Les militants écologistes qui ont bloqué un terminal pétrolier dans l’est de Montréal reconnaissent avoir commis l’acte qui les a passibles de procès ce lundi, mais ils demanderont à être acquittés, sous prétexte qu’ils ont agi « par nécessité ».
«C’était légitime. C’est une industrie qui nous empoisonne et qui est directement liée aux changements climatiques», a déclaré Michèle Lavoie, du Collectif Antigone, lors d’un point de presse ce matin à la cour municipale de Montréal.
La femme s’exprimait juste avant l’ouverture du procès de tout un groupe d’individus en lien avec une action environnementale survenue en 2022 au terminal pétrolier de Valero.
Tôt le matin, un groupe a escaladé la structure pendant plusieurs heures pour exiger la fermeture d’un pipeline transportant des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’au port de Montréal.
“Il est temps de faire bouger les choses, les gouvernements n’écoutent pas”, a déclaré un manifestant du haut du terminal.
Accusé connu
Parmi les accusés figurent Jacob Pirro et Olivier Huard, deux militants qui ont fait les manchettes le mois dernier pour avoir bloqué le pont Jacques-Cartier. Là encore pour sensibiliser à l’urgence climatique et exiger la fin des énergies fossiles.
Olivier Huard
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
Des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées coincées dans d’énormes embouteillages et des centaines ont dû annuler leur rendez-vous médical ce jour-là.
Encore une fois, il est concevable qu’ils invoquent la défense de « nécessité ».
Nécessité pas très utile
Dans ce type de défense, que l’on retrouve occasionnellement devant les tribunaux, l’accusé prétend avoir agi dans une situation d’urgence, n’ayant pas le choix de commettre une infraction. Dans le cas présent, on devine que les accusés invoqueront l’urgence climatique, comme lors du blocage du pont Jacques-Cartier le mois dernier.
« Les tribunaux soutiennent rarement cette défense [en environnement]», indique toutefois un rapport du Canadian Resource Law Institute.
À Sherbrooke, un militant est accusé d’avoir fait de l’entrave aux forces de l’ordre lors d’une manifestation visant à « alerter la population sur l’inertie gouvernementale » concernant un aspect de l’industrie métallurgique.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
Cependant, même si des experts avaient témoigné que certaines substances persistaient dans l’environnement et que leurs effets possibles sur les humains étaient préoccupants, la défense de nécessité ne tenait pas la route, a tranché un juge de la Cour du Québec.
Dans une autre affaire, un Montréalais qui avait collé des étiquettes sur des boîtes de nourriture pour protester contre les OGM a également été reconnu coupable de méfait après avoir plaidé la défense de nécessité.
«Cette défense ne peut être invoquée pour justifier la détérioration d’une propriété privée», a tranché un juge de la Cour municipale de Montréal. Par exemple, on ne peut pas détruire un véhicule privé sous prétexte que ce véhicule a pollué l’air.
Mais malgré tout, les militants jugés ce lundi sont convaincus qu’ils sauront cette fois convaincre la justice du bien-fondé de leur position.
Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?
Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.
Related News :