Ces dernières années, les dégâts causés par le gibier en Indre-et-Loire n’ont pratiquement pas fluctué. C’est en tout cas ce qu’indiquait Henry Frémont, président de la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, en décembre 2023 : « C’est stable depuis deux ou trois ans. En termes de superficies détruites, toutes cultures confondues (colza, blé, tournesol, maïs), cela représente environ 500 hectares. Les dégâts sur l’agriculture sont dus à 50% aux sangliers et à 50% aux cerfs. »
Côté facture, la fédération a donc dû verser aux agriculteurs touchés par ces dégâts 1,3 million d’euros, une somme heureusement en baisse après les sommets atteints au début de la guerre en Ukraine, qui a vu les prix s’envoler. Pour mémoire, la tonne de blé dur s’était élevée à 300 €, contre 190 € aujourd’hui. La fédération a dû débourser plus de 1,7 million d’euros et a tiré la sonnette d’alarme.
Tous les dommages ne sont pas indemnisés
Cette année, les dégâts pourraient être plus importants, estime Quentin Guénault, directeur de la Fédération des chasseurs d’Indre-et-Loire. « Il a beaucoup plu et de nombreuses parcelles n’ont pas encore été cueillies, notamment le maïs et le tournesol. Les dégâts agricoles vont donc probablement augmenter. » Une raison climatique difficile à contrer.
Pour faire face à cette situation, les chasseurs ont déjà mis en place une pression de chasse accrue sur le cerf, mesure dont les effets sont attendus cette année.
Nicolas Sterlin, maraîcher et arboriculteur à Parçay-Meslay, attire l’attention sur le fait que si les dégâts causés par le gros gibier aux cultures sont indemnisés, il n’en va pas de même pour les dégâts causés par le petit gibier. Et s’il n’investissait pas dans des clôtures et des filets, les lièvres (“il est interdit de tirer”) ne laisserait rien de ses haricots verts, carottes, choux… Et c’est sans parler des oiseaux, au premier rang desquels les pigeons et les corbeaux. « Nous avons déjà suffisamment de problèmes et la dévastation devient critique. » Lorsqu’il s’est installé en 1995, “il n’y avait pas tout ça”.
En tant que chasseur également, il croit que« En Indre-et-Loire, il y a des défauts de chasse. Ce qui crée un gros problème de régulation des populations de sangliers et de cerfs. » Pour lui, « La Fed donne des bracelets qui ne sont pas fabriqués. » Et comme il y a moins de chasseurs, il y a automatiquement plus de gros gibier.
Pourtant, comme le souligne Quentin Guénault, l’Indre-et-Loire est l’un des bons élèves de France avec 80 % des bracelets fabriqués.
Enregistrer des échantillons mais insuffisants ?
L’un des territoires de chasse les plus attractifs de France, l’Indre-et-Loire a enregistré des niveaux de récolte records lors de l’assemblée générale des chasseurs du 6 avril 2024 : 3 900 grands cerfs, 9 000 chevreuils et 9 570 sangliers lors de la saison de chasse précédente. Pression maintenue sans que les dégâts semblent diminuer.
De quoi décourager certains agriculteurs qui ont décidé purement et simplement d’arrêter la culture du maïs ou du tournesol… en raison des dégâts causés par le gros gibier.
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