l’essentiel
Ce lundi 18 novembre, deux convois d’agriculteurs ont occupé et déployé des banderoles sur le tunnel de Foix, dans une ambiance bon enfant malgré la colère présente dans les esprits.
« Nous n’avons pas besoin d’être nombreux, si nous mettons trois tracteurs côte à côte, ils ne nous déplaceront pas ! Si en effet huit tracteurs étaient au départ du convoi au Super U de Verniolle, en Ariège, l’un des points de rendez-vous de la manifestation paysanne en Ariège, plus d’une quarantaine d’agriculteurs avaient répondu hier soir de ce côté de l’Atlantique. tunnel. Petit à petit, le rond-point se remplit de voitures et de participants, drapeaux de la FDSEA, qui a lancé l’appel à manifester, bien en main. Le convoi, qui s’élancera finalement vers 19h30, devrait rejoindre un autre convoi en provenance de Saint-Paul-de-Jarrat et bloquer ainsi le tunnel de Foix jusque tard dans la nuit.
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Ce lundi 18 novembre au soir, ils n’avaient quasiment qu’un mot sur les lèvres : « Mercosur », ce traité commercial entre l’Europe et cette zone de libre-échange d’Amérique du Sud, qui regroupe le Brésil, l’Argentine ou encore le Venezuela. «Je ne sais pas pour qui ça va marcher», grogne un éleveur de bovins bio dans la plaine. Si elle entre en vigueur, ce sont nos enfants qui paieront le plus lourd tribut, avec cette viande pleine d’hormones. ce qui peut donner lieu à de nombreux cancers !
De l’autre côté du tunnel, au rond-point Charmille à Saint-Paul-de-Jarrat, les premiers manifestants sont arrivés vers 18h45 sous l’oeil bienveillant des forces de l’ordre. Ils attendent patiemment l’arrivée des premières machines agricoles. Sur place, Kévin Audouy, président des Jeunes Agriculteurs de l’Ariège (JA09), passe en revue les troupes. Pour lui, « si l’accord est signé, on se tire une balle dans le pied. Nous apporterons sur notre territoire une quantité astronomique de viande étrangère de moindre qualité alors que, pour nourrir les Français, nous avons ce qu’il faut.»
Si l’ambiance est bon enfant en cette fraîche soirée, la colère s’échauffe suffisamment pour braver le froid. « Avec l’accord de libre-échange, ils enfoncent le clou. Nous avons déjà du mal à vendre nos produits en France, ce sera pire avec les accords de libre-échange. Il nous est interdit de produire d’une certaine manière et nous allons chercher d’autres produits à l’extérieur qui nous concurrenceront», explique Mathieu Fournié, installé depuis 2017 comme agriculteur spécialisé dans la viande bovine.
Une crise qui s’enracine
Plus largement que l’accord avec le Mercosur, c’est toute une profession qui révèle ici une crise généralisée. « Nous sommes là aussi parce que nous ne pouvons plus supporter tout ce qui se passe en France. Nous ne vivons plus de notre métier, et tout le monde est concerné. Les promesses qui nous ont été faites n’ont pas été tenues”, poursuit Mathieu, qui conclut : “Tout ce que nous demandons, c’est de pouvoir écouler notre production sur notre territoire et de pouvoir en vivre.”
Un an après les mobilisations de l’an dernier, le décompte n’est pas au rendez-vous, ce que regrette Kévin Audouy. « On ne voit toujours pas la couleur des annonces. On nous a promis une simplification administrative, on ne voit rien dans nos exploitations. Seules les réformes sur le GNR (diesel non routier, NDLR) et le contrôle unique ont été respectées”, dénonce-t-il.
A 20 heures, le convoi était prêt à prendre la route ; de l’autre côté, les tracteurs sont déjà sur la RN20, sans trop ralentir la circulation, encouragée par les klaxons des automobilistes passant en sens inverse. En attendant le départ de Saint-Paul-de-Jarrat, Miche, agriculteur de 65 ans, souhaite partager sa colère. « C’est une question de souveraineté, sinon nous nous dirigeons vers une guerre alimentaire. Un pays est fort lorsqu’il est autonome. Nous voulons que les agriculteurs étrangers soient soumis aux mêmes normes que nous.»
Pour lui, cela ne sert à rien d’être plus sévère avec les agriculteurs français et plus conciliant avec ceux qui viennent de l’extérieur, sans oublier le consommateur qui ne serait pas protégé.
Banderoles déployées sur le tunnel
Arrivés au tunnel, les agriculteurs descendent de leurs véhicules et commencent à déployer leurs banderoles. Selon la police, il y aurait près de 90 manifestants à l’entrée sud. Sur place, armés d’une bombe de peinture orange, deux agriculteurs commencent à dessiner en majuscules : « La résistance agricole continue ». Sur la deuxième banderole : « Produits importés, agriculteurs en danger ».
Un camion transportant un tracteur se positionne stratégiquement, tandis que quelques manifestants, équipés de lampes frontales, escaladent la falaise pour atteindre le sommet de l’entrée : une fois le rocher percé pour y installer les fixations, les banderoles sont enfin déployées à flanc de montagne.
Au même moment, un camion plateau déposait les barbecues. Sur une table, une demi-douzaine de personnes, à la lueur de la torche, s’affairent à ouvrir des baguettes pour préparer des sandwichs. Juste à côté, se trouve un atelier de découpe de bois pour alimenter les braises des barbecues. Malgré le froid et le contexte de crise, l’ambiance est conviviale et les sourires demeurent. Vers 23 heures, les présidents de la FDSEA et de la JA de l’Ariège se sont exprimés avant un moment de convivialité autour de barbecues. Le tunnel devrait rester bloqué jusqu’à 6 heures du matin ce mardi 19 novembre.
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