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XV de – «Quand j’étais jeune, je m’en foutais de marquer», révèle Louis Bielle-Biarrey

Auteur de son neuvième essai international samedi, en seulement treize sélections, Louis Bielle-Biarrey fait partie des hommes en forme chez les Bleus, dont l’incroyable vitesse de course a même stupéfié Scott Robertson. Dimanche après-midi, l’ailier a accepté de revenir sur cette folle soirée et sur sa progression personnelle.

Comment vous sentez-vous au lendemain d’une victoire contre les All Blacks ?

Déjà, nous sommes très heureux et surtout très fatigués (sourire). Après, battre les All Blacks n’est jamais anodin, d’autant qu’ils restent sur un bon parcours après avoir dominé l’Angleterre à Twickenham et l’Irlande à l’Aviva Stadium. Il y a donc de quoi être fier.

Le succès contre cette nation unique est-il un rêve d’enfant ?

Oui. Déjà, jouer contre la Nouvelle-Zélande, voir et expérimenter le haka, c’est exceptionnel. Donc, au-delà de ça, gagner au Stade de dans ces conditions, devant 80 000 personnes, c’était vraiment le meilleur. Je suis heureux d’avoir vécu ce moment.

Et le haka de près, alors ?

C’était une première pour moi. Et peu importe à quel point nous nous y préparons mentalement, ce n’est pas neutre. J’avoue que c’est un peu déroutant !

Après le match, beaucoup parlaient d’un acte fondateur, un peu à l’image de la victoire contre les All Blacks en novembre 2021…

Oui, je l’espère. On s’était dit, depuis le début de cette tournée, qu’on se tournait désormais vers 2027. Pour vouloir être prétendant au titre lors de la prochaine Coupe du , il faut être capable de battre les grandes nations mondiales. Et c’est quelque chose que nous avons fait samedi. C’est pour ça que j’espère que ce sera un acte fondateur, mais il faudra le confirmer vendredi face à l’Argentine, qui est en très bonne forme.

Nous y reviendrons. Mais avez-vous ressenti le besoin de laisser derrière vous cette année 2024, jusqu’ici très inconstante ?

C’est vrai que 2024, entre le Tournoi des 6 Nations qui avait été mixte et la tournée estivale où il ne s’agissait pas que de sport… Il fallait se rassurer sur notre rugby. Avec ces trois matches en France, c’était l’occasion parfaite. Il faut poursuivre sur cette lancée.

Vous avez également insisté sur l’idée d’un nouveau cycle et d’une nouvelle dynamique…

Parce que nous voulons gagner en équipe de France. Cela passe par des petites victoires, comme contre le Japon, où on est rassuré. Et avec de gros succès, comme contre les All Blacks. Même si on a vu ça, même si ça s’est bien passé, c’était un peu compliqué à la fin. Il y avait une pénalité pour l’un, l’un pour l’autre. L’équilibre est encore un peu fragile mais il est toujours plus facile d’œuvrer vers une victoire.

En effet, l’impasse a tourné en votre faveur. Que représentent à vos yeux ces dernières minutes, durant lesquelles vous avez été impressionnant en défense ?

Ils sont importants dans notre construction. Et ce que je trouve satisfaisant dans ce match, c’est que les finisseurs ont réussi à inverser la tendance. En première mi-temps, nous avons été mal gérés, avec aussi quelques erreurs tactiques et stratégiques. Voir le banc arriver et nous faire gagner clairement le match est très positif. On sait qu’on peut compter non pas sur quinze, mais sur vingt-trois joueurs dans ce dossier.

Avez-vous eu des doutes en première mi-temps ?

Personnellement, un peu… Mais, quand tu regardes tes coéquipiers et que tu vois tous les dirigeants sereins, comme Antoine (Dupont)Greg (Merde) ou Gaël (putain de)cela vous aide à l’être aussi. Ensuite, vous appliquez le projet et vous vous mettez dans leurs roues. C’est vraiment rassurant de jouer avec des gars comme ça, car ils permettent de ne jamais vraiment douter.

