Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 a été présenté en Conseil des ministres le 10 octobre, à l’issue d’une procédure budgétaire marquée par un contexte inédit. Quelle a été votre réaction ?
Ian Brossat : C’est un budget catastrophique pour les familles à faibles revenus et les classes moyennes. En réalité, le truc que l’on voyait venir se dessine de plus en plus clairement.
Depuis sept ans, Emmanuel Macron multiplie les cadeaux fiscaux au profit des plus riches et aujourd’hui, pour faire face au déficit qu’il a lui-même créé, le gouvernement demande aux travailleurs de payer la note.
Le 12 novembre, après de longs débats, l’Assemblée nationale rejette, à une large majorité, le volet « recettes » du PLF, profondément remanié par la gauche. Quel sera l’enjeu pour vous au Sénat ?
A l’Assemblée nationale, les députés de gauche ont démontré qu’il est possible de combler une partie des déficits sans s’en prendre aux classes populaires et moyennes.
Au cours de ces débats, notre obsession a toujours été de préserver les services publics et de lever de nouveaux revenus auprès des grands capitaux et des grandes entreprises.
J’espère qu’au Sénat tout sera fait pour préserver, au moins en partie, les avancées pour lesquelles la gauche s’est battue. Et nous lutterons étape par étape pour éviter le scénario catastrophe construit par le gouvernement.
Il n’est pas question d’accepter des sacrifices supplémentaires pour le monde du travail. Que les travailleurs, ceux qui produisent la richesse de notre pays, soient davantage utilisés.
Le 21 octobre, les députés RN ont rejeté plusieurs amendements de gauche visant à abroger le réforme des retraites. Ils ont ensuite défendu leur propre proposition. Qu’en penses-tu?
Depuis deux mois, le RN a montré son vrai visage. Les députés militent pour la retraite à 60 ans, pour le pouvoir d’achat des travailleurs, et en réalité, ils soutiennent le gouvernement ultralibéral de Michel Barnier.
J’espère que tous ceux qui ont voté pour le RN en imaginant qu’il soutiendrait les revendications du monde du travail voient désormais à qui ils ont réellement affaire.
Les socialistes ont assuré qu’ils profiteraient de la première journée réservée à un groupe de gauche pour voter un projet de loi visant à abroger la réforme des retraites. La soutiendrez-vous ?
Bien sûr. Nous avons participé à toutes les mobilisations contre la réforme des retraites, et nous soutiendrons toutes les opportunités qui nous permettront de revenir sur ce texte, voté contre l’avis d’une écrasante majorité des Français.
Il y a un déni de démocratie qui n’a que trop duré, et s’il y a des économies et des sacrifices à faire dans ce pays, ce n’est certainement pas dans le monde du travail.
Vous avez récemment déposé un projet de loi visant à permettre aux municipalités qui le souhaitent d’interdire la circulation des VUS dans les rues. Quels territoires seraient concernés ?
L’idée est de permettre les grandes agglomérations qui le souhaitent, sur la base d’une décision du Conseil communal, interdisent la circulation des SUV de plus de 1,8 tonne.
Ces dernières années, nous avons assisté au développement de véhicules de plus en plus lourds. Or, toutes les études montrent qu’ils sont généralement plus accidentogènes et qu’ils génèrent plus de pollution.
Il ne s’agit pas de prendre une décision unilatérale partout, il y a des territoires où on a besoin de SUV. Mais dans des zones denses comme Paris, on peut se poser la question de l’utilité sociale de tels véhicules.
Le 5 novembre, Donald Trump est élu 47e président des États-Unis. Après avoir arraché le Sénat aux démocrates, les républicains ont également conservé leur majorité à la Chambre des représentants. Bonne ou mauvaise nouvelle pour l’Europe ?
C’était une menace qui était là. Donald Trump avait déjà démontré sa capacité à gagner en 2016. Nous ne sommes pas à l’abri en France d’une victoire de l’extrême droite, comme le démontrent les élections législatives.
Heureusement, contrairement à tous les scénarios prévus, nous avons réussi à l’empêcher. On connaît désormais le vrai visage du RN et tous ceux qui lui faisaient confiance ont été trahis.
En mars dernier, le Parti communiste français a refusé de signer l’accord bilatéral de sécurité entre la France et l’Ukraine. Quelle est la situation aujourd’hui (après l’élection de Donald Trump) ?
Je pense que les efforts de la France doivent être concentrés sur la construction d’une perspective de paix. Cela suppose qu’elle consacre au moins autant d’efforts à la construction d’une diplomatie de paix qu’à la fourniture d’armes.
La priorité pour nous est le cessez-le-feu et non la prolongation ad vitam aeternam d’un conflit destructeur. Pour le reste, il est très clair qu’il y a un agresseur, la Russie de Poutine, et un agresseur, l’Ukraine.
Nous avons toujours construit la paix avec nos ennemis. Nous devons discuter avec tous pour esquisser une perspective de paix sur la base d’un équilibre des forces garantissant l’intégrité de l’Ukraine et le respect du droit international.
Ces 16 et 17 novembre se déroulent les Journées d’automne du Parti communiste français 82. Votre présence à Montech est-elle également destinée à préparer les élections municipales de 2026 ?
Il y a un climat social bouillant avec le mouvement paysan qui s’apprête à démarrer, la journée de mobilisation des fonctionnaires… Et les perspectives électorales qui se dessinent (législatives anticipées, municipales).
Quant aux élections municipales, j’espère que la gauche remportera le plus de villes possible. Et cela suppose que nous nous présentions unis sur le plus de territoires possible.
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