Alors que l’accord du Mercosur semble toucher à sa conclusion et les signatures prêtes à être apposées, les agriculteurs français et lozériens s’insurgent contre un accord qu’ils jugent contraire aux valeurs de qualité et de savoir-faire véhiculées par la filière française.
First actions in Lozère
Lors de ce premier week-end de mobilisation, la FDSEA et la JA ont notamment renommé des communes de Lozère par des noms de communes brésiliennes et argentines. Lundi soir, une délégation des FDSEA et JA a été reçue par le préfet de Lozère, Philippe Castanet.
Les syndicats agricoles majoritaires craignent notamment qu’avec la signature de l’accord du Mercosur, « la souveraineté alimentaire de la France et ses attentes en termes de production nationale soient mises en péril ». Et exiger l’arrêt immédiat de toutes les négociations visant à conclure l’accord tant que « des clauses miroir ne seront pas intégrées à l’accord afin de garantir des règles équitables et respectueuses des normes sociales, environnementales et sanitaires françaises ». “Nous avons rencontré le préfet lundi soir pour parler, évidemment, du Mercosur, mais aussi du sujet de la prédation, qui nous préoccupe beaucoup en Lozère”, a détaillé Jean-François Maurin, président de la FDSEA. “Nous souhaitions exprimer notre réel mécontentement à ce sujet.”
Après un an de crise profonde subie par la profession agricole, « les choses n’ont pas changé », souligne désillusionné le président de la FDSEA. « On a l’impression de ne pas avoir été entendus, ni compris. Nous demandons qu’il y ait moins de normes et que nous puissions enfin vivre de notre travail avec une vraie rémunération. Nous ne voulons pas de cette concurrence déloyale. Rappelant que les hormones de croissance ne sont plus utilisées en France depuis 1988, Jean-François Maurin dénonce « l’arrivée imminente de cette viande aux hormones. C’est une aberration totale, et c’est le consommateur qui en paiera le prix », prévient-il. Un avertissement lancé pour alerter sur cet accord qui pourrait « en finir avec le secteur agricole français ». A l’issue de la réunion, les syndicats FDSEA et JA se sont déclarés satisfaits des échanges : « le préfet a promis de relever nos revendications à Paris.
Un accord du Mercosur critiqué
Selon la fédération des éleveurs de viande du grand massif central, « la Commission européenne et les pays du Mercosur souhaitent conclure l’accord de libre-échange avant Noël ». Un calendrier que craignent les agriculteurs. L’accord UE-Mercosur prévoit la libéralisation des échanges commerciaux entre les deux blocs économiques. Une réduction des droits de douane qui pourrait entraîner une augmentation des importations de produits agricoles sud-américains, notamment de viande bovine. En 2019, l’UE et le Mercosur sont parvenus à conclure cet accord d’association commerciale et politique pour établir une zone de libre-échange.
Les éleveurs sud-américains pourraient ainsi exporter 99 000 tonnes de viande bovine par an au tarif douanier préférentiel de 7,5 %. Mais les agriculteurs français craignent cette concurrence accrue, qu’ils jugent déloyale en raison de la baisse des coûts de production et des normes moins strictes dans les pays du Mercosur. Certains de ces États autorisent l’utilisation d’antibiotiques pour les animaux d’élevage et de pesticides interdits en Europe, tandis que leurs réglementations en matière de bien-être animal sont moins strictes que dans l’UE.
Mais un récent audit de la Commission européenne a révélé le manque de traçabilité de la viande bovine brésilienne (notamment la présence ou l’absence de résidus d’hormones interdites au sein de l’UE). Les résultats de l’audit ont entraîné la suspension immédiate par le Brésil de ses ventes à l’UE. Sur 23 médicaments vétérinaires contenant de l’estradiol bêta, 17 sont actuellement autorisés au Brésil et aucun d’entre eux ne porte d’étiquette déconseillant leur utilisation chez le bétail destiné à l’exportation vers l’UE. C’est grâce à une clause de réciprocité ou clause miroir européenne sur les hormones de croissance que l’office alimentaire et vétérinaire a pu découvrir l’absence de leur traçabilité dans certains produits exportés par le Brésil. En imposant les mêmes normes sanitaires, sociales et environnementales aux biens échangés entre les deux parties, l’objectif est d’assurer des conditions de concurrence équitables entre éleveurs.
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