Quand avez-vous eu l’impression que vous alliez renverser la table ?

Quand on a marqué l’essai sur un maul en début de seconde période. Là, je me suis dit que les All Blacks allaient avoir des doutes et que la dynamique était pour nous. Rien n’a été fait et nous étions à égalité mais j’ai senti que la seconde mi-temps pouvait être en notre faveur.

L’essai de votre coéquipier bordelais Romain Buros, pour sa première sélection, vous a également donné un coup de boost. Comment l’avez-vous vécu ?

J’étais content pour lui et pour l’équipe. Dans cette séquence, nous avons vu le jeu que nous souhaitons mettre en place dans ce domaine. Les avants ont fait un super travail et cela a souri à Romain. Il fallait être réaliste à l’approche des lignes, et c’était bien que ce soit lui qui marque.

Même si vous êtes plus jeune que lui, lui avez-vous dit quelques mots dans la semaine ?

Non pas du tout. Romain n’avait absolument pas besoin de mes conseils. Il est plus âgé que moi et il a déjà de l’expérience. Il l’a montré en réalisant un bon match.

En parlant de connexion, celle que vous avez dans le jeu avec Antoine Dupont et Thomas Ramos, qui vous ont notamment retrouvé à plusieurs reprises, est assez évidente…

De manière générale, en tant qu’ailier, j’essaie d’être connecté avec le 9 et le 10 tout au long des actions. Après, Thomas et Antoine ont cette capacité de voir les espaces rapidement. Là, comme les Noirs défendaient très haut, cela nécessitait de petits jeux au pied. Il fallait que je sois en place et on s’est plutôt bien retrouvé.

Vous avez inscrit votre neuvième essai en treize sélections. Ce n’est pas une statistique anodine…

J’en suis ravi. Pour le moment, cela me sourit. Mais pendant le Tournoi, je n’ai marqué qu’un seul essai en quatre matches. Donc, ça dépend des périodes… Il y a des matches, comme contre le Japon et la Nouvelle-Zélande, où presque tout le jeu se passe de mon côté. D’autres fois, je me dis que c’est souvent du côté de Damian Penaud (rire). C’est toujours agréable de marquer mais, à mes yeux, le nombre d’essais n’est pas forcément révélateur.

Comment la période de succès dont vous parlez se traduit-elle dans la vie de tous les jours ?

Je pense avoir la confiance du staff et des autres joueurs. Il est donc plus agréable d’évoluer dans ce climat. Et, forcément, cela doit inconsciemment m’aider à être plus audacieux et ambitieux dans le jeu. Généralement, quand on est en confiance, tout sourit. C’est peut-être mon cas…

J’ai beaucoup d’occasions d’ajouter de la vitesse à mon jeu en ce moment, que ce soit dans la poursuite ou avec le ballon. Eh bien, cela reste une de mes principales qualités. Quant à moi, vous comprendrez que ce n’est pas trop de puissance.

Avez-vous toujours marqué beaucoup d’essais ?

Non, quand j’étais jeune, je ne me souciais pas de marquer. Mais à cette époque, je jouais plutôt à 10 ou 15, donc ce n’était pas vraiment ce qu’on me demandait. Quand je suis passé sur l’aile, lors de mes premiers matches U20 et professionnels, j’y ai pris goût. Cette sensation d’avoir envie de marquer est bien plus présente lorsqu’on joue à ce poste.

Mais comment se fait la finition ?

Cela vient avec l’expérience. Au tout début, je n’avais pas les mêmes repères. Au fur et à mesure des matchs et des entraînements, j’ai commencé à mieux voir les opportunités et à mieux lire les situations. Cela m’a permis de devenir plus décisif.

