Vviendra ? Vous ne viendrez pas ? Ou ? Quelle heure? Les rumeurs sur l’arrivée en Gironde de membres de la Coordination rurale (CR) du Lot-et-Garonne, réputés pour leur militantisme, ont occupé une bonne partie de la journée du mercredi 20 novembre. Ils sont finalement allés bloquer les entrées. au port de Bordeaux, mais sans leurs homologues girondins, restés à Beychac-et-Caillau.
Les casquettes jaunes du « 47 » ont avalé le bitume une bonne partie de la journée pour rejoindre la capitale régionale. Partis d’Agen en milieu de matinée, à 30 km/h de moyenne sur les départementales, ils assiègent ce soir-là leur objectif : le Port de Bordeaux donc basé à Bassens, où ils choisissent d’occuper deux grands ronds-points principaux. , pour au moins la nuit voire un ou plusieurs jour(s) supplémentaire(s). « On préférerait dormir chez soi, hein », précise Aurélie Armand, directrice du CR du Lot-et-Garonne.
« Concurrence déloyale »
Une cinquantaine de tracteurs, et quatre fois plus d’agriculteurs au total, ont fait le trajet de huit heures, récoltant de nombreux klaxons d’encouragement, notamment dans cet Entre-deux-Mers où les vignes sont arrachées par milliers. ‘hectares. Le choix de l’enceinte portuaire a été décidé au début du mois, ainsi que la plupart des autres grands chantiers ciblés depuis le début de la semaine en France : centrales d’achats et ports pour donner une idée de ce que « notre pays pourrait ce serait si les producteurs n’étaient plus là», affirme le gérant. Le port illustre cette « concurrence déloyale » avec « ces importations de produits en provenance de pays étrangers qui n’imposent pas les mêmes normes que nous ».
Non loin d’un feu crépitant de palettes, un agriculteur de 60 ans appelle au protectionnisme. « Il nous faut un Trump », affirme l’agriculteur basé à la frontière entre Lot-et-Garonne et Dordogne. « Mais il n’y en a pas à Paris… Il faudrait fermer les frontières, vivre de ce qu’on produit et n’acheter à l’étranger que ce dont on a vraiment besoin. »
Du côté du CR 33, la décision a été prise dans la soirée du lundi 18 de bloquer l’accès à la Scasso, la centrale d’achat des magasins Leclerc, à Beychac-et-Caillau. «C’est un site stratégique, qui approvisionne une grande partie des magasins du Sud-Ouest», explique Jean-Paul Ayres, porte-parole du syndicat agricole de Gironde. « Les prix que nous donne Leclerc n’ont pas changé depuis février malgré l’inflation. Mais en même temps, pour le consommateur, cela coûte toujours plus cher. »
“On voit qu’on est soutenus”
Arrivé dans la soirée du mardi 19, un groupe d’agriculteurs y a passé la nuit, suite à la rencontre avec le préfet Étienne Guyot et une dépôt de déchets devant la mairie de Pessac. Ce noyau dur a été rejoint, dans la journée de mercredi, par d’autres membres du syndicat pour atteindre une quarantaine d’occupants. La motivation était ferme, contrastant avec la décision de la FNSEA de n’organiser aucune action avant la semaine suivante, mais l’ambiance restait bon enfant.
« Les gens comprennent que si on n’est plus là, ils n’auront que de la merde dans leur assiette »
Même si l’inquiétude pour l’avenir était palpable, les échanges avec les représentants de la police et de la gendarmerie ont été cordiaux. Nous nous sommes réchauffés autour de trois braseros. Nous avons partagé des collations et des vins d’une cave coopérative à laquelle appartiennent plusieurs démonstratrices. Et il ne se passait pas dix minutes sans qu’un klaxon d’encouragement vienne des véhicules circulant sur la route Bordeaux-Libourne, juste à côté. «On voit qu’on est accompagné», se réjouit Sébastien de Girardi, vigneron près de Saint-Ferme. « Les gens comprennent que si on n’est plus là, ils n’auront que de la merde dans leur assiette. »
Quant à une jonction avec les Lot-et-Garonnais, l’hypothèse a persisté tout au long de l’après-midi, et avec elle, la question de savoir s’ils les rejoindraient devant le site du Scasso, devant l’autre site de la centrale d’achat de Cestas, ou devant la plateforme d’approvisionnement Auchan et Simply Market, toujours à Beychac-et-Caillau. Des incertitudes liées à la circulation, mais aussi à un ensemble de rumeurs, vraies ou fausses, savamment entretenues par le syndicat agricole pour mener des actions en contournant la police.
En début de soirée, une intervention devant la plateforme Auchan et Simply Market était toujours prévue, malgré la présence de quatre véhicules de gendarmerie qui avaient pour consigne de ne pas laisser passer les agriculteurs. Une deuxième nuit devant Scasso a également commencé, bloquant également les véhicules d’un transporteur voisin, que la Coordination rurale soupçonne de travailler pour les magasins Leclerc. « Nous allons y rester encore plusieurs jours. Nous ne sommes pas près d’abandonner. »
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