Une centaine d’Inuits du Nunavut et du Nunavik sont au Québec jusqu’à dimanche pour visiter les vestiges de l’Hôpital de l’Immigration (aussi connu sous le nom d’Hôpital du Parc Savard).
Avertissement : Les informations contenues dans cet article peuvent déranger certains lecteurs.
Utilisé comme sanatorium, l’établissement hébergea des Inuits atteints de tuberculose entre les années 1940 et 1960. Le parcours de guérison est riche en émotions et est une manière de tourner la page.
Mary Tuktudjuk, une aînée de Naujaat, au Nunavut, a fait le voyage avec sa fille Rebecca. Les sanglots dans la voix, elle confie qu’elle a passé toute sa vie à penser à son père, l’un des patients inuit envoyés de force au sanatorium de Québec pour y être soigné contre la tuberculose, il y a plusieurs décennies.
Il n’est jamais rentré chez lui.
Mary Tuktudjuk fait partie des Inuits du Nunavut et du Nunavik qui se sont rendus au Québec pour visiter le site de l’ancien sanatorium de Québec.
Photo : CBC/Rachel Watts
La visite, qui coïncide avec la Journée nationale des peuples autochtones, est organisée par Nunavut Tunngavik (NTI) et la Société Makivvik, les organisations qui représentent respectivement les Inuits du Nunavut et du Nunavik.
Depuis son arrivée à Québec lundi, la délégation a visité le cimetière du mont Hermon, où étaient enterrés les Inuits, le site de l’ancien sanatorium et le port où les familles étaient amenées par bateau.
En juillet 2023, un voyage similaire a eu lieu à Hamilton, en Ontario, où environ 1 200 Inuits atteints de tuberculose y ont été isolés dans les années 1950 et 1960. Certains en portent encore aujourd’hui les traces.
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L’Hôpital de l’Immigration, aussi connu sous le nom d’Hôpital du Parc Savard, a hébergé pendant une trentaine d’années des Inuits atteints de tuberculose. Cette photographie d’archive montre l’établissement en 1908.
Photo : Bibliothèque et Archives Canada
Originaire de Kangirsuk, au Nunavik, Luisa Taqulik sentit ses yeux se remplir de larmes lorsqu’elle aperçut le site de l’ancien sanatorium. Je suis ici parce que mon oncle n’est jamais rentré et apparemment ma grand-mère est enterrée au Québec
elle dit.
Je ressens toutes sortes d’émotions
confie-t-elle, la voix sanglotante. Ils sont morts seuls !
Je ne les ai jamais rencontrés, mais je suis tellement content d’être venu ici. Je suis plus en paix maintenant que je sais où ils se trouvent.
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Ce type de visite au sanatorium de Québec était la deuxième organisée depuis l’an dernier.
Photo : CBC/Rachel Watts
Une histoire horrible et traumatisante
L’association à but non lucratif VoirChangerqui a contribué à la préparation du voyage, espère que cette visite aura aidé les participants à tourner la page.
Le responsable de la santé interculturelle, Naomi Tatty a fait jeudi une présentation de sensibilisation à la tuberculose. Elle souligne que les Inuits, envoyés de force dans les sanatoriums du Sud, n’étaient pas informés à l’avance des soins qu’ils recevraient.
Une fois sur place, dit-elle, les patients sont souvent maltraités et maltraités, tout en étant loin de leur culture, de leur territoire et de leur langue maternelle.
Ces histoires sont enfin entendues après toutes ces années
maintient-elle.
Selon Naomi Tatty, le nombre exact de patients inuits isolés au sanatorium de Québec est incertain, car le travail d’archivage est toujours en cours, mais elle estime qu’ils pourraient se compter par milliers.
C’est véritablement une histoire horrible et traumatisante qui s’est transmise d’une génération à l’autre.
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Selon Naomi Tatty, les Inuits ont commencé à être envoyés de force au sanatorium de Québec dans les années 1940.
Photo : CBC/Rachel Watts
Je n’étais plus connecté à mes parents
Originaire de Kangirsuk, Annie Augiak n’avait que quelques années lorsqu’elle et son frère furent transportés à Québec, à bord du patrouilleur CD Howe.
Lorsqu’elle est finalement revenue chez elle quatre ans plus tard, elle avait perdu l’usage de l’inuktitut, sa langue maternelle.
