Jusqu’à présent, on ne parlait pas d’événements culturels et sportifs organisés par deux territoires frontaliers. Jusqu’à présent, les relations avec le Luxembourg se sont concentrées sur des thématiques bien précises mêlant emploi, économie, mobilité principalement avec prise de décision d’Etat à Etat. D’ailleurs, quand on pense aux négociations avec le voisin du Luxembourg, un moment décisif vient à l’esprit : la tenue de la conférence intergouvernementale (CIG) où chacun se dit ce qu’il attend de l’autre. Et les choses bougent. Le télétravail des travailleurs frontaliers en est un bon exemple. Mais la méthodologie évolue. Progressivement, l’État n’est plus le seul intermédiaire.
Les collectivités – du moins côté français – prennent place à la table des négociations, notamment à travers la naissance du Pôle Frontalier Métropolitain (PMF) qui regroupe huit établissements publics de coopération (EPCI) de Moselle et de Meurthe-et-Moselle : Portes de France -Thionville, Val de Fensch, Longwy, Arc Mosellan, Cattenom et alentours, Pays-Haut Val d’Alzette, Cœur des Pays Hauts et Terre Lorraine du Longuyonnais. Et qui compte bien peser. Du côté luxembourgeois, l’équivalent existe avec Pro-Sud [si ce n’est que ce sont des villes qui sont représentées et non des communautés de communes] mais n’a pas encore sa place dans la CIG car la multitude des décideurs est beaucoup moins complexe : il y a les villes et il y a l’État. Un atout qui peut aussi être un inconvénient.
« Les liens avec le Luxembourg vont souvent au-delà du protocole. »
Pierre Cuny, maire de Thionville.
Pierre Cuny veut s’assurer de pouvoir compter sur les deux. Dès qu’il en a l’occasion, il rappelle à quel point Thionville doit être considérée comme une ville ouverte sur l’Europe et c’est donc tout naturellement qu’il souhaite associer le Luxembourg à différents projets territoriaux. Ainsi, les politiques luxembourgeois sont de plus en plus présents aux inaugurations de Thionville et des liens se créent. “ Le lien avec le Luxembourg existe depuis le mandat d’Anne Grommerch qui était elle-même frontalière. Des liens qui dépassent souvent le protocole »souligne Pierre Cuny. Il cite Serge Hermes, Pierre Gramegna, Xavier Bettel mais pense aussi à l’ancien maire d’Esch-sur-Alzette, Georges Mischo avec qui il noue une solide amitié depuis 2022, au point de participer au lancement de sa campagne en Janvier 2023. Ensemble, ils ont choisi de renouveler le jumelage de leurs villes en 2022, confirmant celui initié en 2011 sous Bertrand Mertz. “pendant lequel rien n’avait été activé”.
Destin commun
Les deux hommes ont fait connaissance, pour travailler sur trois espaces communs (académique, culturel et sportif) allant jusqu’à imaginer accueillir un tournoi ATP Challenger 75 en alternance entre la France et le Luxembourg. Le projet a fait du chemin puisqu’il est attendu en mars 2025 au Spot de Thionville. Et si Pierre Cuny parvient à s’assurer le soutien du ministre des Sports luxembourgeois qui n’est autre que Georges Mischo, il doit encore tâter le terrain du côté de son successeur dans la ville d’Esch-sur-Alzette. C’est désormais Christian Weis qui est aux commandes et l’élu ne semble pas aussi sensible aux questions sportives.
Il n’en reste pas moins que lors de leur première rencontre après l’avoir félicité pour son élection, Pierre Cuny a assuré vouloir poursuivre le travail commencé. Sur ce point, Christian Weis l’a rassuré et d’autres rencontres sont prévues entre les deux élus. « Je ne suis pas inquiet. Nous sommes deux villes miroirs avec un destin commun »dit Pierre Cuny, serein. Sous réserve que l’ATP confirme les dates, la deuxième édition de la nouvelle compétition de tennis devrait se tenir à Thionville en attendant qu’Esch-sur-Alzette finalise ses travaux pour l’accueillir en 2027. Un événement pour lequel la fédération luxembourgeoise de tennis est de vif intérêt selon le président du Moselle Open, Yves Henri.
Mais ce n’est pas la seule ambition sportive. En effet, Thionville accueillerait une étape commune du Tour de France avec le Luxembourg et Sarrebourg. Au vu des dernières éditions, on pouvait s’attendre à ce que le voisin lance le Tour dans les années à venir et passe par la Lorraine. Il n’en demeure pas moins que tout cela n’est encore que spéculation. Mais il y a un levier sur lequel Thionville a la main, c’est la culture et son festival d’idées Politéia initié en 2022. Il n’interdit rien, alors pourquoi ne pas imaginer demain, un festival d’idées qui dépasse les frontières pour parler de l’Europe. , Par exemple.
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