La cathédrale Notre-Dame de Paris accueillera un nouveau reliquaire destiné à conserver la précieuse couronne du Christ, trésor du christianisme. Ce meuble contemporain, encore en pièces, est en cours d’assemblage dans les Ateliers Saint-Jacques et la Fondation de Coubertin située à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines) qui prévoient de le livrer à la cathédrale le 19 novembre. 2024.
Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut remonter à la nuit du 15 au 16 avril 2019, date de l’incendie de Notre-Dame. Dans la cathédrale, les pompiers combattent l’incendie au péril de leur vie et tentent également de sauver les objets les plus précieux. L’une d’elles a une valeur inestimable : la couronne d’épines qui, selon la tradition chrétienne, était placée sur la tête de Jésus lors de la Passion, juste avant sa crucifixion. C’est dans le coffre de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qu’elle a trouvé refuge cette nuit-là. Actuellement, la relique est conservée dans un endroit secret.
Le père Guillaume Normand, vice-recteur de la cathédrale, rappelle que «il fallut briser le reliquaire qui recouvrait un coffre sécurisé. Il a ensuite fallu trouver le code pour ouvrir ce coffre et récupérer la couronne”, une scène épique racontée par Jean-Jacques Annaud dans le film Notre Dame brûle en 2022. Le vice-recteur explique que cette couronne posée sur la tête du Christ Est “un signe d’humiliation“et ça”l’existence du fils nous est attesté par les Évangiles, c’est-à-dire par les récits qui nous racontent la vie de Jésus.
La couronne a été conservée pour la première fois à Constantinople [Istanbul aujourd’hui] avant d’être achetée à prix d’or par le roi Saint Louis en 1239. « C’est en France depuis le XIIIe siècle, il indique, et personne d’autre n’en revendique la possession. C’est un objet très singulier, unique. Selon le religieux, « ce sont des éléments physiques, tangibles et matériels qui nous rappellent que ce que Jésus a vécu n’est pas simplement une histoire dans un livre que l’on feuillette (…) ce sont des événements historiques qui se sont déroulés véritablement dans le passé ».
D’abord conservée à la Sainte-Chapelle, joyau architectural construit pour l’accueillir sur l’île de la Cité, la couronne est conservée dans la cathédrale Notre-Dame depuis le XIXe siècle. Dans la ferronnerie des Ateliers Saint-Jacques, le Père Normand présente ce qui sera son nouvel écrin : une châsse reliquaire. “Un nom un peu compliqué, ril admet, qui vient d’un mot latin signifiant coffre. Le mot relique vient d’un mot qui parle de restes. C’est donc un coffre qui conserve ce qui reste de la Passion de Jésus.
Il ajoute que le reliquaire abritera la couronne »mais aussi un clou qui a servi à la crucifixion de Jésus et un morceau de bois de la croix ». Ces deux derniers vestiges ne seront pas visibles, contrairement à la couronne qui « trônera » en majesté au cœur du sanctuaire. Chacune de ces trois reliques est protégée par un reliquaire en verre dont elle ne sera jamais retirée pour des raisons de conservation.
Le meuble contemporain conçu par Sylvain Dubuisson avec Tiphaine Maire mesure 3,65 mètres de haut sur 2,85 mètres de large. Il est composé de plus de mille pièces. Dans un bloc de marbre de Carrare, les tailleurs de pierre des Ateliers Saint-Jacques ont ciselé un autel marqué d’une croix et recouvert de petites bougies LED. Au-dessus, sur une structure en bois de cèdre, sera fixée une grande auréole recouverte de 396 blocs de verre.
Le maître verrier Olivier Juteau et sa compagne Catherine Denoyelle fixent ces petits cabochons sur un grand disque à l’aide de micro-vis qui sera caché par un grillage en laiton. “C’est un travail entièrement manuel réalisé avec une ancienne presse à verre du XIXème siècle avec un moule assez simple et un poinçon en forme de croix qui pénètre dans le verre et qui laisse sa marque au retrait. Il assure que “Le fait qu’ils soient tous légèrement différents génère une vibration qui ne se produirait pas avec des pavés d’origine industrielle.”
Au centre de l’auréole, une demi-sphère en acier inoxydable, décorée d’un bleu profond assorti à la voûte et aux vitraux de Notre-Dame, abritera la couronne d’épines. Cette niche, éclairée à la fibre optique pour éviter tout risque d’incendie, accueillera la couronne à l’occasion de certaines célébrations. Le designer a également imaginé des panneaux de bois ajourés, incrustés de 360 épines dorées à l’or fin, pour agrémenter la niche et sa grande auréole, en référence au martyre de Jésus.
Depuis 1923, les Chevaliers du Saint-Sépulcre gardent les reliques de la Passion lorsqu’elles sont présentées aux fidèles dans la cathédrale. Les plus fervents ont envie de les toucher, de les embrasser. Pour éviter les gestes inappropriés, quatre chevaliers les entourent constamment.
Les jours où la couronne ne sera pas visible, les fidèles pourront toucher au dos du reliquaire un disque en bronze, coulé par la Fonderie Coubertin, qui représente la petite couronne dans sa bonne taille, mais de manière stylisée.
L’artiste a chaleureusement remercié ses compagnons des Ateliers Saint-Jacques. En seulement sept mois, ils ont conçu et fabriqué cette œuvre d’art complexe en mariant compétences anciennes et technologies modernes de dessin et de conception assistées par ordinateur. Le 4 novembre, chacun des 160 salariés des Ateliers et de la Fonderie Coubertin était invité à poser une épine sur l’œuvre, geste symbolique marquant sa participation à la renaissance de Notre-Dame.
La châsse reliquaire ne sera pas visible depuis l’entrée de la cathédrale. Pour l’admirer, il faudra se rendre à la chapelle située la plus à l’est. Un coin un peu secret pour cet objet de culte légendaire que les fidèles de Notre-Dame ont hâte de revoir entre ses murs.
Related News :