Jusqu’à la semaine dernière, Arvant était traversé chaque jour par un flux ininterrompu de véhicules. Depuis l’ouverture du nouveau tronçon de la RN 102, les riverains profitent du retour au calme et à la sécurité.
En arrivant à Arvant en ce début d’après-midi, on a l’impression de remonter quelques années en arrière, en période de confinement. Les abords de la RN 102 qui traverse le village sont déserts. Pas un son, ou plutôt plus de bruit. Le vacarme incessant des quelque 14 000 véhicules quotidiens empruntant cet itinéraire a cessé. Sous le soleil, des cliquetis se font soudainement entendre. A quelques mètres de la route, les quilleurs du club local enchaînent les parties.
Très attendue, cette voie rapide de la Haute-Loire est enfin ouverte à la circulation
L’ouverture du nouveau tronçon de la RN 102 et le calme ainsi retrouvé sont sur toutes les lèvres : « Le bruit des camions était devenu infernal, surtout lorsqu’ils passent sur le passage à niveau. Traverser aussi, c’était super dangereux», concède Patrick Rodier, président du club de pétanque d’Arvant qui habite à proximité de la route nationale depuis 40 ans.
Une si longue attente
« Au début c’était surtout le vendredi, puis le jeudi et après, tout le temps. Maintenant, il y a encore quelques camions mais ce n’est plus comme avant. On l’attendait depuis tellement longtemps…», sourit le leader des quilleurs. Cette déviation est l’aboutissement d’un projet dont les débuts remontent à une époque que les moins de 20 ans n’ont pas connue. “Depuis que j’habite ici, j’en entends parler, hein Daniel ?”, soupire Patrick Rodier en s’adressant à son copain pétanque : “Oula, ça fait plus longtemps que ça pour moi… On en parle depuis les années soixante. … Cela dure depuis trop longtemps. Ils ont investi de l’argent pour y parvenir. Et ces habitants ne se soucient pas des commerces de la ville.
De toute façon, il n’y a plus de magasins ! Et ce n’est pas à cause de la déviation. Il reste un coiffeur et une pharmacie. C’est une clientèle locale, ça ne changera pas grand chose pour eux.
La pharmacie, en effet, est située en bordure de la RN 102, face à la caserne des pompiers. A l’intérieur, Dominique et Nadine, les deux pharmaciens, résidant respectivement à Saint-Géron et Brioude, font le même constat que les boulistes : « C’est beaucoup plus calme et surtout beaucoup plus sécurisé. Avant, ça allait trop vite. » Concernant leur métier, là aussi, les deux professionnels se veulent rassurants : « Nous n’avons ressenti aucune différence. Nos clients sont des résidents d’Arvant. Les gens de passage ne s’arrêtent pas chez nous.
Moins de bruit et plus de sécurité
C’est plutôt en tant qu’usagers qu’ils apprécient le nouveau tronçon de route qui vient d’ouvrir : « Il faut dix minutes pour aller Brioude – Lempdes. La traversée d’Arvant faisait 1,5 km à 50 km/h. Avant, je faisais le tour des lotissements derrière pour ne pas avoir à couper le 102″, sourit Nadine. Que du positif après une si longue attente : « C’était un peu l’Arlésien, on n’y croyait plus. Cela fait 50 ans qu’on en entend parler. Au final ça s’est plutôt bien passé, les délais ont été tenus, c’est parfait », conclut Dominique.
La circulation a bien changé en quelques jours à Arvant, village de Bournoncle-Saint-Pierre.
A quelques mètres de là, Mathieu, la trentaine, gare sa voiture devant sa maison, le long de la 102, face à la Poste. Il y vit depuis six ans : « C’est juste un bonheur. Le bruit était insupportable. Nous avons évité d’ouvrir les fenêtres. Il souligne également la sécurité retrouvée sur cet axe : « J’ai deux fils… Ils ont failli se faire renverser à plusieurs reprises. La circulation était rapide et les gens ne respectaient pas les passages piétons. Avant le Covid, les gendarmes effectuaient souvent des contrôles au passage à niveau mais depuis, plus rien… J’ai vu beaucoup d’accidents ici. Le bruit, on s’y habitue mais pour la sécurité, il fallait faire quelque chose.
La déviation vue par Aurore Roche
Aurore Roche vit à Arvant depuis près de 30 ans. Aujourd’hui à la retraite, elle dirigeait une entreprise multiservices le long de la RN 102, la dernière du village. Ce calme retrouvé le long de la route, elle pense qu’il sera éphémère : « Il y a une baisse de trafic mais ça ne va pas durer. Avec la nouvelle voie, les gens feront 7 km au lieu de 2. Quand on voit le prix de l’essence… Les gens vont d’abord passer par curiosité mais ça va se calmer. Au sujet des nuisances sonores, elle affiche également son scepticisme : « Avec le double vitrage, on n’entend rien. C’est sûr que si vous ouvrez grand vos fenêtres, cela fera du bruit. Je n’ai jamais eu de casseroles qui vibraient dans la cuisine au passage d’un camion !
Aurore Roche a longtemps dirigé un commerce le long de la route nationale.
Que pense-t-elle du nouveau 102 qu’elle a emprunté hier ? « Aucune sensation particulière. Nous n’avons plus le loisir d’observer le paysage. Elle est limitée à 110 km/h alors qu’on pourrait rouler un peu plus vite. Ce qui est surprenant c’est que les panneaux indiquant Arvant ont disparu quand on vient de Brioude. Tout est fait pour que nous prenions la nouvelle route.
La déviation vue par Raoudha Mayassi
« J’ai toujours mon flux de clients même si j’ai l’impression que c’est plus calme, indique Raoudha Mayassi, responsable de la station Total. Ce qui est différent, c’est que nous sommes une entreprise essentielle, un peu comme un buraliste. Les gens auront toujours besoin de carburant. Concernant l’avenir de son établissement, a-t-elle des craintes ? “Oui et non. Je n’ai pas encore vraiment regardé la comptabilité, mais ne pas entendre autant les voitures passer, c’est bizarre !
Elle veut relativiser l’impact de la baisse du trafic routier : “Sur les 15 à 18 000 véhicules par jour, on a à peine capté 10%”, précisant qu’elle a “une certaine clientèle qui s’acquiert” et qu’une demande a été formulée. à Dreal pour que la station soit indiquée.
Jérémy Virot
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