Ce mercredi 20 novembre 2024, la Journée internationale des droits de l’enfant attire l’attention sur les situations de violences vécues par les mineurs. Selon le Département de La Réunion, près de 6 000 signalements d’informations inquiétantes ont été recensés cette année. Un chiffre en augmentation.
Ce mercredi 20 novembre 2024, c’est la Journée internationale des droits de l’enfant. A La Réunion, de nombreuses actions sont prévues autour de cette problématique.
Car sur l’île, la situation n’est pas des meilleures. Depuis 2021, le nombre de signalements de «concernant les informations» se multiplie à La Réunion.
« Des informations inquiétantes »c’est le nom donné à cette alerte qui doit être faite au Département pour tout constat d’une situation mettant en danger la sécurité, la santé ou la moralité d’un mineur, ou compromettant ses conditions éducatives ou son développement physique, affectif, intellectuel ou social, selon le Code de l’action sociale et des familles.
Autrement dit, des situations de violences sexuelles, de violences conjugales, de harcèlement… soupçonnées suite à des propos tenus par un enfant ou encore à des symptômes physiques ou comportementaux.
Rien que cette année, 5 980 « concernant les informations“ont été signalés à la Cellule de recueil d’informations inquiétantes (CRIP) du Département de La Réunion, a informé Jean-Patrick Dalleau, directeur de l’Enfance et des Familles au sein de la collectivité, invité lors de la Matinale de La 1ère. À titre de comparaison, ces signalements étaient au nombre de 5 348 en 2022.
Réécoutez l’invité du Morning Meeting La 1ère : https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/programme-audio/linvite-de-la-matinale-947af7b1-9a23-49b0-9456-748e7a174af7/
“Il y a eu un changement sociétal majeur ces derniers temps. La société est plus directe et plus violente», tente d’expliquer Jean-Patrick Dalleau, réfutant une défaillance du système de protection. Aussi, il lie cette hausse aux efforts déployés pour optimiser l’identification des situations de violence, notamment à travers la mise en réseau avec les partenaires associatifs et institutionnels.
Pour faire face à cette situation, la collectivité a mis en place un plan départemental de prévention et de lutte contre les violences conjugales envers les enfants, avec plusieurs partenaires comme l’Education Nationale ou l’autorité judiciaire.
« Nous disposons d’un certain nombre d’acteurs, d’associations et d’institutions, qui permettent de détecter les enfants en situation de vulnérabilité pour que nous puissions reprendre les éléments et les transmettre au CRIP. (…) C’est un processus d’avancée pour qu’il y ait une vision partagée, pour que ces situations soient détectées et qu’il y ait une qualification. On s’assure donc qu’il s’agit bien d’une information. nous l’envoyons aux services territoriaux d’aide à l’enfance ou de prévention, afin qu’une évaluation puisse être réalisée dans un délai de trois mois. Si des mesures de protection sont nécessaires, nous pouvons contacter l’autorité judiciaire, ou convenir avec elle. parents des mesures de prévention à mettre en œuvre »
Jean-Patrick Dalleau, directeur de l’Enfance et des Familles au Ministère
Mais les moyens sont-ils suffisants ? De l’avis de nombreux travailleurs sociaux, ce n’est pas le cas. Mais “la communauté prend le problème à bras-le-corps et nous faisons de notre mieux pour multiplier les actions de prévention »assure Jean-Patrick Dalleau.
« Les moyens ne seront jamais suffisants. Mais des outils existent et il y a des stratégies d’intervention qu’il faut prendre en compte et le réseautage est important (…) »
Jean-Patrick Dalleau, directeur de la famille et de l’enfance au Ministère
“La communauté a déployé des efforts importants pour diversifier l’offre de garde d’enfants», tient-il également à souligner.
Actuellement, La Réunion compte 850 assistants familiaux pour 2 150 enfants placés. Il existe également des foyers pour enfants à caractère social, qui accueillent un peu moins de 400 enfants, et des foyers départementaux dont la mission spécifique est d’accueillir les situations d’urgence suite aux mesures de placement d’urgence prises par l’autorité judiciaire. .
L’accent doit également être mis sur le soutien aux parents, première pierre du combat pour les droits de l’enfant, note le Ministère.
“La meilleure prévention est le meilleur soutien possible à la parentalité, car elle permet aux parents de prendre les mesures nécessaires pour améliorer la situation de leurs enfants.», souligne Jean-Patrick Dalleau.
Pour libérer la voix des enfants, plusieurs associations œuvrent à La Réunion. C’est le cas par exemple de Femmes Solidaires, qui créent des sketchs autour de situations de violence, et aident ainsi les enfants victimes de violences à identifier ce qu’eux-mêmes ou d’autres enfants de leur entourage ont pu vivre.
Pour Pierrette Mira, directrice de l’association, il s’agit de créer un espace de confiance.
« Les violences sexuelles, on a l’impression qu’il ne faut pas en parler, mais en ramenant la notion de consentement par rapport à l’âge, les enfants comprennent très bien. Nous pensons qu’ils ne le savent pas mais ils le savent mieux que nous »
Pierrette Mira, director of the Femmes Solidaires association
A travers ces ateliers, l’association Femmes Solidaires dit constater les conséquences et traumatismes qui ont pu s’installer, comme des retards de langage, des problèmes de comportement ou un décrochage scolaire. “Les ateliers sont bien pour faire parler les enfants, pour qu’ils puissent exprimer leur souffrance et pour qu’on puisse les orienter vers des professionnels adaptés.conclut le directeur de l’association.
Pour rappel, un numéro gratuit « Enfance en danger », le 119, existe pour signaler toute situation de risque ou de danger, par l’enfant lui-même, ou par tout autre témoin. Il est disponible 24h/24.
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