Depuis l’euro, il y a une étrange sensation de flottement, d’entre-deux. En plus de ne plus être attractive, l’équipe de France a du mal à déployer un jeu efficace. Contre l’Italie, dimanche 17 novembre, les Bleus, déjà qualifiés pour le Final 8 de la Ligue des Nations, ont l’occasion de terminer la saison sur une note positive. Didier Deschamps a de nouveau prévenu qu’il réaliserait “changements”souhaitant prolonger la phase de tests entamée début septembre.
Si l’entraîneur ne crachera pas sur le trophée, il considère la Ligue des nations comme un terrain favorable à l’introduction de nouveaux joueurs. Le véritable horizon reste la Coupe du monde 2026 en Amérique du Nord où la France, finaliste sortante, devrait figurer parmi les favorites. Qu’il l’admette ou non, Didier Deschamps a du pain sur la planche. L’impuissance de ses joueurs lors du match nul soporifique concédé contre Israël jeudi (0-0) a une nouvelle fois montré un manque d’efficacité inquiétant et une animation stéréotypée. Les Bleus sont restés muets lors de cinq matches en 2024, soit autant que lors des quatre années précédentes cumulées.
« Nous sommes deuxièmes au classement Fifa, a rappelé le sélectionneur en conférence de presse samedi. Nous étions demi-finalistes de l’Euro. En Ligue des Nations, j’ai décidé qu’il était important de donner du temps de jeu à des jeunes moins expérimentés. Cela nuit certainement à l’expression collective. Malgré tout, nous sommes là »il s’est défendu tout en admettant les problèmes. De son côté, Ibrahima Konaté a refusé de parler “régression” ou “manque de motivation”. Pour le défenseur de Liverpool, le problème vient surtout du « fatigue physique et psychologique » découlant de “l’enchaînement des matchs” en boîte
La vérité est que l’entraîneur n’a pas vraiment le choix. Depuis 2023, il a perdu presque tous ses hommes de base : Hugo Lloris, Raphaël Varane, Paul Pogba, Olivier Giroud et récemment Antoine Griezmann. L’abandon inopiné de celui qui faisait le lien entre le milieu de terrain et l’attaque des Bleus a laissé un grand vide. Cet automne, un titulaire dans sa formation partante compte en moyenne 29 sélections. Trois ans plus tôt, cette moyenne dépassait les 50 caps.
Dans cette régénération de l’effectif, le novice Michael Olise a été testé dans le rôle de meneur de jeu sans pour autant donner satisfaction. Didier Deschamps a donné une nouvelle chance à Christopher Nkunku et a donné plus de temps de jeu à Bradley Barcola. Mais, le flou est total autour de ce que sera l’animation offensive de demain. Pourtant, il ne reste déjà qu’un an et demi avant la prochaine Coupe du monde. L’ombre lourde de Kylain Mbappé, censé être le guide et capitaine de l’équipe mais absent lors des deux derniers rassemblements, n’aide pas à crédibiliser les essais d’automne. Comment vérifier l’efficacité de la nouvelle formule si l’homme de base manque dans l’équation ? Même pensée au milieu de terrain, privé d’Aurélien Tchouameni lors de ce rassemblement.
Ce dernier fait partie des nouveaux cadres dont l’intégration avait très bien commencé, aux côtés du gardien Mike Maignan, successeur évident d’Hugo Lloris. Si le sélectionneur l’apprécie beaucoup, au point de l’avoir déjà promu vice-capitaine, ses dernières performances n’en font plus un élément incontournable. Mais il n’est pas le seul dans ce cas. En un an, les certitudes d’hier se sont transformées en zones d’ombre et vice versa.
Didier Deschamps a beaucoup bricolé lors de l’Euro, sans jamais établir un onze de départ stable. L’équipe de France n’aura gagné que deux satisfactions : la mise en place d’une nouvelle charnière centrale Dayot Upamecano-William Saliba et la fin du débat au poste d’arrière droit, remporté définitivement par Jules Koundé. Partout ailleurs, le brouillard a commencé à recouvrir les contours de la formation de départ « DD ». Théo Hernandez est en perte de vitesse, toutes les associations du milieu de terrain peinent à attirer et, devant, le joueur le plus fiable est Randal Kolo Muani, peu utilisé dans son club.
Les qualifications pour la Coupe du monde 2026 débutent en 2025. Toute une machine doit se mettre en route. Interrogé sur un éventuel essoufflement après 12 années passées sur le banc de l’équipe de France, Didier Deschamps a assuré avoir « toujours la même énergie ». Il doit cependant travailler en naviguant entre deux tendances opposées. D’un côté, son mandat court jusqu’en 2026 et son aventure semble bien plus proche de la fin que du début. De l’autre, elle doit trouver la force d’impulser une toute nouvelle dynamique en s’appuyant sur une nouvelle génération. Le défi est important mais pas insurmontable.
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