News Day FR

Le parc naturel régional du Golfe du Morbihan, qu’est-ce que ça change pour les habitants ?

Les vaches de Caroline Le Bodic ont un cadre de vie extraordinaire : leur pâturage a les pieds dans l’eau, l’eau salée au fond du Golfe du Morbihan. L’éleveuse de Theix-Noyalo a repris l’exploitation bovine viande de ses parents en 2014, l’année même où le parc naturel régional devenait réalité. Et c’est un état des lieux du PNR qui amène l’agricultrice conventionnelle à remettre en question très concrètement ses pratiques. « Ils ont dénombré au moins 25 types de fleurs différents dans cette prairie. » Une surprise pour l’éleveur. « On ne prend pas le temps de vraiment regarder. Je vais réfléchir aux dates et aux techniques de fauche pour cette parcelle », précise-t-elle, avec la ferme intention de préserver au maximum la présence de ces fleurs qui favorisent celle des abeilles. «Tous les citoyens pourraient avoir la même réflexion sur leur jardin», suggère-t-elle au passage.

Une prise de conscience

«Je ne sais pas s’il y a des changements visibles dans le quotidien des gens, mais les actions de sensibilisation à destination des enfants, des plaisanciers, des ostréiculteurs ou des agriculteurs contribuent à sensibiliser aux enjeux de biodiversité», convient Monique Cassé. Elle a dirigé le projet du parc, puis en a été la directrice pendant neuf ans.

>
Le parc n’a pas bouleversé le quotidien des habitants mais il est devenu un interlocuteur privilégié pour certains, comme les ostréiculteurs lorsqu’ils ont des projets de travaux sur leurs bâtiments. (Vincent Le Guern)

A Saint-Philibert, ce sont les nuits qui ont changé. Depuis cette année, l’éclairage public reste éteint du 30 avril au 1er septembre. Depuis 2023, les bâtiments publics sont équipés de systèmes d’extinction automatique. Une décision prise en concertation entre la commune, les habitants et les associations pour « préserver la biodiversité », explique Marine Bardou, adjointe chargée de l’environnement. Nous avons défini les zones de la commune à forts enjeux de biodiversité. » L’ambition est de laisser en paix les chauves-souris et les oiseaux nocturnes, mais aussi les puces de sable. « La nuit, quand on observe la biodiversité, on se rend compte que la vie nocturne est riche », raconte l’élu. L’ambition future est d’inclure ce cadre sombre dans le plan d’urbanisme local. « Nous avons pu réaliser ces travaux parce que nous sommes soutenus par le parc. »

Conserver en accompagnant

Le parc cherche également à cultiver cet effet colibri en mer. « Depuis 2016, plus de 3 000 plaisanciers du Golfe ont reçu la visite du bateau du parc pour échanger sur les bonnes pratiques », rappelle Ronan Pasco, directeur adjoint technique du PNR. . Ces quelques minutes d’échanges portent leurs fruits. « En moins de dix ans, on est passé de 25 à 75 % de plaisanciers qui savent ce qu’est la zostère.

>
Bien que le parc n’ait pas officiellement compétence sur l’espace maritime, il agit pour préserver les zostères, véritable pépinière de la faune marine.

Bien que le parc n’ait pas officiellement compétence sur l’espace maritime, il agit pour préserver les zostères, véritable pépinière de la faune marine. (Vincent Le Guern)

>
Les habitants ne sont pas concernés dans leur vie quotidienne par les mesures de la charte qui concernent l’étalement urbain. Quelle sera l’ambition de sa deuxième version ?

Les habitants ne sont pas concernés dans leur vie quotidienne par les mesures de la charte qui concernent l’étalement urbain. Quelle sera l’ambition de sa deuxième version ? (Vincent Le Guern)

«Nous avons restitué 1 200 hectares»

Petit à petit depuis dix ans, le parc naturel est entré dans le quotidien des habitants sur des problématiques précises. Ce sont autant de traductions de sa vocation première : préserver un territoire riche mais fragile et sous pression. « A l’époque, l’urbanisation et la plantation de conifères supplantaient les ajoncs : le golfe passait du jaune au noir », se souvient Jo Oillic, qui a initié sa création. « Une de nos ambitions était de laisser nos enfants avec le Golfe dans un meilleur état qu’à l’époque », rappelle David Lappartient. Un objectif qui consiste à limiter l’étalement urbain. Le président de 2014 à 2023 salue : « La charte limite les zones urbanisables à 364 hectares supplémentaires. Non seulement nous n’y avons pas touché, mais nous avons restitué 1 200 hectares à des espaces naturels et agricoles. » Un avis positif partagé par Monique Cassé, qui nuance : « l’engagement a été plus que tenu, mais il n’était pas si exigeant. »

En 2024, les ambitions initiales du parc ont été dépassées par des intentions législatives telles que Zero Net Land Artificialisation (ZAN). Si le flou demeure autour de l’application de cette loi, le PNR s’engage dans la révision de sa charte.

Elle doit contribuer à ce que les habitants préservent ce cadre de vie qu’elle leur a fait connaître. Nous sommes encore loin de la réserve indienne.

* Plante marine emblématique du Golfe.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :