(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, entend déposer un énoncé économique cet automne alors que le gouvernement fédéral peine à contrôler le déficit et doit maintenant composer avec la menace de tarifs douaniers de 10 % brandie par Donald Trump, qui prendra officiellement sur. pouvoir à Washington le 20 janvier.
L’imposition de droits de douane sur les exportations canadiennes vers les États-Unis l’année prochaine, si M. Trump met sa menace à exécution, pourrait provoquer un ralentissement marqué de l’économie canadienne et entraîner une résurgence de l’inflation dans le pays après le début d’un cycle baissier en taux d’intérêt par la Banque du Canada en juin, selon une étude récente de la Chambre de commerce du Canada.
Dans un tel contexte, certains économistes croyaient qu’il serait préférable de ne pas présenter d’énoncé économique, comme c’est le cas à Ottawa depuis près de 30 ans, mais de mettre tous les efforts à préparer un budget fédéral qui serait présenté en février ou en mars et qui tiendrait davantage compte du contexte économique et de la nouvelle situation politique au sud de la frontière.
C’est du moins l’argument défendu par le sénateur et économiste chevronné Clément Gignac dans une récente entrevue avec La presse.
Toutefois, des sources gouvernementales ont indiqué que la ministre Freeland avait l’intention de présenter un énoncé économique formel. « Il y aura une déclaration économique. La date de présentation de la déclaration sera annoncée en temps utile», a déclaré une Source gouvernementale, qui a requis l’anonymat car elle n’était pas autorisée à discuter publiquement des intentions du ministre.
Projections et déficits
Cet énoncé économique doit contenir des projections de la croissance de l’économie canadienne et des déficits prévus pour les cinq prochaines années. La ministre Freeland pourrait également profiter de l’occasion pour annoncer de nouvelles mesures, comme cela a souvent été le cas par le passé.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le gouvernement Trudeau n’a jamais présenté de budget équilibré. Dans son dernier budget, la ministre Freeland a indiqué qu’Ottawa prendrait les mesures nécessaires pour maintenir le déficit sous la barre des 40 milliards de dollars en 2023-2024 et 2024-2025.
Mais selon les calculs du directeur parlementaire du budget Yves Giroux, la ministre Freeland aurait raté cet objectif.
Dans un récent rapport, il affirmait que le gouvernement fédéral avait enregistré un déficit de 46,9 milliards au cours du dernier exercice financier, terminé le 31 mars.
Le ministère des Finances devrait publier prochainement un rapport financier annuel dans lequel il indiquera le déficit définitif de l’exercice 2023-2024. Au cours des dernières semaines, la ministre Freeland a été invitée à commenter les conclusions du directeur parlementaire du budget concernant l’ampleur du déficit. Elle a esquivé la question, se limitant à dire que le Canada a le plus fort ratio d’endettement en proportion du PIB des pays du G7.
Récession?
Dans une analyse récente, la Banque Nationale soulignait que l’économie canadienne continuait d’éprouver des difficultés, notamment en raison de la politique monétaire trop restrictive de la Banque du Canada. “Nous prévoyons des croissances économiques de seulement 1% en 2024 et 1,3% en 2025, ce qui se traduirait par un taux de chômage compris entre 7,0% et 7,5% d’ici mi-2025”, a souligné l’institution financière dans son mensuel économique du mois d’octobre. .
Une croissance économique plus faible et un chômage plus élevé pourraient faire dérailler les projections de déficit du gouvernement Trudeau à l’approche des élections fédérales, qui doivent avoir lieu au plus tard en octobre 2025.
La Banque Royale du Canada estime pour sa part que le Canada serait en récession sans la forte croissance de l’immigration depuis 2022. « Le Canada n’est pas « officiellement » en récession, puisque le taux d’immigration élevé augmente le nombre de consommateurs au pays. Cependant, le produit intérieur brut par habitant et le taux de chômage représentent mieux ce que vivent les ménages et les travailleurs dans l’économie actuelle, et à cet égard, il semble certainement s’agir d’une récession », a souligné RBC dans une analyse en septembre.
Dans son dernier budget, la ministre a également annoncé un resserrement des dépenses dans tous les ministères et organismes fédéraux dans le but de réaliser des économies en coûts de fonctionnement de 4,2 milliards de dollars de 2025-2026 à 2028-2029 et de 1 $. 3 milliards de dollars par la suite.
Certains ministères ont récemment annoncé un gel des embauches « pour une durée indéterminée » afin de se conformer à cette exigence. C’est notamment le cas du ministère des Transports.
« Nous savons que ces exercices peuvent générer du stress et de l’incertitude pour le personnel. Nous nous engageons à vous fournir de l’information et à vous informer, ainsi que vos agents négociateurs, une fois que le Conseil du Trésor aura pris ses décisions et que nos plans d’économies auront été approuvés et mis en œuvre », a déclaré le sous-ministre. Le ministre des Transports Arun Thangaraj dans une note aux employés obtenue par La presse.
Avec la collaboration de William Leclerc, La presse
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