En Suisse romande, il est fréquent d’entendre, dans l’opinion publique, que Murat Yakin n’aime pas beaucoup appeler des joueurs de notre côté de la Sarine. Comme une blague qu’on répète à chaque décision du coach qui soutient la théorie.
D’où ça vient ? Peut-être dû au fait que Yakin ne comprend pas et ne s’exprime pas en français. Un peu aussi des sanctions qu’il a pu faire payer à Kevin Mbabu et Jordan Lotomba il y a un peu plus de deux ans, lorsque l’entraîneur a choisi de s’en prendre à ceux (Français) qui jouaient aux cartes dans le hall de l’Hôtel de la Réserve, alors qu’il avait fermé les yeux sur ceux (non romands) qui prenaient un verre à deux pas. Notamment de sa liste pour la Coupe du monde au Qatar, où il n’a sélectionné que deux joueurs de notre minorité sur vingt-six.
Certains trouveront d’autres exemples pour étayer leur argumentation, mais il faut dire qu’il s’agit plus d’un fantasme qu’autre chose. Et depuis plusieurs mois, la tendance est franchement inverse. Ils étaient déjà six à l’Euro l’été dernier.
Plus anecdotique qu’autre chose
Nul doute que la fin du match de vendredi contre la Serbie est une bonne manière de le justifier : une fois tous les changements effectués, il y avait sept francophones sur onze sur le terrain du Letzigrund ! On les liste : Kevin Mbabu, Aurèle Amenda, Ulisses Garcia, Joël Monteiro, Dereck Kutesa, Zeki Amdouni et Andi Zeqiri.
Dans l’histoire, il ne faut pas non plus oublier que Dan Ndoye – devenu incontournable en équipe nationale – et Denis Zakaria étaient absents et qu’ils auraient pu compléter la liste.
La question demeure : y a-t-il quelque chose à apprendre de cette observation ? Les francophones seront-ils les grands gagnants du renouveau évoqué par l’ASF et par Murat Yakin ? Allons-nous revivre l’équipe de Suisse de 1996 où ceux qui ne parlaient pas français semblaient comme des rejetons ?
Il ne faudrait peut-être pas trop s’emballer. Cela semble être un épiphénomène. Au coup d’envoi vendredi, ils n’étaient que trois (Edimilson Fernandes, en plus d’Amdouni et Amenda). C’est le moment qui fait l’événement.
Et puis, tous ces Romands ne sont pas non plus des gamins à qui on promet une longue vie en équipe nationale. Ils ont déjà 29 ans (Mbabu), 28 ans (Garcia), 27 ans (Kutesa), 26 ans (Monteiro) ou encore 25 ans (Zeqiri). Seuls Amdouni (pas encore 24 ans) et Amenda (21 ans) sont plus jeunes et peuvent réellement envisager de s’installer sur le long terme.
Leur avantage ? Leur profil offensif
D’autant que la future génération n’est pas plus francophone que l’actuelle. Sur la liste de piquetage de ce rassemblement de novembre, il n’y en avait que deux: le Vaudois de Lausanne Alvyn Sanches et le Neuchâtelois de Gantoise Franck Surdez. On peut penser qu’un jour ou l’autre, ils auront leur chance sous le maillot A. Reste que parmi la dernière sélection U21, qui a raté la qualification pour l’Euro, elles n’étaient pas non plus légion.
En revanche, là où les Romands actuels ont une carte à jouer, c’est par leur profil. Ce sont pour la plupart des joueurs orientés vers l’avant, à l’exception d’Amenda. Même Mbabu et Garcia ont ce profil d’arrière latéral offensif. Et dans une équipe nationale qui cherche de nouveaux atouts dans ce secteur, il faudra les considérer.
Même s’il ne faut pas oublier que tous (sauf Garcia, entré plus tard) étaient également sur le terrain au moment du 1-1 de la Serbie. Une bonne excuse pour Yakin ?
Related News :