Par
Julien Munoz
Publié le
21 novembre 2024 à 12h31
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Il y a toujours cette sensation de légèreté à voir les bus débarquer à Palais du Luxembourgen marge du Congrès des Maires, Porte de Versailles à Paris. Sous le l’or de la Républiquela beauté des choses ne dissipe pas le colèrechaque fois plus sourd.
Mardi, 5 000 maires, réunis avant le congrès, portaient un foulard noir. Je viens depuis des années et je n’ai jamais vu une telle inquiétude face à la situation. Nous avons atteint un point critique.
Cette rencontre était particulièrement attendue cette année. UN apport de « 5 milliards d’euros » leur est actuellement demandé, soit « 12,5 % des l’effort global d’économies » de 40 milliards d’euros.
LE associations d’élusils évaluent plutôt la facture à 11 milliards d’euros. Tous déplorent un dénigrement de l’action municipale et un désintégration des moyens.
Où bat le coeur
Début septembre 2024l’accusation d’avoir fait diminuer le déficit adressées par les précédents locataires de Bercy avait mis le feu aux poudres. Entre l’obligation de voter pour des budgets équilibrés et une dette stable pendant 30 ansLE reproches aux communautés ça s’est très mal passé.
Dans la capitale, la voix des « petites républiques » de la Manche veut aussi se faire entendre.
L’État est le seul à pouvoir présenter un budget déséquilibré. Pour nous, tout est compliqué. Il y a tellement de paperasse, ça prend trop de temps. En ce moment, il y a des inondations, il faut nettoyer les rivières. Pour ce faire, vous devez créer des fichiers de 30 à 50 pages. Ce n’est pas normal !
Les collectivités ont besoin d’un vent de fraîcheur pour être à la hauteur des contribuables qui leur ont accordé leur confiance. L’investissement est la dynamique des communes, leur capacité à créer du foncier et à peser sur l’activité économique.
Pour équilibrer les budgets, nous réduisons les investissements. C’est toute l’économie locale qui en souffre. “Cette année, nous allons préparer le budget au dernier moment, en fonction de ce que l’Etat nous donne ou nous enlève”, commente Alain Leclère, maire de La Haye.
« Dénoncez le jeu de dupes »
En tant que président adjoint de la Fédération des élus socialistes et républicains, Benoît Arrivé a accueilli mercredi à Paris « 300 élus de gauche ». Il a ensuite participé, avec Olivier Faure et plusieurs maires PS et divers maires de gauche, à un point d’entrée au Congrès. « Nous avons dénoncé le jeu de dupes qui nous est présenté aujourd’hui, estime Benoît Arrivé. Quand j’entends certains sénateurs nous expliquer que deux milliards, c’est moins pire que cinq, je n’accepte pas. Ce sont deux milliards de trop. Les collectivités n’ont pas à compenser les erreurs de gestion et les choix idéologiques de Macron.
Des conditions qui se détériorent
Depuis le début de leur mandatdisent les maires, les conditions d’exercice continuer détérioreren même temps que marge de manœuvre. L’inflation est là.
Je viens de réaliser une salle polyvalente. Entre le début du dossier et l’ouverture, j’ai réalisé 700 000 euros de plus-value sur un montant de 3 millions. Plus révision de prix de 150 000 euros.
De la valeurs positives qui ne sont pas financés par subventions. Résultat, il faut emprunter, et dette monte, pour l’investissement et non pour le fonctionnementcontrairement à l’état. Pendant ce temps, le prime d’assurance explose.
À La Haye, par exemple, elle augmentera de 400 % en 1est janvier 2025. Lorsqu’ils présentent un budget, les maires examinent d’abord recettes sur lequel ils pourront s’appuyer. Si l’argent ne suit pas, le dossier est reporté.
«Jusqu’à présent, lorsque nous reprenons le profession de foi de la campagnenous avons bien avancé, commente Noëlle Leforestier. Je me pose des questions pour l’année prochaine. J’ai une salle polyvalente et un lieu que je souhaite refaire. Mais sans subventions, je ne peux pas. je veux aussi faire sanitaire. Si l’Agence de l’Eau ne donne pas un suivi correct, cela me posera des problèmes… »
« Si la France avait été gérée comme nos communes… »
Pour le Sénat, ce sera deux au lieu de cinq. Gérard Larcher, président de la Chambre haute, a annoncé ce week-end qu’il espérait réduire l’effort budgétaire demandé aux collectivités pour 2025 de 5 à 2 milliards d’euros. Le début de l’examen du projet de loi de finances 2025 (PLF) est prévu la semaine prochaine au Palais du Luxembourg.
« Affaiblir les collectivités locales, mettant en péril leur viabilité budgétaire, c’est fragiliser les services publics et renforcer le sentiment de méfiance que peuvent nourrir de nombreux citoyens », explique Sébastien Fagnen, sénateur PS de la Manche. « Cela met également en danger de nombreuses entreprises. Dans notre département, nous savons combien d’entre eux, notamment dans le secteur artisanal, doivent s’appuyer sur l’investissement public que représentent les collectivités. »
Après des débats houleux à l’Assemblée nationale, qui a finalement rejeté la semaine dernière le volet « recettes » du budget, c’est le texte initial du gouvernement, critiqué de toutes parts, qui arrive au Sénat. Et il compte bien laisser sa marque.
« Un effort sera demandé à chacun, mais je crois qu’il doit être fait par ceux qui le peuvent encore », indique Béatrice Gosselin, sénatrice LR de la Manche. « Et pas sur toutes les communautés exsangues. Quand je vois le Département et son aspect social, il faut le préserver. Il ne faut pas casser ce qui fonctionne. Même si c’est compliqué, il y a des solutions à trouver. »
Vendredi 15 novembre, le Premier ministre Michel Barnier a ouvert la voie à certaines réductions pour calmer la colère des départements, mis sous pression par les dépenses sociales. Il n’a cependant avancé aucune idée précise. Attendu ce jeudi au Congrès des maires, il pourrait tenter, une nouvelle fois, de rassurer. Toutefois, la marge de manœuvre reste limitée. La charge des intérêts sur la dette atteint désormais le niveau du budget des Forces armées.
« Le pays est dans une situation difficile, et il faut se hisser à la hauteur de l’intérêt national », insiste Philippe Bas. « Si la France avait été gérée comme nos communes, elle n’en serait peut-être pas là où elle est. Ce serait une grave erreur de pénaliser les habitants de nos communautés. Ils verraient la cantine scolaire, l’éclairage ou le traitement de l’eau privés de ressources. Nos artisans et entreprises verraient leur situation devenir encore plus compliquée. »
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