Par
Léa Pippinato
Publié le
18 novembre 2024 à 15h29
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Ce lundi 18 novembre 2024une grande mobilisation agricole a eu lieu dans l’Hérault. Organisé par les fédérations départementales du FNSEA et Jeunes agriculteurselle a rassemblé une centaine de manifestants à Montpellier devant la préfecture. Leur message est clair : il faut sauver une profession étouffée par les contraintes économiques et réglementaires.
Céline Michelon, vigneronne à Villeveyrac, résume l’état d’esprit général : « Nous aimerions vivre de notre métier. Aujourd’hui, nous vivons comme des animaux. » Ce cri d’alarme reflète une réalité partagée par de nombreux opérateurs : conditions de travail éreintantes, revenus insuffisants et pression constante. Dans l’Hérault, comme ailleurs en France, la viticulture est au bord de l’effondrement. Selon le FDSEA70 % des exploitations sont en déficit depuis cinq ans. « Travailler 60 heures par semaine, ça ne nous dérange pas », explique Cédric Saur, vigneron de Faugères. « Mais ne pas pouvoir vivre de notre travail est insupportable. »
Le problème majeur réside dans les prix de vente des produits agricoles. Les vignerons réclament une plus-value pour atteindre un niveau de revenu décent. Une augmentation de seulement 15 centimes par bouteille pourrait changer la donne, selon eux. Mais les prix restent tirés à la baisse par une concurrence internationale féroce, amplifiée par des accords comme Mercosur. Les manifestants dénoncent ces accords qui permettent l’importation de produits agricoles ne respectant pas les mêmes normes que celles imposées en France : « Si ce n’est pas bon pour nous, pourquoi serait-ce bon pour les autres ? » Les opérateurs réclament une harmonisation des normes au niveau européen et mondial : « Nous sommes prêts à respecter toutes les règles, mais seulement si nos concurrents les appliquent également. »
Une aide insuffisante face à une crise structurelle
Le préfet de l’Hérault, François-Xavier Laucha rencontré les manifestants et détaillé les mesures de soutien mises en place. En 2023, 49 millions d’euros ont été mobilisés pour la filière vitivinicole, avec des aides à l’arrachage définitif (12,8 millions d’euros) et des réductions de taxe foncière (6,4 millions d’euros). Ces mesures ne suffisent toutefois pas à calmer la colère. « Ce que nous voulons, ce n’est pas vivre de l’aide, c’est vivre de notre travail », insiste un manifestant. Les agriculteurs considèrent ces solutions ponctuelles comme inefficaces face à une crise structurelle qui dure depuis des années.
La transmission des exploitations agricoles est également menacée. « On se demande si c’est un cadeau ou un fardeau que l’on laisse à nos enfants, confie un vigneron. De nombreux jeunes hésitent à reprendre les exploitations familiales, découragés par les incertitudes économiques et les conditions de travail. Après leur rassemblement devant la préfecture, les manifestants ont investi la place de la Comédie, au cœur de Montpellier. Accompagnés de tracteurs chargés de fumier, ils ont déployé un drap noir sur la statue des Trois Grâces et accroché des drapeaux syndicaux : « Nous voulons rappeler que l’agriculture française est essentielle à la souveraineté alimentaire. »
Quelles solutions pour l’avenir ?
Les revendications des vignerons sont précises : harmonisation des normes, revalorisation des prix, soutien à la restructuration des exploitations et projets de diversification adaptés aux réalités locales. Ils appellent également à une meilleure collaboration entre producteurs, distributeurs et consommateurs.
Le préfet a insisté sur l’importance d’agir ensemble pour répondre aux enjeux du secteur. Il a évoqué des prêts bonifiés pour les exploitations agricoles en difficulté et des projets de réservoirs d’hiver pour garantir l’approvisionnement en eau. Les agriculteurs restent cependant sceptiques : « Nous voulons des actions, pas seulement des promesses. » Cette mobilisation reflète une crise mondiale de l’agriculture française. Elle pose une question essentielle : comment garantir la pérennité de nos exploitations tout en répondant aux enjeux économiques, écologiques et sociaux ? Comme le souligne malheureusement un manifestant : « Nous produisons pour nourrir les autres, mais aujourd’hui, nous ne pouvons même plus nourrir nos propres familles. »
La colère paysanne ne s’apaise pas : ce mardi matin, c’est au tour des militants du Rural coordination of Hérault -CR 34- descendre la rue, ou plutôt sur les routes et sur l’autoroute A9 jusqu’à la frontière espagnole.
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