Moins d’étudiants étrangers ont choisi le Québec cet automne, déplorent plusieurs universités, qui craignent qu’une tendance s’installe. Ils critiquent entre autres le gouvernement Legault, dont les mesures suscitent « de l’anxiété » chez les nouveaux arrivants sur les campus.
À l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), le nombre d’étudiants étrangers a augmenté considérablement au cours des dernières années. Entre 2020 et 2024, il est passé de 482 à 1 158, soit une augmentation de plus de 140 %.
Toutefois, la hausse n’est plus aussi soutenue, s’inquiète le recteur de l’établissement, François Deschênes, qui constate un ralentissement cet automne.
Sur les demandes d’admission, on constate déjà une baisse marquée
dit-il. On est passé de 3 392 en 2023 à 966 cette année
en date du 31 octobre.
Les nouvelles inscriptions, qui correspondent au nombre d’étudiants étrangers qui commencent leur cursus àUQARa également baissé de 24% en un an.
M. Deschênes y voit, en partie, le résultat des mesures adoptées par l’université.
Nous avons mis en place un ensemble de mesures pour pouvoir identifier le plus précisément possible les étudiants réellement intéressés à venir à l’école.UQARinscrivez-vous et poursuivez vos études
précise-t-il.
Cas frauduleux
et le serrage
Des cas d’abus ont été signalés jusqu’à présent, notamment par le gouvernement fédéral, qui soupçonne les consultants en immigration de suggérer aux étudiants étrangers de faire de fausses déclarations. En conséquence, le nombre d’entre eux revendiquant le statut de réfugié une fois au Canada atteint un sommet.
Selon les données fédérales, plus de 3 000 étudiants étrangers ont demandé l’asile au Québec cette année, dont 210 auUQARce qui en fait l’un des établissements les plus riches du pays.
Pour contrer ce phénomène, l’établissement assure par exemple avoir augmenté ses exigences académiques et celles concernant la maîtrise de la langue française pour l’admission à certains programmes, mais il s’est également donné des outils pour mieux identifier les cas frauduleux
.
C’est sûr que les mesures y sont pour quelque chose
notes the rector, François Deschênes.
Le recteur de l’UQAR, François Deschênes, demande à Québec de ne pas imposer de « plafond » sur le nombre d’étudiants étrangers dans les universités.
Photo : Radio-Canada
Il évoque cependant une autre hypothèse pour expliquer la baisse observée des inscriptions.
Selon lui, les annonces du gouvernement Legault, comme le gel de l’immigration permanente et le projet de loi 74 visant à limiter le nombre d’étudiants étrangers admis au Québec, ont fait leur effet.
Il est évident partout dans le monde qu’en ce moment il va y avoir un resserrement, nous allons stagner. Cela crée donc une incertitude parmi les personnes qui souhaitent venir étudier. Pour ces personnes, cela peut influencer la décision.
Ce constat est partagé par d’autres établissements, qui observent également une baisse du nombre de nouvelles inscriptions d’étudiants étrangers.
À l’Université Laval, par exemple, la baisse est de 21 %.
Les nombreuses annonces gouvernementales de ces derniers mois en matière d’immigration […] sème l’inquiétude au sein de notre communauté étudiante.
On peut s’attendre à ce que les universités québécoises soient perçues comme moins attractives dans les pays où nous recrutons
écrit la professeure Christine Hudon, vice-rectrice aux études et aux relations internationales à l’Université de Sherbrooke, où les nouvelles inscriptions ont diminué de près de 13 %.
Il faut dire cependant que le nombre d’étudiants internationaux était plus élevé qu’à l’habitude en 2023-2024, notamment parce que le gouvernement du Québec avait alors annoncé un programme permettant aux étudiants internationaux de plusieurs programmes de payer les mêmes frais. scolarité que les Québécois
continue-t-elle. Nous avons alors eu un nombre record de demandes d’admission.
Nous craignons que cette tendance se poursuive
répond la porte-parole de l’Université de Montréal, Geneviève O’Meara, qui constate une baisse de 11 % cet automne.
