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Les agriculteurs bio des Côtes-d’Armor dénoncent l’utilisation de l’herbicide prosulfocarbe

Par

Bertrand Dumarché

Publié le

17 novembre 2024 à 18h00

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Alors que le semis de céréales l’hiver bat son plein, les prosulfocarbeun herbicide très volatil, contamine toujours cultures sur lesquels il n’est pas utilisé, notamment les cultures biologiques. LE Groupement d’Agriculteurs Bio des Côtes-d’Armor (GAB 22) tire la sonnette d’alarme en alertant l’ensemble de la profession agricole sur la dangerosité de son utilisation pour les agriculteurs, mais pas seulement.

Une substance volatile

Deuxième herbicide Le plus utilisé en , derrière le glyphosate, le prosulfocarbe est une substance très volatile qui peut voyager plusieurs kilomètres dans l’air, selon l’Anses. Cette substance est régulièrement retrouvée dans les analyses de l’air et des eaux de surface et contamine par dérive, chaque année, des cultures sur lesquelles elle n’est pas utilisée, voire interdite comme en agriculture biologique.

Pour Dominique Boutouiller maraîcher à Plougonver : « Les agriculteurs qui utilisent ce produit sont souvent mal informés et ne comprennent pas bien sa dangerosité. Cette molécule est incontrôlable même avec toutes les précautions d’application prises par les agriculteurs, nous le dénonçons depuis presque 10 ans ! Il est très souvent recommandé sur le terrain par des entreprises peu scrupuleuses vis-à-vis des utilisateurs et des impacts que ce produit a sur les riverains, à des kilomètres à la ronde.

Une augmentation des pulvérisations

Depuis plusieurs années, des cas de contamination sont signalés à l’Anses. Or, ce produit dont l’agrément devait prendre fin en octobre 2023 a vu son agrément prolongé jusqu’en 2027. Malgré la colère, certains producteurs bio s’adaptent tant bien que mal, Pascale Doussinault arboricultrice à Plestan (22) « Chaque année Au bord du verger nous plaçons un panneau informant de la date de fin de récolte. Difficile de savoir si tous les agriculteurs respectent cette date mais certains adaptent leur rotation pour éviter les blés proches du verger, on espère que cela limite les risques de contamination.

Un double coup dur pour les producteurs biologiques

En raison de l’extrême volatilité de cette molécule, aucune mesure de protection efficace n’a encore été mise en place par les autorités, malgré les avertissements répétés de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB).

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Cette volatilité rend impossible l’identification du spray responsable de la contamination, ce qui rend impossible la détermination d’une éventuelle responsabilité légale. Ainsi, certains producteurs biologiques, dont les cultures présentent des niveaux de contamination si élevés qu’elles deviennent invendables, subissent des pertes de récoltes sans pouvoir être indemnisées.

Pour Yann Cheritel, éleveur de vaches laitières à Moustéru et président du GAB 22, « c’est une double peine pour les agriculteurs bio victimes d’une contamination. Nous mettons en œuvre plusieurs techniques qui fonctionnent dans nos exploitations pour se passer de pesticides de synthèse et pourtant les producteurs se retrouvent contaminés pour des raisons extérieures à leur système et incontrôlables à leur échelle, c’est profondément injuste ! »

Jusqu’à 5 km

En tant que président du GAB22, Yann Chéritel identifie les retours d’expérience du terrain. « Récemment, nous avons eu des contaminations sur du sarrasin et du maïs-grain. Des contaminations qui touchent aussi le conventionnel. » Et quand ces champs sont contaminés « il faut déclasser mais avec quel accompagnement ? »

Une situation d’autant plus problématique que « malgré un traitement sur sol mouillé, avec des buses anti-dérive, et une absence de vent, la molécule est tellement volatile qu’on peut la retrouver jusqu’à 5 km selon nos retours d’expérience ». Affectant ainsi les champs « mais aussi les rivières, les écoles, les habitations… »

Des techniques qui fonctionnent

C’est l’usage même de ce produit que pointe le GAB 22. « Nous mettons en place des techniques qui permettent d’éviter l’utilisation de ces produits. Cela passe par la mécanisation et le mélange de variétés, rampantes et ascendantes. En semant du triticale et de la féverole, on obtient quand même des rendements de plus de 60 quintaux… et sans traitement. Il peut également s’agir de colza et de sarrasin. Et nous avons une culture spécifique à 30 quintaux. »

Face à ces situations d’injustice, le GAB22 réclame depuis plusieurs années la mise en place d’un fonds d’indemnisation pour couvrir les pertes économiques. « Toutefois, les compensations financières ne seront jamais suffisantes face au préjudice moral et social subi par les producteurs victimes de contamination. Nous appelons également au retrait de ce type de produits comme le prosulfocarbe dont les effets sont néfastes pour les producteurs, les consommateurs et nos ressources naturelles. »

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