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« Je suis optimiste, mais il faut rester vigilant sur les finances publiques »

Laurent Suau (Renaissance), jusqu’alors maire de Mende, a été élu président du département de Lozère le 9 août 2024. Retour sur les cent premiers jours de son mandat, et les perspectives.

Vous êtes président du conseil départemental depuis cent jours. Aucun regret ?

C’est une belle aventure politique qui se poursuit et qui profite à l’ensemble du territoire. Pour le moment, j’ai été aux quatre coins du département. Je ne suis pas allé partout, mais j’en ai quand même fait pas mal. On sent qu’il y a un retour plutôt positif. Il y a eu des élections le 9 août. Il y a un nouveau président du conseil départemental, une nouvelle équipe.

Et les gens, maintenant, ce qu’ils attendent de nous, c’est que nous soyons au travail, que nous essayions de répondre aux problèmes et aux questions, et que le Département essaie de soutenir par l’ingénierie, donc par son personnel, par ses moyens financiers, par ses satellites, qu’elle essaie d’aider au mieux l’ensemble du territoire.

Vos adversaires craignaient que vous fassiez plus pour Mende que pour l’ensemble du territoire.

J’ai toujours dit, depuis que je suis maire de Mende, qu’en fait, la ville-préfecture n’existe que parce qu’il y a le reste du département. Nous devons être vigilants et bien traiter tout le monde. Et tous mes détracteurs disent constamment que je ne le ferai que pour Mende. Mais ce serait une erreur ! Car plus le territoire s’affaiblit, plus la ville-préfecture va s’affaiblir aussi. Et à l’inverse, plus le département se renforce, plus cela profitera également à la ville-préfecture. Je veux être la gardienne de cet équilibre pour que chacun soit respecté, qu’il puisse faire des projets partout.

Durant ces cent premiers jours, quelle a été votre priorité ?

Le premier dossier était celui des Ehpad. Et le secteur médico-social aussi. Les maisons de retraite concernent tout le monde.

Les maisons de retraite concernent tout le monde

Ce sont des parents, des grands-parents, des arrière-grands-parents qui sont concernés. Nous avons donc réalisé cette opération, pour proposer une aide d’un million d’euros, mais je pense que dans les années à venir, il faudra que chacun mette un petit coup de main à sa poche, l’Etat, le Département et aussi les familles. Des établissements qui sont en déficit, cela pourrait impliquer, à l’avenir, la dégradation des soins quotidiens, ce sera peut-être un peu moins bon dans l’assiette, peut-être aussi un peu moins bon sur l’animation, peut-être un peu moins bien sur le ménage. côté. Et nos aînés ne méritent pas ça !

Parmi les sujets que vous jugez importants, vous citez l’eau et l’énergie.

Sur l’eau, ce qui me semble important, et je le dis depuis longtemps, c’est de reprendre le schéma départemental d’adduction d’eau potable, qui date de 2007. Il y a des investissements qui ont été faits, mais on a jusqu’ici Je ne voulais pas mettre à jour ce plan. En fonction de l’évolution des quinze dernières années, de la situation hydrique du département de la Lozère, il vaut encore la peine de s’arrêter à nouveau. Nous avons l’épisode de sécheresse de 2022 qui nous sert de référence, et ce n’est peut-être pas le plus grave que nous aurons dû traverser, peut-être qu’il y en aura d’autres qui seront pires dans les années à venir. Comment assurer la sécurité des populations ?

Et concernant l’énergie ?

La production d’énergie renouvelable est un enjeu environnemental et énergétique, mais c’est aussi un enjeu économique. Si nous investissons dans les énergies renouvelables, nous pouvons générer des revenus au bénéfice des Lozériens. Chacun a suivi son chemin avec sa propre idée, ce qui était bien, mais cela n’a pas créé de cohérence. Le préfet Philippe Castanet a réuni tout le monde autour de la table, ce qui a déjà permis de dégager des orientations. Avant mon arrivée à la présidence, le Département et le SDEE avaient commencé à réfléchir ensemble, pour tenter d’aller vers une orientation unique. J’aime ça. Il nous faut maintenant trouver le bon équilibre pour les deux.

Les énergies renouvelables peuvent générer des revenus au bénéfice des Lozériens

L’idée n’est pas de mettre toutes les éoliennes sur la Margeride ou de dégrader de belles terres agricoles pour y installer des panneaux solaires par exemple. Il faut essayer de maintenir le retour financier maximum sur ces investissements sur le territoire. Nous en discutons donc avec le SDEE. Nous devrions réussir la création d’une SEM (entreprise d’économie mixte).

Etes-vous inquiet du budget des collectivités, et notamment du Département ?

Non, pas pour 2025. Depuis mon élection, depuis 2015, j’ai toujours entendu des craintes pour l’avenir. Je veux rester résolument optimiste. Je sais que ce sera plus compliqué, qu’il faudra être plus prudent, mais je pense que nous le devons à nos contribuables, à nos citoyens. Il faut être vigilant sur les finances publiques. Je ne dis pas que les autres n’étaient pas vigilants, ce n’est pas du tout mon propos. Nous avons des budgets excédentaires chaque année qui nous permettent de bien investir sur le territoire ; Jusqu’à présent, nous avons eu de bons budgets et un faible taux d’endettement.

