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avant leur départ, les chaises de Notre-Dame ont été bénies dans les Landes

Des néons à la place des vitraux et un faux plafond en guise d’arches. Et au milieu de l’atelier un évêque. Bienvenue dans la société Sièges Bastiat, basée à Hagetmau. Sans doute plus habitué aux reliquaires et statues religieuses qu’aux perceuses et machines-outils, Mgr Nicolas Souchu, évêque d’Aire et Dax, a officié ce lundi à l’occasion d’une bénédiction pour le moins atypique.

Si l’on sait qu’on peut parfois bénir des cartables ou des animaux de compagnie, il s’agissait cette fois de bénir des chaises et un ensemble de mobilier – bancs, tables de prière et agenouilleurs – destinés à la cathédrale. Notre-Dame-de-Paris qui, après cinq ans de travaux, renaîtra de ses cendres le 8 décembre. Une fabrication 100% landaise à l’exception du bois – le chêne vient de Sologne – et un design que l’on doit à Ionna Vautrin , un designer breton.

Un convoi précieux

« Tout a commencé en février 2023. Quand Ionna nous a appelés pour parler de ce projet, je me suis d’abord assis et j’ai regardé ma femme. Une lourde charge venait de tomber sur nos épaules. Avec toute l’équipe, nous nous sommes lancés vers un objectif majeur : faire une copie la plus propre possible”, raconte Alain Bastiat, le gérant, dans un discours plein d’émotion où il a notamment rendu hommage à son père, Jojo, présent hier soir, qui a fondé l’entreprise il y a soixante ans.

« Il fallait être à la hauteur de ce que représente Notre-Dame »

« Le jour où notre produit a été choisi par l’archevêque de Paris, en juin 2023, la responsabilité était encore plus grande », déclare Sylvain Bastiat, directeur commercial. Il fallait être à la hauteur de ce que représente Notre-Dame. C’est une aventure exceptionnelle que nous avons vécue. »


Sylvain Bastiat, Ionna Vautrin et Alain Bastiat (au micro) ont tenu à remercier les salariés de l’entreprise pour leur implication, ainsi que l’ensemble des fournisseurs landais.

Matthieu Sartre / SO

Depuis, 1 500 chaises ont quitté l’usine Hagetmautien. Un premier lot est prêt à être livré. « Un camion repartira ce mardi matin avec la moitié de la production. L’autre partie quittera Hagetmau le 2 décembre, juste avant l’inauguration », précise le concepteur. Mercredi, elle sera avec Alain Bastiat sur le parvis de Notre-Dame-de-Paris pour recevoir le précieux convoi. Une cargaison soigneusement emballée dans des cartons et sur des palettes.

« Un nœud au ventre »

Au moment de la bénédiction – entre un « Notre Père », quelques signes de croix et chants liturgiques – Mgr Souchu a pris la parole. « Bénir signifie dire de bonnes choses. Et je veux le dire en premier à ceux qui ont conçu et fabriqué ce meuble », a commencé le pasteur. Accompagné du petit-fils de l’entrepreneur, Alexis, 10 ans, qui tenait le seau, l’évêque a aspergé les chaises d’eau bénite à l’aide du goupillon. « Pensez que ces chaises, qui resteront des décennies et des décennies à Notre-Dame, verront des gens de passage, des pèlerins, une foule d’anonymes, et aussi des personnes qui ont des responsabilités très importantes dans de très nombreux pays. »


Les chaises, ici à côté d’un prie-Dieu, sont prêtes à partir pour Paris.

Matthieu Sartre / SO

Un premier pas qui en appelle d’autres. D’abord le convoi, puis l’installation. « Je suis impatiente et un peu stressée, confesse Ionna Vautrin. En attendant que tout soit installé, j’aurai un nœud au ventre. » « C’est un dénouement, sourit Alain Bastiat. Le pire est passé, il ne restera plus qu’à livrer quelques bancs ou tables de prière en février ou mars prochain. Et peut-être recevrons-nous les remerciements ou au moins l’assentiment de l’archevêque. » Il en aura sans doute l’occasion le 8 décembre prochain. Il est en effet l’un des rares à avoir reçu le précieux pass pour assister à l’inauguration.

« Fierté et grands espoirs » : la capitale de la chaise reprend vie

Ce lundi soir, rien n’a été oublié au niveau de l’heure de la parole. Ni la joie de se retrouver pour cet heureux événement, ni les jours sombres qui ont pu assombrir autrefois le ciel d’Hagetmau, capitale de la chaire. Sylvain Bastiat, directeur commercial du groupe, a évoqué dans son discours « les hauts et les bas » qui ont touché les entreprises du secteur à l’heure où la mondialisation entraînait la fermeture d’usines locales. “Cela montre que l’histoire industrielle d’Hagetmau n’est pas terminée”, a réagi la bourgmestre Pascale Requena. Voir partir ces chaises est une immense fierté. Cela marquera considérablement l’histoire de la ville car c’est un morceau d’Hagetmau qui part pour Paris. Nous sommes fiers et, en même temps, cela nous donne de grands espoirs, comme une forme de renouveau. »

 
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