Nous l’avons vu lors de votre test de samedi. Quand Thomas Ramos a saisi ce ballon de récupération, vous avez démarré en une fraction de seconde…

Oui, lorsque la défense adverse est désorganisée sur un ballon de récupération, cela peut être une bonne opportunité. J’ai pris l’habitude de regarder derrière moi pour voir s’il y a du monde autour. Là, Thomas a vu, comme moi, qu’il n’y avait personne. Il a fait la passe avec son pied et j’ai juste essayé d’aller le plus vite possible.

En fait, votre vitesse a impressionné l’entraîneur néo-zélandais Scott Robertson, qui a déclaré que vous étiez « incroyablement rapide »…

Disons que j’ai beaucoup d’occasions de mettre de la vitesse dans mon jeu en ce moment, que ce soit dans la poursuite ou avec le ballon. Eh bien, cela reste une de mes principales qualités. Pour moi, vous comprendrez que ce n’est pas vraiment la puissance, que c’est plutôt la vitesse (rire). Avoir des espaces et pouvoir l’exprimer est toujours agréable. Ensuite, entendre ces mots venant de Scott Robertson qui a eu une belle carrière d’entraîneur et de joueur, ça fait plaisir.

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Avez-vous amélioré votre vitesse de course ces derniers mois ?

Non, je n’ai fait aucun progrès là-dessus. Je pense juste que je suis mis dans de meilleures conditions. Ou peut-être qu’on ne le voit plus !

On a aussi l’impression que vous avez gagné en densité sur les impacts, et que vous utilisez justement votre vitesse, notamment en défense…

En défense, la vitesse m’aide à capter les tirs si je suis un peu hors piste, mais pas dans la dimension physique. A ce niveau, il s’agit plutôt d’un travail de technique individuel. Et ce que je fais en musculation me permet peut-être d’être un peu plus fort qu’avant.

Vous avez surpris tout le monde en vous imposant lors de la préparation à la Coupe du Monde. Mais avez-vous depuis dû élargir votre palette ?

Oui. Quand on est jeune, quand on débute chez les professionnels, on a forcément des qualités mais aussi de nombreux points sur lesquels il faut rester vigilant. La densité physique et la présence en défense étaient des choses sur lesquelles je devais travailler.

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L’autre image marquante de votre soirée de samedi, sous forme de clin d’œil, c’est lorsque vous avez vomi sur le terrain au coup de sifflet final. Avez-vous eu droit à quelques chambrages ?

(Il rit) J’étais très fatigué par le match et mon cardio était devenu excessif car j’ai fait deux ou trois sprints à la fin. C’était un peu compliqué à gérer… Et dès le coup de sifflet de l’arbitre, toute la pression était retombée. En mettant le tout ensemble, je me suis laissé aller et mon estomac s’est noué !

Passons maintenant à l’Argentine. Vu la forme affichée par cette équipe, vous êtes prévenus du danger…

C’est sûr. Nous allons nous tester sur notre capacité à jouer deux grands matches d’affilée, en très peu de temps. Nous verrons si nous pouvons continuer. Les Argentins ont réalisé un gros championnat de rugby, ont battu des Sud-Africains que personne ne peut battre, ont largement battu l’Italie et auraient peut-être mérité de battre l’Irlande à domicile, compte tenu de la seconde période. temps…

Et ainsi?

Nous avons effectivement été prévenus. On connaît beaucoup de Pumas qui jouent en France, et on est donc bien placés pour savoir que ce sont de bons joueurs. Il n’y aura aucune excuse.

Allez-vous mettre en relation Guido Petti, votre partenaire à l’UBB ?

Non, je ne suis pas quelqu’un qui dort trop. En revanche, je sais qu’il sera très motivé et que c’est sûrement le match qu’il attend le plus cette année. Ce ne sera peut-être pas la seule équipe argentine, du moins pour ceux qui évoluent en France. Ils mettront toute leur « grinta » au Stade de France, qui fait leur force. Nous ne devrions pas être surpris, sinon cela nous fera sentir bizarre.

 
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