“Il a dû se dire pourquoi pas, la Corse n’est pas si loin !”, le témoignage du cardinal Bustillo

S’il n’y a toujours pas de confirmation officielle concernant la visite du pape en Corse, le cardinal François-Xavier Bustillo a indiqué que sa visite officielle pourrait être annoncée la semaine prochaine.

Ce samedi 16 novembre, une vingtaine de confirmations de jeunes ont eu lieu au sein de l’église Notre-Dame de Lourdes à Bastia par l’évêque de Corse François-Xavier Bustillo. Moment fort, dans un contexte particulier, une visite du pape pourrait en effet avoir lieu en Corse, à Ajaccio, le 15 décembre.

A cette occasion, le cardinal François Bustillo a répondu aux questions de France 3 Corse.

Comment avez-vous convaincu le Pape de venir en Corse ?

Je n’ai pas lancé une opération séduction ! Lorsqu’ils rencontrent le Pape, tous les évêques du monde l’invitent à découvrir son diocèse et son territoire. Lorsque nous lui proposons une invitation, nous le faisons de manière chaste. Nous l’espérons fortement, mais nous n’y croyons pas vraiment.

Finalement, le pape a dû évaluer tous les éléments concernant ma proposition. Que ce soit la proximité géographique et culturelle, l’opportunité et le sujet du colloque qui est la piété populaire, il a dû se dire :pourquoi pas, la Corse n’est pas si loin !« Ce projet est beau, il est plein d’espoir. Il est important de mobiliser les consciences, l’intelligence, la passion des Corses pour que nous puissions vivre ce moment de communion, heureux et fédérateur.

La Communauté corse et la mairie d’Ajaccio nous aident. Il y a beaucoup de joie aussi de la part de la Préfecture, qui est très motivée pour nous aider. Chacun veut contribuer pour que cet événement soit heureux et joyeux pour tous les Corses.

Nous allons vivre un moment populaire dans très peu de temps. Ce sera sportif pour tout le monde, mais il y a de la volonté et de la passion. Il existe également une grande collaboration entre toutes les institutions. L’important est de se donner les moyens de préparer un événement heureux et joyeux pour tous les Corses et pour tous ceux qui viennent du continent.

Le fait que nous soyons capables de collaborer et de contribuer au bien ensemble est un signe de maturité sociale, politique et spirituelle. Je ne peux que m’en réjouir !

En Corse, pensez-vous que la religion est essentielle ?

La majorité des Corses se disent catholiques. On dit même que 90 % des Corses sont catholiques. Pour nous, c’est une grande responsabilité. Nous naviguons entre croyants pratiquants et non-pratiquants.

Nous vivons dans une société occidentale où les croyances sont nombreuses, mais en Corse, je constate qu’il n’y a pas d’hostilités idéologiques. Nous pouvons rencontrer des gens qui pratiquent tous les jours et tous les dimanches, d’autres moins, mais il y a toujours une grande disponibilité, responsabilité et soutien de la part de l’Église.

Nous vivons sur une île où les traditions sont importantes. Ils sont transmis par les parents. Lors des confirmations que j’ai pu faire, les enfants et les jeunes parlent toujours de leurs parents et surtout de leurs grands-parents. En Corse, on n’oublie pas nos racines. Je crois que pour un peuple et pour sa culture, il est important de ne pas oublier d’où l’on vient et où l’on va.

En Corse, y a-t-il de plus en plus de confirmations et/ou de baptêmes ?

Oui et c’est magnifique. C’est un encouragement pour les prêtres, pour les diacres et pour moi-même. Nous avons de nombreux jeunes qui demandent le baptême et la confirmation des adultes. Avant, il fut un temps où ils allaient en Inde, au Tibet ou en Amazonie pour chercher la spiritualité. Aujourd’hui, ils se tournent vers l’Église et demandent de la force intérieure.

J’ai fait plus de 200 confirmations à Corte cette année, nous leur avons donné une force intérieure. Je pense que nous vivons dans un monde compliqué et complexe. Il nous faut donc redécouvrir la dimension intérieure et la force spirituelle. Lorsque nous donnons une confirmation, c’est une force de tenir le coup et d’avancer.

Quand on est homme d’Église, on est là pour la mission mais ce n’est pas une mission stratégique, tactique ou politique. Pour moi, la dimension la plus importante de notre mission est d’accueillir ceux qui frappent à notre porte, afin que nous puissions les respecter et les soutenir.

Voici l’entretien avec le cardinal François Bustillo :