévole de l’association Écoloris, en servant un café à Louis Chauvel, septuagénaire de Lesperon et habitué des lieux.
Depuis 2016, cette association d’entraide et de partage occupe la Maison Garbay, située à Luglon. Sur plus d’une centaine de mètres carrés, l’association a créé un espace café, une épicerie, une salle de jeux, une bibliothèque avec, à l’étage, un atelier de peinture et un petit dortoir.
Ce mercredi 13 novembre 2024, c’est Gilles Hébert, président de l’association, qui s’occupe des ventes à l’épicerie alors qu’un cours de yoga vient de se terminer. « La Maison Garbay est un espace de vie sociale, un lieu de rencontres intergénérationnelles », aime à dire Marie-Paulle Denorme. Cette année, l’association Écoloris compte « 65 familles adhérentes et une quinzaine de bénévoles ».
Procédures judiciaires
A la Maison Garbay, nul doute qu’il fait bon se retrouver. Mais cette philosophie d’entraide et de lien social est entre parenthèses depuis avril 2023. « Nous avons reçu, par voie d’huissier, une lettre indiquant que le propriétaire mettait la maison en vente », commence Marie-Paulle. Dénorme.
Jusqu’en 2018, l’association Écoloris occupait la Maison Garbay en signant une convention d’occupation précaire avec Jacques Marchat, alors propriétaire des lieux. « En 2018, nous sommes restés dans le cadre d’une location verbale. M. et Mme Marchat, mais aussi leur fille Brigitte (Amoruso, NDLR), ont signé une lettre indiquant qu’il n’y avait pas de vente prévue à court ou moyen terme”, poursuit Marie-Paulle Denorme.
« Cela fait six ans, le court terme est passé. Nous y sommes déjà à moyen terme. Entre-temps, mes parents sont décédés et ma situation personnelle a considérablement changé», raconte Brigitte Amoruso.
Dès avril 2023, Écoloris avait « dix mois pour quitter les lieux », ajoute-t-elle. Si une procédure judiciaire est en cours, l’association a fait une proposition d’achat à Brigitte Amoruso. « Nous lui avons proposé 220 000 euros, mais elle a refusé », regrette Marie-Paulle Denorme. Et de poursuivre : « D’autant plus que nous avions prévu d’acheter l’autre partie de la maison où nous pourrions avoir une colocation intergénérationnelle. »
Une proposition d’achat
Sur la capacité de l’association à trouver les fonds, les membres de l’association affirment : « Nous pourrions trouver au moins 100 000 euros, mais pour le moment nous avons mis nos efforts entre parenthèses en raison de la procédure judiciaire. »
Interrogée sur ce refus, Brigitte Amoruso a précisé : « C’est plus une question de principe que de prix. Ce service n’est pas adapté aux besoins des Luglonnais. Pour être honnête, très peu de Luglonnais fréquentent la Maison Garbay. Il est clair que cet établissement doit continuer à être un commerce pour pérenniser le village et j’ai trouvé un repreneur qui s’y engage. En cas de désistement de l’acheteur, j’aurai, pour ma part, des projets possibles pour cette maison. »
Qu’en pense la mairie ?
Contacté, François Mussou, maire de Luglon, a donné sa position : « Nous n’avons pas assez de ressources, sinon nous aurions acheté le bien. Cette épicerie pour Luglon reste un formidable service de proximité. Un bar communautaire reste toujours un point de rencontre et d’échange. En effet, même si le village ne fait pas l’unanimité, la Maison Garbay crée du lien et de l’animation au sein du village. Cette activité doit être maintenue. »
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