Mais il va falloir faire attention, alors ?

Depuis mon arrivée à la présidence, j’ai découvert que de nombreux engagements ont été pris, pour l’aide aux communautés locales par exemple. Ce qui est très bien, mais il faut arriver, après, à assumer la responsabilité financière, avec des projets qui ont pourtant beaucoup augmenté, avec l’inflation. Aujourd’hui, les gens viennent nous voir et nous disent « On avait un tel projet, avec un tel engagement du Département, mais il nous manque 200, 300, 400 000 €, pouvez-vous ajouter ?«Ça devient compliqué.

Y a-t-il des projets menacés ?

Nous n’allons pas arrêter des projets déjà bien avancés. Mais on peut essayer de s’entendre pour trouver le bon maillage. On peut prendre l’exemple du Mont-Lozère et de la délégation de service public. Cette année, ce sont plus de 300 000 € de subventions que nous devrons verser. Nous reverrons sûrement un peu la copie globale. La grosse enveloppe, avec les différentes options ou variantes qui étaient prévues, jusqu’à 13 ou 14 millions d’euros, on n’investira pas tout cet argent là-haut.

On n’investira pas tout cet argent au Mont-Lozère

On peut aussi parler du projet de centre d’interprétation des mégalithes à Bondons. Le bâtiment que nous construisons, nous devrons l’exploiter. Cela coûtera cher au ministère. Je suis convaincu qu’il fallait faire quelque chose. Est-ce qu’il fallait que ce soit cette taille ? Peut-être pas. C’est un investissement de 4 millions d’euros. C’est énorme. Le bâtiment sera terminé. Il faut maintenant réfléchir à son fonctionnement, pour ne pas puiser chaque année dans le fonds.

On nous sollicite également pour le parc aux bisons; nous avons le projet du château de Saint-Alban-sur-Limagnole… Il y a plein de belles choses qu’il faut pouvoir sortir. Il faut absolument prendre du temps. On me dit aussi qu’il existe des centres techniques pour les routes à refaire. A chaque fois, c’est environ 2,5 millions.

Notre capacité d’investissement est intéressante, mais elle reste encore limitée. D’autant qu’il y a la capacité d’investissement financier du Département, mais il y a aussi la capacité technique de nos équipes pour pouvoir prendre en charge les projets, et des entreprises pour pouvoir les réaliser.

Pour les routes justement, un point sur la RN88 ?

Nous avons un très gros projet autour de la RN88, entre les études sur le contournement Est de Mende, les études pour le tronçon jusqu’à l’A75, les aménagements autour des passages à niveau SNCF, certains aménagements de sécurité comme le carrefour de Balsièges, le Saint -Carrefour Farine-de-Mercoire, secteur L’Habitarelle… Tout cela représente environ 100 millions d’euros, avec un tronçon du contournement de Langogne. Et il y a 25 millions à payer par le Département. Nous ne savons clairement pas où les trouver.

Pour la RN88, on a 25 millions à payer, on sait pas où on va les trouver

Je proposerai prochainement une réunion à tous les confrères maires et présidents de communautés de communes pour voir comment les enveloppes pourront être distribuées. Sur Mende par exemple, lorsque nous avons réalisé le périphérique ouest, Mende a payé 12 % de la facture. En même temps, j’essaierai de revenir vers l’Etat et la Région pour leur dire que nous sommes ici dans un contexte très particulier avec une fiscalité faible qui ne permet pas de mobiliser des sommes aussi importantes, et qu’il faut il faudrait s’écarter de cette règle des 25 % qu’on nous demande de respecter. Vous pouvez toujours demander…

La natalité baisse en Lozère comme ailleurs. Est-ce un souci ?

Il faut faire face au problème de la démographie, avec une baisse de la natalité, comme partout ailleurs. Cela a des conséquences pour les écoles, cela pose des questions sur nos collèges. Il y a un vrai sujet autour des collèges dans les années à venir. Pour entretenir ce maillage départemental qui est impératif, il faut qu’il y ait des enfants dans les établissements. On l’a vu cette année avec la fermeture de l’unité scolaire locale de Sainte-Énimie. Nous travaillons avec l’inspection académique pour essayer de trouver une orientation pour lui permettre de rouvrir l’année prochaine. Les internats peuvent être un moyen de sauver les collèges. On le voit par exemple au Bleymard avec la formation des jeunes pompiers.

La question de l’attractivité du département reste donc cruciale ?

Quand on regarde la préfecture d’à côté, ils ne peuvent pas pourvoir tous les postes qu’ils ont ouverts. Dans les commissariats, c’est pareil. Et nous, au Ministère ou dans les collectivités, quand on cherche à embaucher, on a parfois du mal à trouver. Il y a donc de vrais problèmes. Nous devons continuer à développer toutes les politiques liées aux politiques souveraines. Tout ce qui peut attirer les gens, les convaincre de venir dans ce département. La fibre est terminée. Tout ce qui tournera autour de l’éducation, de la santé, du sport, de la culture, de l’environnement, voilà des sujets plus qu’importants pour attirer de nouvelles populations. Avant de venir vous installer, vous examinerez toute la gamme de services que peut offrir le territoire.

 
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