Ensablé et surtout trop pollué, l’avenir de l’étang de Carcraon, au sud de l’Ille-et-Vilaine, est menacé. La fédération départementale de pêche réfléchit à une solution radicale pour limiter les dégâts environnementaux : gommer le plan d’eau. Une piste qui suscite la colère des pêcheurs locaux et des riverains.
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À première vue, c’est un petit coin de nature au cœur du pays de Vitré en Ille-et-Vilaine. Aux portes de la Mayenne, Domalain, l’étang de Carcraon et ses 91 hectares, est un lieu prisé des pêcheurs et des habitants locaux.
Mais cet étang pourrait bien disparaître d’ici 2025. En cause, son état écologique catastrophique. Les cyanobactéries y prolifèrent et il y aurait 4 m de limon accumulés sur 5 m de profondeur, selon leun fédération zone de pêche d’Ille-et-Vilaine.
Surtout, l’étang de Carcraon fait partie des 37 sites bretons pollués par les PFAS, “polluants éternels« qui sont utilisés dans la fabrication de textiles, d’ustensiles de cuisine ou de cosmétiques.
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Une famille de particules constitué de plus de 4000 substances chimiques, dont une vingtaine peuvent provoquer des cancers, des maladies cardiovasculaires ou encore une diminution de la fertilité et qui persistent de nombreuses années dans l’environnement.
La pollution révélée par le quotidien Le monde en février 2023. L’enquête, menée depuis près d’un an, avec 17 médias partenaires, a révélé l’existence de 17 000 sites contaminés dans toute l’Europe… dont l’étang de Carcraon.
Alertée par les services de l’État de la dégradation de la qualité de l’eau, la Fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine, principal propriétaire du plan d’eau (75 %) avec l’association gauloise Guerchaise (à 25 %), envisage désormais de gommer le plan d’eau pour restaurer la biodiversité.
Alors que l’étang est traversé par la rivière Seiche, Jérémy Grandière, son président, estime que le risque sanitaire est trop grand.
« La masse d’eau dégrade tout l’environnement qui l’entoure.il explique. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. L’eau du robinet vient de nos rivières, de nos étangs.
Alors l’étang va-t-il disparaître ? Le pL’option privilégiée par la fédération de pêche serait de restaurer le site dans son état naturel, soit une rivière et quelques plans d’eau. Là La décision devrait être prise en 2025 et suscite l’inquiétude des riverains et des pêcheurs, notamment des habitués du 168″.planches», cabanes privées qui bordent l’étang.
Michel Reussard est propriétaire de l’un d’entre eux. Chaque jour, il y vient profiter de la nature et pêcher silures, perches, carpes, brèmes et gardons. Malgré cette pollution, il continue même de manger du sandre et du brochet lorsqu’il les pêche.
Mon désir premier est la restauration du plan d’eau, mais aussi que les activités perdurent, comme la chasse et la pêche.
Jérémy GrandièrePrésident de la fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine
“Dans les années 60, on s’y baignaitse souvient le pêcheur. Maintenant c’est ensablé, mais c’est comme partout, la Vilaine, la Rance sont ensablées aussi. Des polluants éternels, nous en avons sûrement, mais c’est pareil, ils sont partout. Alors pourquoi vider cet étang ? Plus d’étang, plus de pêche.
“Je n’ai jamais dit qu’il n’y aurait plus d’eau là-basessaie de rassurer Jérémy Grandière. Mon souhait premier est la restauration du plan d’eau, mais aussi que les activités perdurent, comme la chasse, la pêche et que les gens puissent s’y promener. Il y aura donc toujours une zone humide.“
Yvon Lintanf chassait autour de cet étang. Il n’est pas contre la suppression de l’étang, mais regrette que nous le soyons »je suis arrivé là à cause d’une mauvaise gestion« Selon lui, les eaux sont maintenues à un niveau élevé, ce qui empêche la circulation de l’eau, la croissance de la végétation et favorise l’envasement.
Le maire de la commune de Domalain où se situe l’étang, Christian Olivier, avoue avoir été surpris par cette annonce. Il attend surtout de connaître les différents scénarios possibles, mais considère que «l’effacement total de l’étang serait une perte patrimoniale pour la commune« .
Plusieurs pétitions ont déjà rassemblé près de 3 000 signatures.
Une première réunion publique est prévue le 3 décembre à Châteaugiron pour tenter de trouver une solution unanime.
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