Je n’étais plus connecté à mes parents
elle s’attriste. Je ne parlais que l’anglais, ce qui m’a fait réaliser que je devais réapprendre l’inuktitut, ma culture et mes traditions.
Annie Augiak a fait le déplacement avec les autres membres de la délégation pour rendre hommage à son frère, aujourd’hui enterré à Québec.
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La délégation s’est réunie jeudi au port de Québec, où les familles ont été conduites à bord du patrouilleur CD Howe.
Photo : CBC/Rachel Watts
52 Inuits enterrés au Québec
La gestionnaire de projet pour Nunavut Tunngavik, Joanasie Akumalik, travaille actuellement pour l’initiative Nanilavut, ce qui signifie trouvons-les
en inuktitut.
L’initiative fédérale vise à identifier les tombes d’Inuits atteints de tuberculose qui ne sont jamais rentrés chez eux après avoir été déplacés de force vers le sud du pays.
Joanasie Akumalik explique qu’à leur arrivée au Québec, les Inuits étaient identifiés par des codes distincts. Identification E5
a été attribué aux Inuits du Haut-Arctique, dit-il, tandis que ceux du Nunavik ont plutôt reçu le code E8
Ou E9
.
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Joanasie Akumalik participe à l’initiative Nanilavut, qui vise à identifier les tombes d’Inuits portés disparus après avoir été envoyés de force dans un sanatorium du sud du pays.
Photo : CBC/Rachel Watts
Il y a environ six mois, il affirme que la Société Makivvik l’a contacté pour lui faire savoir qu’elle avait déterminé que des Inuits avaient été enterrés au cimetière du Mont Hermon, à Québec.
Au total, 52 d’entre eux y sont enterrés, pour la plupart dans des tombes anonymes, selon Joanasie Akumalik.
% des cas, quand on va dans les cimetières où sont enterrés les Inuits, il n’y a pas d’inscription sur la tombe. C’est très difficile », « texte » : « Dans environ 99 % des cas, lorsque nous nous rendons dans les cimetières où sont enterrés les Inuits, il n’y a aucune inscription sur la tombe. C’est très difficile”}}”>Dans environ 99 % des cas, lorsqu’on se rend dans les cimetières où sont enterrés les Inuits, il n’y a aucune inscription sur leur tombe. C’est très difficile
il a dit.
Nous avons également découvert que parfois […] il y a deux, voire trois cercueils dans la même tombe. Ce n’est pas acceptable.
Vendredi, la délégation a inauguré un monument érigé à la mémoire des Inuits qui y ont été enterrés au cimetière Mount Hermon.
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Le mémorial comprend un inuksuk, un homme de pierre, ainsi qu’une liste des 52 Inuits enterrés au cimetière du Mont Hermon, à Québec.
Photo : CBC/Rachel Watts
L’une des rares tombes identifiées est celle de la mère d’Adamie Veevee. L’homme de 73 ans, qui a participé à la visite, est originaire de Pangnirtung, au Nunavut.
Il se souvient avoir ressenti un sentiment de solitude le jour où sa mère Mary, alors âgée de 24 ans, a été contrainte de rejoindre le CD Howe. C’était il y a 67 ans. Il avait alors six ans.
Près de sept décennies plus tard, retenant ses larmes, Adamie Veevee sent qu’il peut enfin honorer la mémoire de sa mère décédée.
Avec les informations de Rachel Watts et Juanita Taylor
Aide et soutien
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Une ligne d’assistance bilingue destinée aux survivants des pensionnats et aux personnes touchées par les pensionnats offre un soutien psychologique et fournit des références pour obtenir de l’aide. Elle est disponible 24 heures sur 24 au 1 866 925-4419.
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La ligne d’assistance téléphonique Espoir pour le bien-être (Nouvelle fenetre)offre une assistance immédiate à tous les membres des peuples autochtones, avec des conseillers culturellement sensibles, par téléphone, au 1 855 242-3310 ou par clavardage. De l’aide est également disponible sur demande en cri, en ojibwe ou en inuktitut.
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La ligne d’assistance téléphonique Kamatsiaqtut du Nunavut (Nouvelle fenetre)offre un soutien 24 heures sur 24 aux Nunavummiut en crise. Le service est offert par téléphone (1 800 265-3333) en anglais et en inuktitut, selon l’heure de la journée.
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