Plusieurs chercheurs et gestionnaires se sont réunis la semaine dernière à Fès lors de la 4ème édition du colloque international sur la recherche et les pratiques managériales de l’ENCG à Fès. L’objectif est de combler le fossé entre la théorie et la pratique pour booster la performance des entreprises. 78 documents de recherche ont été présentés, soulignant l’importance d’une collaboration accrue entre le monde académique et professionnel.
L’École nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Fès a réuni plusieurs dizaines de chercheurs pour combler le fossé entre recherche et pratiques managériales. Trop souvent, les mondes académique et économique évoluent en parallèle, sans vraiment se nourrir l’un de l’autre. C’est ce constat qui a motivé l’organisation, vendredi dernier, de la 4e édition du colloque international « Recherche et pratiques managériales : Quels apports réciproques ? ».
Pendant deux jours, experts, managers et chercheurs ont exploré les synergies entre théorie et pratique pour booster la performance des entreprises. Organisée par le département Finance, Contrôle et Audit et le Laboratoire LAREMEF (gestion, finance et audit des organisations), en partenariat avec le CNAM de Paris et l’ISEOR de Lyon, la conférence a connu une forte participation avec 78 articles de recherche sélectionnés parmi 96 soumissions. , répartis sur 15 ateliers thématiques.
Relier la recherche et la gestion
Intervenant lors de cette réunion, Abdellatif Eddakir, directeur de l’ENCG Fès, a souligné l’importance de ce dialogue entre recherche et pratique managériale. Il a décrit la conférence comme un espace privilégié d’échange et de partage d’expériences entre professeurs, chercheurs, doctorants, managers et experts. L’objectif est d’explorer les dynamiques complexes qui lient ces deux sphères et de comprendre comment elles peuvent s’enrichir mutuellement dans un contexte économique et technologique en constante évolution.
Eddakir a insisté sur le rôle essentiel de la recherche en gestion pour décrypter les défis actuels et futurs des organisations, tout en reconnaissant l’apport précieux des pratiques managériales pour nourrir et orienter la recherche. Le directeur de l’ENCG a développé l’idée que la recherche en gestion est un véritable levier d’innovation et d’efficacité pour les entreprises.
« Face aux transformations rapides du monde actuel, la recherche académique permet d’analyser et d’anticiper les changements, en proposant des théories et des méthodes pour accompagner l’adaptation, la transformation et l’innovation des entreprises », a-t-il déclaré. souligne.
Des concepts tels que la théorie des ressources et des compétences, le leadership transformationnel ou la gestion du changement, issus de la recherche, influencent directement les décisions stratégiques et opérationnelles des managers.
Recherche-action : un partenariat gagnant pour le management
En contrepoint, Eddakir a souligné l’importance des pratiques managériales comme Source de données et de connaissances pour la recherche. Les managers, confrontés quotidiennement à des problématiques concrètes, offrent aux chercheurs un accès privilégié à des études de cas, des données empiriques et des retours d’expérience qui enrichissent la théorie.
Les situations complexes rencontrées sur le terrain, comme la gestion de l’innovation, la promotion de la diversité ou l’adaptation aux crises, permettent de tester les limites des modèles théoriques et d’affiner leur pertinence. La pandémie de COVID-19 a également été citée comme un exemple révélateur de cette interaction, où les observations et les solutions mises en œuvre par les managers ont ouvert de nouvelles voies de recherche.
Pour Eddakir, l’avenir du management repose sur une collaboration accrue entre chercheurs et praticiens. Il a plaidé en faveur d’approches participatives et intégratives, favorisant la contribution des gestionnaires aux programmes de recherche et garantissant l’accessibilité et l’applicabilité des travaux universitaires aux réalités du terrain.
Des initiatives telles que des doctorats industriels, des laboratoires de recherche en entreprise et des groupes de réflexion communs ont été présentées comme des exemples concrets de cette collaboration renforcée. Cette co-construction des savoirs est selon lui la clé pour développer des pratiques managériales plus agiles, responsables et inclusives, capables de répondre aux enjeux du 21ème siècle.
Encourager les solutions sur mesure pour les entreprises, grâce à la recherche
Laurent Cappelleti, directeur de la Chaire Comptabilité, Contrôle et Audit du CNAM Paris et coordinateur du comité d’organisation, est du même avis, soulignant le besoin des dirigeants et des managers de connaissances génériques, validées par la recherche scientifique, afin de construire des solutions concrètes d’amélioration adaptées aux leurs contextes spécifiques.
Il a illustré ce point par des exemples concrets qui touchent de nombreuses entreprises et administrations. Selon lui, les managers ne recherchent pas des solutions toutes faites, mais plutôt des méthodologies et des outils pour diagnostiquer les problèmes et élaborer des solutions adaptées à leur réalité. Il a insisté sur l’importance des recherches de terrain, ancrées dans les pratiques, pour comprendre les spécificités de chaque contexte et éviter les solutions « prêtes à l’emploi » inefficaces.
De son côté, le professeur Jean-Marie Peretti, de l’ESSEC Paris, a souligné le décalage parfois observé entre la recherche académique et les besoins du monde professionnel. Il a insisté sur l’importance d’associer le monde académique aux professionnels pour mener des recherches pertinentes, ancrées dans les préoccupations actuelles des entreprises et des administrations.
Il a souligné que cette conférence à l’ENCG de Fès s’inscrit pleinement dans cette dynamique, en créant un espace de dialogue et d’échange pour rapprocher la théorie et la pratique du management.
Mehdi Idrissi / Inspirations ECO
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