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10 000 Parisiens en moins chaque année… Pourquoi Paris perd-il ses habitants ?

Paris va-t-il continuer à voir ses habitants partir ? Le déclin de la population dans la capitale la plus dense d’Europe, particulièrement marqué ces dix dernières années, continue de bousculer le débat politique parisien. La question revient cette semaine au cœur des discussions au Conseil de Paris, où le plan local d’urbanisme (PLU) qui dessine l’avenir de la ville dirigé par la maire socialiste Anne Hidalgo sera soumis au vote mercredi 20 novembre.

Son ambition : faire en sorte que Paris reste vivable d’ici 2035-2040 en l’adaptant au réchauffement climatique, et là où il est encore possible de se loger, afin de ralentir les départs des classes moyennes et des familles.

10 000 habitants en moins chaque année

Depuis dix ans, 10 000 habitants en moyenne quittent chaque année la capitale, qui compte aujourd’hui près de 2,1 millions d’habitants intra-muros, soit environ 140 000 de moins qu’en 2013, selon les chiffres de l’Insee. Et la tendance devrait se poursuivre. Selon les scénarios, la population de Paris serait comprise entre 1,99 et 2,14 millions d’habitants en 2040.

Pour la droite parisienne, cela ” fuir ” signe en partie le désaveu d’un « Un urbanisme invivable » par trop de « bétonnage ». « On ne respire plus à Paris. Au cours des vingt dernières années, trois millions de mètres carrés supplémentaires ont été créés dans l’une des villes les plus denses du monde. »castigates Pierre-Yves Bournazel (Horizons). A « surdensification » critiqué également par David Alphand, coprésident avec Rachida Dati du groupe Changer Paris. La droite craint par exemple que la surélévation des immeubles prévue par le PLU ne crée « rues canyon » bloquer la circulation de l’air. Autre grief : une politique du logement pénalisante à leurs yeux pour les familles de la classe moyenne, en raison d’un “déséquilibre” croissante entre logements sociaux et logements privés.

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La faute au logement ?

L’exécutif municipal répond qu’au contraire, « la ville n’aura jamais autant investi » dans le logement, un « une bonne nouvelle pour les Parisiens qui ont besoin de plus de logements sociaux et abordables »selon le sénateur Ian Brossat, co-président du groupe communiste. Le déclin de la population s’est poursuivi depuis la période d’après-guerre. « Une tendance de fond liée depuis longtemps à une amélioration des conditions de logement »explique à l’AFP le géographe Martin Omhovère de l’Institut Paris Région.

« Avec l’augmentation du confort, les logements bon marché et surpeuplés ont été remplacés par des logements plus grands et plus chers »résume Jean-Christophe François, maître de conférences à l’université Paris-Cité. De nombreuses petites habitations où les familles étaient regroupées ont fusionné, conduisant à un “dedensification” de l’habitat. Grâce aux rénovations d’après-guerre, des quartiers comme Belleville (nord-est) sont passés « d’une densité effarante à quelque chose de plus raisonnable », décrit le géographe. « La désaffection des familles pour le centre remonte à la fin des années 1960 en raison de la hausse des prix des logements »ajoute-t-il.

Le déclin démographique s’est accéléré dans les années 2010. Une conséquence de la baisse de la natalité au niveau national ? En partie seulement, car si l’on regarde l’échelle de la métropole, “L’Ile-de- reste dynamique en termes de naissances”note Martin Omhovère. La hausse des divorces a également joué un rôle, tout comme la crise du Covid, même si “elle n’a fait qu’accélérer la tendance”adds Jean-Christophe François.

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Le problème des logements inoccupés

Pour ces experts, l’hémorragie est principalement due à l’explosion, depuis les années 2010, des logements dits inoccupés (logements vacants, résidences secondaires et meublés de tourisme). Un revers pour l’attractivité de Paris, comme Londres et New York. Si le nombre de logements n’a cessé d’augmenter depuis le milieu du XXe sièclee siècle, le nombre de résidences principales ne cesse de diminuer, constate l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).

Ce qui contribue à la hausse des prix et réduit les logements disponibles à la location « qui permettent traditionnellement l’accueil des nouveaux arrivants »décrypte l’Apur dans son « Atlas de Paris ». « Avec l’arrivée d’Airbnb, on a perdu 26 000 logements dans les quartiers centraux »a déclaré Anne Hidalgo à l’AFP.

Conformément à la réglementation municipale pour encadrer la location des résidences secondaires, le PLU veut interdire la création de nouveaux espaces dédiés à Airbnb dans les quartiers les plus touristiques (Montmartre, Le Marais…). Mais la marge de manœuvre reste étroite et la mairie attend beaucoup de la législation. Ian Brossat, qui salue les nouvelles mesures de régulation des meublés de tourisme, souhaite désormais une augmentation de la taxe sur les résidences secondaires, “aujourd’hui beaucoup trop faible”. La ville de Paris présentera son plan « Lutte anti-Airbnb » le 28 octobre.

 
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