Certains artistes sont de véritables bêtes de scène. C’est le cas de Nick Cave. L’artiste australien était de retour à Paris ce dimanche 17 novembre 2024, aux côtés de The Bad Seeds, à l’occasion de sa grande tournée européenne « The Wild God Tour ». Après plus de 30 shows déjà présentés aux quatre coins du Vieux Continent, c’est à l’Accor Arena de Paris que Nick Cave et ses acolytes ont décidé de terminer leur tournée en beauté. Nous y étions et nous vous en parlerons.
Nick Cave : voilà un artiste qui a su traverser les années avec succès. Depuis maintenant plus de 40 ans, l’artiste australien a trouvé sa place dans notre discographie idéale grâce à un génie indéniable, une créativité sans limite et un talent que beaucoup lui envient. Se faire un nom aux côtés de The Birthday Party, The Bad Seeds, en solo, avec Grinderman, ou encore entouré de son fidèle collaborateur Warren Ellis pour l’album “Carnage“, Nick Cave s’est également illustré à plusieurs reprises dans le monde du cinéma. Le chanteur, auteur et compositeur australien est notamment à l’origine de diverses bandes originales. On pense à la série »Peaky Blinders“, mais aussi aux films”L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford“, “Blond“et plus récemment”Retour au noir« .
Plus Nick Cavec’est aussi cette voix de baryton, reconnaissable entre mille, ses thèmes lyriques récurrents, voire obsessionnels, parmi lesquels on retrouve la mort, la religion, ou encore l’amour et la violence, et cette énergie scénique communicative, incroyablement généreuse et fascinante. Allez voir Nick Cave une fois en live, on prend le risque d’attraper le virus, au point de vouloir revivre le plus de fois possible cette expérience captivante.
C’est en tout ce qui s’est passé pour de nombreux spectateurs présents ce 17 novembre auAccor Arena à Paris. L’artiste australien a donné ce dimanche soir le tout dernier concert de sa tournée européenne.La tournée du Dieu sauvage« . Une grande salle pour le chanteur de 67 ans – sa plus grande salle parisienne à ce jour – que certains fans semblent regretter. Car plusieurs d’entre eux ont déjà eu la chance de le voir dans des salles plus modestes : l’Olympia en 1994, la Mutualité en 2004, le Casino de Paris en 2008, le Zénith de La Villette en 2013 et 2017 et la Salle Pleyel pour « Carnage ». en 2021.
Pour son premier concert auAccor Arènela salle est complète ce dimanche soir. Il y a les habitués et les premiers fans bien sûr, mais aussi la jeune génération et de nombreux étrangers également, principalement anglais.
C’est donc dans une salle comble de l’Accor Arena que Nick Cave et les mauvaises graines arriver vers 20h50 On retrouve sur scène 6 musiciens, dont son frère d’armes, le talentueux Warren Ellismais aussi Colin Greenwood de Radiohead, ainsi que quatre choristes, vêtus d’une toge gospel à paillettes.
Comme toujours, le dandy Nick Cave est tiré à quatre épingles : veste cintrée, chemise et cravate, chaussures en cuir parfaitement cirées et cheveux lissés en arrière. Les premières notes de « Grenouilles » résonnent alors dans la salle. Vous n’aurez pas à attendre longtemps pour voir Nick Cave prendre possession de la scène avec passion. Incroyablement charismatique et proche de son public, le chanteur part rapidement à la rencontre de ses fans, situés aux premiers rangs. Les mains des spectateurs sont tendues vers l’artiste qui n’hésite pas à les toucher et à en serrer chaleureusement plusieurs. Le show vient à peine de commencer et certains fans sont déjà en admiration devant la tornade Nick Cave.
Le chanteur et The Bad Seeds enchaînent avec le single « Dieu sauvage », le titre éponyme du dernier album aux allures de chant gospel. Nick Cave puis s’improvise en prédicateur, martelant plusieurs fois » Abaissez votre esprit ».
Mais la masse se transforme petit à petit et devient beaucoup plus rock et explosive, quand Nick Cave et ses acolytes entonnent l’entêtant « Ô les enfants », avec Warren Ellis jouant du violon debout sur une chaise, suivi du sensationnel « Rue du Jubilé « . Extrait de l’opus «Repoussez le ciel” (2013), cette chanson parle d’une fille nommée ” Abeille », explique Nick Cave, également merveilleux conteur lors de ses concerts, partageant des souvenirs parfois douloureux et tendres.
Après quelques notes jouées au piano, Nick Cave fait monter progressivement la température avant d’exploser de rage. Il se lève et crie dans son micro. En passant d’un côté à l’autre de la scène, le chanteur regarde ses fans droit dans les yeux. Le micro s’envole, et le public entre alors en transe. Désormais, la bête se déchaîne et cette intensité restera palpable encore un moment. Et pour cause, le groupe continue son set avec l’excellent ” D’elle à l’éternité « . Là encore, Nick Cave saisit les mains des spectateurs des premiers rangs, allant même jusqu’à se pencher devant eux, puis à s’agenouiller sur scène. Bien plus qu’un simple chanteur, Nick Cave fait partie de ces rares artistes qui incarnent parfaitement ses chansons. Son visage anguleux grimace. On peut alors lire la colère puis la souffrance. ” Pleure, pleure, pleure », répète-t-il à plusieurs reprises devant un public captivé et fasciné. Plusieurs d’entre eux lui ont d’ailleurs offert des fleurs ce dimanche soir. Nick Cave recevra même une sorte d’animal en peluche. ” Je ne sais pas ce que c’est. C’est moi » ? » dira-t-il d’un ton amusé.
Plus Nick Cave sait aussi passer de la fureur à la mélancolie en quelques secondes seulement. La preuve, quand les douces notes de l’émouvant” Longue nuit sombre », suivi du sublime « Chevaux à la cannelle « . Il y a aussi ce moment suspendu dans le temps avec le poignant » Chevaux brillants », où la voix de Nick Cave, mêlée à celles des chanteurs et de Warren Ellis, se balançant dans son fauteuil, nous touche au plus haut point. On n’oublie pas » J’ai besoin de toi », joué en solo par Nick Cave au piano. Un titre qu’il dédiera à son épouse Susie, présente dans la salle.
Mais le son puissant du rock revient vite au galop, notamment avec deux vieilles chansons de Nick Cave et les mauvaises graines : « Main droite rouge », extrait de «Laisser entrer l’amour» (1994), puis « Le propitiatoire » qui apparaît sur «Proie tendre» (1988). Il n’en faudra pas beaucoup pour faire monter encore d’un cran la température à l’Accor Arena, au point de pousser Nick Cave à retirer sa cravate.
Et Nick Cave attire toute l’attention, Warren Ellis impressionne également. Le multi-instrumentiste australien, qui vit en France depuis de nombreuses années et paie ses impôts en France, a-t-il plaisanté ce soir-là, a cette présence indéniable mêlée à cette désinvolture assumée. Et entre Nick Cave et Warren Ellis, la complicité est évidente et belle à voir.
Avant de quitter la scène, Nick Cave et les mauvaises graines choisir d’interpréter la pièce “ Éléphant blanc », extrait de «Carnage« . Pour l’occasion, les chanteurs sont invités à descendre de leur scène et à rejoindre le devant de la scène, pour être au plus près du public, aux côtés de Nick Cave, fier d’être si bien accompagné lors de cette tournée.
Chaleureusement applaudie, la troupe quitte la scène. Mais le spectacle n’est pas encore terminé. Parce que Nick Cave et ses acolytes reviennent pour un seul rappel de quatre titres. Le set reprend ainsi avec le entêtant « O Wow O Wow (Comme elle est merveilleuse) », dédié à Anita Laneancien membre de The Bad Seeds. Pour rendre hommage à l’auteur australien, décédé en 2021 à l’âge de 61 ans, des images sont projetées sur l’écran en fond de scène, accompagnées d’un extrait sonore où l’on retrouve la voix de l’artiste. Profondément beau et émouvant.
Retour vers le passé à nouveau avec la dynamique » Papa ne te quittera pas, Henry », suivi de l’inévitable « La chanson qui pleure « . Comme un vrai chef d’orchestre, Nick Cave lance une vague de bras levés dans la fosse, applaudissant frénétiquement et en rythme. Pendant ce temps, Warren Ellis, armé de son violon, s’agite sur sa chaise. La communion est totale.
Après tant d’énergie déployée et de sueur partagée, Nick Cave choisit de terminer ce set flamboyant et mémorable d’environ 2h30 en interprétant en solo et au piano le sublime « Dans mes bras « . Le public, toujours captivé, reprend chœur en chœur » Dans mes bras, oh, Seigneur. Dans mes bras « . Nick Cave semble ému, et nous touche en retour.
C’est sur les belles paroles de ce titre remarquable que le poète Nick Cave décide de nous quitter, avec ce sentiment collectif de joie, de tristesse et d’espoir, et cette furieuse envie de retrouver Nick Cave et les mauvaises graines vivre au plus vite à Paris !
Setlist
Grenouilles
Dieu sauvage
Chanson du lac
Ô les enfants
Rue du Jubilé
D’elle à l’éternité
Longue nuit sombre
Chevaux à la cannelle
Tupelo
Conversion
Chevaux brillants
Joie
J’ai besoin de toi
Carnage
Dernière tentative de sauvetage
Main droite rouge
Le propitiatoire
Éléphant blanc
Rappel
O Wow O Wow (Comme elle est merveilleuse)
Papa ne te quittera pas, Henry
La chanson qui pleure
Dans mes bras
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