La situation a amené les recteurs de ces universités, venus témoigner à l’Assemblée nationale au début du mois, à affirmer que le projet de loi 74 du ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, ne devrait pas s’appliquer à leurs établissements.
Nous vous demandons d’arrêter d’associer les étudiants internationaux à un problème
a lancé le recteur de l’Université de Sherbrooke, Pierre Cossette.
Le texte législatif permettrait à Québec d’imposer des plafonds sur le nombre maximum d’étudiants étrangers pouvant être admis dans chaque établissement d’enseignement.
Nous espérons ne pas nous retrouver avec une réduction qui pourrait être amplifiée par l’ajout de plafonds
summarizes François Deschênes.
The report by Sébastien Desrosiers
La plupart des étudiants sont confus
Parmi les nouveaux arrivants qui fréquentent le campus deUQAR à Rimouski, une forme d’inquiétude semble déjà s’être installée.
Le moratoire imposé jusqu’au 30 juin 2025 dans le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), volet diplômés, empêche ceux qui termineront leurs études d’ici là de présenter une demande de résidence permanente.
En attendant, que fait-on ?
» demande Rachid Lanignan, étudiant à la maîtrise en gestion de projet. Cela crée de l’anxiété, cela crée du mécontentement.
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Rachid Lanignan, étudiant à la maîtrise en gestion de projet, obtiendra son diplôme en décembre, mais ne pourra pas déposer sa demande de résidence permanente comme prévu.
Photo : Radio-Canada
Cette mauvaise expérience pourrait bien décourager d’autres de suivre ses traces.
On encourage les gens à venir étudier et finalement, on dit qu’on n’a finalement pas besoin d’eux.
ajoute-t-il. Je peux vous dire que la plupart des étudiants sont confus.
Le natif du Bénin, qui obtiendra son diplôme en décembre, vit au Bas-Saint-Laurent depuis trois ans. Il aimerait y rester et même que sa fille, qui aura bientôt 8 ans, vienne le rejoindre.
Pour le moment, mon projet est dans l’eau
se lamente-t-il. Je suis en attente.
Les étrangers étudiant àUQARdont beaucoup sont originaires d’Afrique de l’Ouest, sont francophones à près de 95 %.
Je les vois beaucoup dans mon entreprise
says Jean-Baptiste Gouamené, owner of Marché du monde, himself originally from Ivory Coast. Tous ceux que je rencontre actuellement, c’est le sujet dont nous discutons : quel sera leur avenir ?
Arrivé au Québec en 2002 pour étudier, il a finalement obtenu le statut de réfugié en raison de la guerre civile en cours dans son pays natal. Donc, à une certaine époque, il était aussi demandeur d’asile.
La situation, dit-il, l’a amené obligé de créer les conditions pour rester au Québec
. L’épicerie exotique qu’il a implantée près du centre-ville de Rimouski en 2007 propose aujourd’hui des produits provenant d’une quarantaine de pays, à l’image de la population immigrante dont les rangs ont grossi.
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Jean-Baptiste Gouamené, originaire de Côte d’Ivoire, est arrivé à Rimouski en 2002 pour étudier, puis a fondé le Marché du monde en 2007.
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Il y a certainement beaucoup d’instabilité, dit-il, et je pense que beaucoup commencent à s’inquiéter.
à laUQARla survie de certains programmes pourrait être menacée en cas de réduction significative du personnel international. Par exemple, les étudiants étrangers représentent plus de 80 % du contingent de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER).
Ce sont des gens qui ont tout misé sur le Québec. On avait le choix d’aller en France, on avait le choix d’aller étudier aux États-Unis, on avait le choix d’aller étudier, je ne sais pas, au Mexique, presque partout, mais on a choisi le Canada parce que c’est un pays francophone.
Beaucoup, comme Rachid Lanignan, souhaitent rester, mais ont aujourd’hui l’impression d’être rejetés.
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