Comme dans d’autres universités, la mobilisation contre la barbarie israélienne à Gaza et au Liban a repris à Sorbonne Université à la rentrée. A l’initiative du comité Palestine Sorbonne Université, une motion a été rédigée pour être proposée au CA (conseil d’administration) dans le cadre de la mobilisation à Paris-1.
Cette motion dénonce bien sûr les crimes de guerre et la politique génocidaire d’Israël, mais elle vise aussi et surtout à dénoncer les partenariats de notre université avec plusieurs universités israéliennes ainsi que les accords avec plusieurs entreprises complices. En effet, Sorbonne Université a des accords avec des industries directement impliquées dans la vente d’armes à Israël : Safran Défense, Thales et Dassault Aviation. Sous le couvert de « découverte des métiers et insertion professionnelle »Safran est particulièrement actif dans la publicité sur le campus de la Faculté des Sciences. Safran est directement impliqué dans la conception et la vente des drones qui bombardent actuellement le Moyen-Orient. Loin d’être neutre, cette évolution s’appuie sur des recherches universitaires menées par les laboratoires d’intelligence artificielle, d’informatique et de robotique du campus. La mobilisation actuelle vise donc à stopper cette coopération et dénonce la « complicité » de l’université.
Refus de la requête
Dans un premier temps, la présidence de l’université a catégoriquement refusé que la motion soit examinée au CA d’octobre, prenant prétexte de l’avis du collège de déontologie (sous tutelle du ministère de l’ESR) du 22 juin 2024 qui refuse de remettre en cause les partenariats académiques ou industriels pour des raisons politiques, au nom de la « neutralité » (neutralité consistant ici à maintenir le statu quo et la loi du plus fort).
Mais la mobilisation ne lâche pas et lors du conseil d’administration suivant, le 14 novembre, la motion est à nouveau présentée, soutenue par le comité Palestine, les syndicats étudiants Solidaires, Poing levé, SUSIE (branche locale du Syndicat étudiant) et la CGT. Les syndicats du personnel de la , du Sud et de la FSU. Une pétition signée par de nombreux collègues a circulé. Le jour du CA, plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées à Jussieu, et le campus de Clignancourt a été bloqué.
Une motion… mais pas de fin aux partenariats
Cette mobilisation a nécessité que la présidence inscrive ce point à l’ordre du jour du conseil d’administration et a donné lieu à 1h30 de débat. La présidence a refusé de soumettre la motion au vote mais a néanmoins dû tenir compte de la situation. Elle a proposé sa propre motion, reconnaissant que « la situation au Moyen-Orient est une Source d’inquiétude et de peur pour l’ensemble de notre communauté… rappelant l’importance du respect du droit international, et la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable pour rétablir la paix dans la région ». Mais cette motion s’inscrit dans la lignée de la position de Macron, qui place les Palestiniens et l’État d’Israël dos à dos et sur un pied d’égalité. Les élus se sont donc abstenus sur cette motion.
La lutte pour un véritable engagement de solidarité avec la Palestine et la lutte pour mettre fin aux partenariats avec les industriels criminels se poursuivront. La mobilisation doit être massive et durable. Cette complicité doit cesser.
Antoine Boulangé
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