Par
Vincent Guerrier
Publié le
19 novembre 2024 à 13h33
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Projections de films, activités et ateliers en classe, ou en extérieur, avec les étudiants autour du thème « Tisser demain ». Tel est le programme de Migrant’Scène, jusqu’à 8 décembre 2024et proposé par la Cimadeune association nationale de solidarité active avec les personnes exilées.
Dans un communiqué envoyé à la presse le 14 novembre, la branche ornaise du RN a protesté contre cette fête, qu’elle n’a pas nommé. Le parti d’extrême droite indique que la Cimade, qualifiée d’association pro-migrants, organise « une vaste opération de propagande particulièrement destinée aux lycéens d’Alençon (lycée M. de Navarre) et Mortagne-au-Perche (Lycée Jean Monnet). »
Gérard Vienne, candidat aux dernières élections législatives dans la 2e circonscription de l’Orne, rappelle dans ce communiqué la charte de la laïcité à l’école, son devoir de neutralité, et en profite pour s’en prendre à l’éducation nationale.
La mission de l’école est avant tout d’éduquer les étudiants et de transmettre des connaissances.
“Une opération de propagande”
C’est précisément ce qu’estime faire Ludovic Cervera, le nouveau proviseur du lycée Jean Monnet de Mortagne-au-Perche. « Migrant’Scène existe dans l’établissement depuis de nombreuses années sans qu’il n’y ait jamais eu le moindre problème », s’étonne-t-il.
Ce mardi 19 novembre 2024, les étudiants de la section professionnelle et ceux inscrits en option Arts Visuels se rendront au Cinéma Etoile pour voir le film Abou le roi. Un documentaire d’Ariane Doublet, présente sur place, qui retrace le parcours d’Abou, un jeune guinéen qui arrive seul au Havre et le lance dans une formation professionnelle de couture.
Le programme Migrant’Scène
-23 novembre à Alençon à 20h : Concert du Hind Kandaka Band. Soirée de soutien à la communauté soudanaise victimes de la guerre. Concert du groupe de musique traditionnelle soudanaise Hind Kandaka Band, témoignages d’exilés
-25 novembre à 20h30 au cinéma Rex à Sées. Fiction réalisée par Boris Lojkine, décrivant 48 heures de la vie de Souleymane, un jeune Guinéen travaillant comme livreur à vélo à Paris et qui s’apprête à être auditionné par l’OFPRA dans le cadre de sa demande d’asile. Visioconférence avec Nina Meurisse, comédienne.
-26 novembre 2024 à Alençon : programme de 3 courts métrages réalisés par Elsa Duhamel, Saïd Hamich Benlarbi et Sarah Saidan. Lycée Marguerite de Navarre à 16h00 : projection réservée aux lycéens. Médiathèque Aveline à 20h00 : grand public (+ 11 ans) Sur réservation au 02 33 82 46 00. Projections suivies d’un débat en présence des bénévoles de La Cimade.
-28 novembre au cinéma Les 4 Vikings à Flers, à 20h30 Que puis-je espérer ? Documentaire de Raphaël Girardot et Vincent Gaullier. Projection suivie d’un débat en présence d’un des réalisateurs.
-5 décembre à 20h30 à la Cinéferté de la Ferté Macé : projection de L’Histoire de Souleymane. Cinéferté Cinéma jeudi 5 décembre à 20h30 / tarif cinéma. Projection suivie d’une rencontre avec les bénévoles de La Cimade.
-Dimanche 8 décembre à 15h30 à l’auditorium d’Alençon. Théâtre avec Ubu en Afrique. Inspirée d’Ubu Roi et d’Ubu sur la Butte d’Alfred Jarry, cette pièce est interprétée en plusieurs langues par une troupe amateur lavalloise composée d’exilés. Un projet citoyen mis en scène par Jean Luc Bansard.
« Aborder la question de la migration ne signifie pas défendre les migrants. Nous avons une vision complètement laïque des choses. Il faut permettre aux étudiants d’avoir un regard critique sur le monde. » Ludovic Cervera indique que ce projet est mené en lien avec le professeur d’arts plastiques, comme c’est le cas dans d’autres établissements de l’Orne. Un débat a également lieu après la projection, au cinéma de Mortagne-au-Perche.
Aborder la question de la migration permet de retracer des parcours de vie et de travailler des notions complémentaires de géographie. La migration est une réalité. Et surtout, cela fait partie de l’éducation morale et civique.
Un festival présent depuis 2008
Cette polémique suscitée par le Rassemblement national est d’autant plus surprenante que ce festival existe depuis 2008 en France, et au moins 10 ans dans l’Orne. Contactée, la Cimade ne souhaite pas commenter ce communiqué du RN. Elle explique simplement que le festival se déroule actuellement sous les meilleurs auspices, avec du monde présent aux projections.
L’objectif de promouvoir une société inclusive, parlant de justice sociale et de respect de tous. Avec les lycées avec lesquels nous sommes partenaires, nous travaillons parfois avec des artistes pour sensibiliser, débattre et tisser des liens pour demain.
Contenu validé par l’Académie
Le RN, qui dénonce également les subventions publiques captées par la Cimade, indique qu’il va contacter le préfet, les maires, et le directeur des services académiques du département (Daesen). Or, c’est bien l’éducation nationale qui donne son aval à la Cimade pour réaliser ces interventions en classe, après en avoir analysé le contenu (lire encadré).
« Tout sauf de la propagande »
Contacté, Jean-Luc Legrand, le Daesen de l’Orne, confirme que la Cimade est bien agréée pour travailler avec les écoles. Mais à Mortagne-au-Perche, la Cimade n’ira pas en classe. Un débat n’est prévu qu’après la projection du film, en présence du réalisateur. « Le film est diffusé sur France Télévision. Il fait partie d’un programme financé par la Région Normandie notamment, et France 3. Une fiche projet est réalisée avec les enseignants. Ce n’est pas quelque chose de aérien. N’importe qui peut regarder le film et se rendre compte qu’il s’agit tout sauf de propagande. C’est tellement transparent que c’est à la télévision, c’est pour dire… » commente Jean-Luc Legrand.
Cette attaque contre un festival ancré depuis 10 ans sur le territoire, intervient à moins d’un an et demi des élections municipales, où le RN espère conquérir plusieurs communes de l’Orne. Un timing qui n’est sans doute pas anodin.
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