LLe panneau d’entrée de la ville de Montaut est retourné. Ici, comme dans la plupart des communes landaises, la colère des agriculteurs avait déjà fait rage début 2024. Elle repart partout en France et dans les Landes, où les premières actions ont démarré dans la soirée du dimanche 17 novembre.
Nouveau président de la FDSEA, forte de 1 200 adhérents dans le département, Michel Larrère devra canaliser cette colère en s’asseyant autour de la table du préfet pour soulever les doléances des agriculteurs landais. Un défi majeur pour une profession où les crises en chassent les autres.
Vous prenez la direction du syndicat dans les Landes, après François Lesparre. Que veux-tu apporter ?
Mon objectif est d’agrandir l’équipe en intégrant encore plus de Jeunes Agriculteurs (JA) et d’autres membres. Je suis un rassembleur et aussi une personne de terrain.
Actuellement, nous sommes une trentaine à travailler sur des dossiers à la fédération. J’aimerais que nous soyons une cinquantaine demain. Pour quoi ? Plus nous serons nombreux à travailler sur le fond, plus nous serons efficaces face aux services de l’État. Avec l’objectif sans cesse renouvelé de faire bouger les lignes et d’avancer pour tous les agriculteurs.
Combien pèse la FDSEA 40 à quelques semaines des élections à la Chambre d’agriculture (1) ?
Nous sommes 1 200 adhérents, JA compris, sur une circonscription d’un peu plus de 3 500 votants. En France, les agriculteurs sont très syndiqués. Près d’un sur deux, contrairement au syndicalisme ouvrier qui est en perte de vitesse. C’est une force qu’il faut savoir utiliser.
Justement, vous utilisez cette force pour manifester votre colère face à un certain nombre de sujets. Qu’allez-vous faire et cela pénalisera-t-il les Landes ?
Dimanche soir, nous avons retiré certains panneaux et en avons recouvert d’autres à l’entrée de certaines communautés. Les premiers seront déposés aux portes de la préfecture ce lundi soir, juste avant notre rendez-vous avec le préfet. Nous allons faire pression sur l’administration et les élus.
En tant que syndicat agricole responsable, nous ne voulons pas semer le chaos chez les résidents avant les vacances. Nous n’allons pas embêter la population, car nous en avons besoin. Elle nous soutient largement dans nos combats, on espère que ça dure. Le but d’un syndicat n’est pas de larguer des remorques.
En janvier et février derniers, vous avez longuement manifesté dans les Landes. Avez-vous été entendu ?
Nous avons pu, lors de trois réunions, avancer sur un certain nombre de dossiers : forages, entretien des fossés, indemnisation suite aux premiers foyers de MHE (maladie hémorragique épizootique)… Nous avions commencé à discuter de la loi d’orientation agricole et… patatras ! La dissolution a eu lieu. Depuis, tout est en pause.
Quels sont les sujets que vous allez aborder à nouveau avec la préfecture ?
D’abord le Mercosur (traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du Sud, NDLR). C’est un coup dans le dos. Nous allons importer des quantités astronomiques de produits étrangers (bovins, huiles, porc, maïs, etc.), dont certains ne répondent même pas à nos propres normes. Il faut dire que ce qui s’ajoute, c’est moins d’agriculture française.
Nous avons d’autres griefs : d’abord les problèmes sanitaires (MHE, FCO, grippe aviaire), puis les difficultés du vignoble landais et surtout de l’Armagnac, dont la filière est touchée par les surtaxes chinoises et la fermeture d’autres marchés.
La question de l’eau est également très importante dans les Landes.
Oui. Nous souhaitons sauvegarder notre AUP (autorisation unique de prélèvement pluriannuel) et valider tous les progrès que nous avions obtenus jusqu’en mai dernier. Il faudra aussi parler de la mortalité qui touche les plants de kiwis due à l’excès d’eau, de la loi EGalim qui n’est toujours pas appliquée comme il se doit, et du dossier d’installation.
(1) Ils auront lieu en janvier 2025.
Qui est-il ?
C’est un enfant du ballon. « Mon père était agriculteur. Lorsque j’ai repris sa ferme, je l’ai adaptée pour qu’elle me permette de vivre pleinement ma vie de famille. » Marié, père de trois enfants – dont un a emménagé il y a moins d’un an et un autre plongé dans ses pensées – Michel Larrère a 59 ans. Il travaille également pendant dix ans comme employé chez Caillor, à Sarbazan.
Désormais à la tête d’une exploitation de 110 hectares, « dont la moitié est irriguée », dans le secteur de Montaut, il cultive du maïs sucré, des pois, des haricots verts ou encore des lentilles. « J’élève aussi ce qu’on appelle des poulets de tous les jours, soit environ 170 000 oiseaux par an sous contrat avec Vivadour. »
En tant que membre, il a gravi les échelons du syndicat. De directeur cantonal à secrétariat général des FDSEA 40 (depuis 2017), puis présidence pendant quelques semaines, en remplacement de François Lesparre. Un mandat qu’il devrait occuper pendant deux ans. « Dans deux ans, je prendrai ma retraite et même si je continuerai à être actif au sein de la structure, je ne serai plus en première ligne », assure-t-il.
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