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45 minutes d’enlèvement jugées aux assises de Paris

Une mère, ses jumeaux de trois ans jouant dans une chambre et la femme de ménage repassant dans une chambre. En début d’après-midi de décembre 2021, le calme règne dans cet appartement de la rue Falguière (Paris 15e). Jusqu’à ce que des hommes en noir, cagoulés, fassent irruption et kidnappent la mère et la travailleuse domestique pendant un peu moins d’une heure.

A partir de ce lundi et jusqu’au 22 novembre, la cour d’assises de Paris jugera Aziz C., 23 ans, et Daly O., 24 ans, pour vol à main armée, enlèvement et séquestration. Un troisième homme, Emmanuel M., 25 ans, qui a reconnu être le conducteur des deux cambrioleurs, sera à leurs côtés dans le box des accusés.

Le 28 décembre 2021, Marion Z. a été retrouvée rue Falguière au domicile de ses parents, absents. A 14h17, la sonnette retentit. Lorsqu’elle a ouvert la porte, deux hommes masqués, gantés et armés d’un fusil, selon son récit, se sont précipités dans l’appartement. La victime a été “immédiatement immobilisée à l’aide d’un câble électrique trouvé sur place, conduite dans une chambre, bâillonnée avec un torchon, aveuglée avec un vêtement placé sur la tête et jeté sur le lit de la chambre parentale”, rappelle l’acte d’accusation. Irina B., la gouvernante, subit le même sort.

« Où est le monsieur aux chaînes en or ? »

« Où sont les bijoux ? », « Où est le monsieur aux chaînes en or ? », « Si tu veux vivre, dis-moi où est leur trésor », menacent agressivement les deux intrus. Les victimes ont toutes deux décrit une arme « longue, fine et dotée d’un réservoir en bas ». Ce qui fera dire au juge d’instruction que les cambrioleurs étaient armés d’un fusil de chasse. Marion Z. dénonce plusieurs coups à la tête perpétrés avec cette arme. Selon son récit, elle sera même menacée de se faire couper le doigt si elle ne parle pas. Les criminels recherchent des bijoux et des objets de valeur.

A 15 heures, les deux hommes sortent en courant du bâtiment et montent dans la voiture de leur chauffeur garée dans la rue. En fuyant, ils croisent la fille d’un voisin qui est inquiète. Alors qu’elle se précipite à l’étage pour « vérifier que tout va bien », elle trouve la porte de l’appartement du 7ème étage entrouverte et se laisse entrer, vu le « désordre à l’intérieur ». C’est elle qui retrouve les deux victimes, « recroquevillées », toujours ligotées et aveuglées avec un linge. « Particulièrement choquées », elles se verront délivrer 30 jours d’interruption temporaire de travail (ITT) pour la mère, un jour pour la travailleuse domestique.

Le butin est dérisoire. Au total, les malfaiteurs ont réussi à mettre la main sur 1 500 euros en espèces, des bijoux ainsi que deux ordinateurs, deux téléphones portables et un appareil photo.

En semi-libération, l’un des agresseurs est revenu le soir même à la prison de La Santé

C’est en identifiant la berline noire qui a permis aux malfaiteurs de s’enfuir puis en exploitant les données téléphoniques que les enquêteurs de la 3ème circonscription de police judiciaire ont remonté jusqu’à Aziz C., Daly O. et Emmanuel M. Les trois complices présumés sont arrêtés en Mars 2022, trois mois après les événements. Tous trois ont un casier judiciaire très chargé, jusqu’à neuf condamnations pour Emmanuel M. Détail amusant, ce dernier, incarcéré à la prison de la Santé après des condamnations en 2018, bénéficiait d’un régime de semi-liberté au moment des faits. Conformément à cette mesure de modification de peine, le soir du cambriolage, son complice l’a déposé devant l’établissement pénitentiaire parisien afin qu’il puisse regagner sa cellule…

Interrogé à plusieurs reprises par les enquêteurs puis par le juge d’instruction, Daly O. nie toute implication dans le crime. Tout comme Aziz C. au départ. Mais ce Parisien, issu d’un « milieu familial stable » mais qui dit avoir été en « mauvaise compagnie » et avoir commis des « erreurs de jeunesse », finit par reconnaître sa présence dans l’appartement de la rue Falguière. Il nie toutefois y avoir apporté une arme.

« Mon client a reconnu les faits dans le cadre de l’enquête qui a été menée. De même qu’il a, à plusieurs reprises, fait part de ses regrets à deux victimes, assure Me Lola Dubois, qui défend Aziz C. Néanmoins, nous continuons de réfuter avec ferveur la présence d’une arme en l’absence de tous éléments matériels qui tendraient à établir que les accusés portaient une arme le jour des faits. »

Les victimes toujours « hantées »

Même reconnaissance des faits pour Emmanuel M., ce jeune homme qui a toujours vécu entre la et le Congo : dès son interpellation, il a reconnu avoir été le conducteur du duo de cambrioleurs, sans, dit-il, connaître la nature exacte des faits. le projet.

Les victimes du trio ne seront pas présentes au procès, annonce leur conseil Me Elsa Crozatier. La mère des enfants, sa cliente, « a très peur de voir les visages de ses agresseurs. Elle ne veut pas avoir d’image d’eux», explique l’avocat. “Elle est déjà hantée par ces gens.” Quant à la femme de ménage, « elle est effrayée, traumatisée. Elle était déjà fragile, elle l’est encore plus», constate Me Crozatier.

 
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