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100 000 emplois menacés selon le Medef

LA TRIBUNE – Le plan local d’urbanisme bioclimatique (PLUb) a été définitivement présenté hier par la majorité d’Anne Hidalgo qui défend un équilibre bureaux-logements. Partagez-vous cette philosophie sachant que les salariés de vos dirigeants d’entreprise ne trouvent plus de logement ?

MARIE-SOPHIE CLAVERIE NGO KY – Il ne faut pas opposer bureaux et logements. Les bureaux sont des mètres carrés dédiés à l’emploi. Aujourd’hui, les logements représentent environ 95 millions de m² de la surface bâtie à Paris et les bureaux seulement 20 millions de m².

Quelle est la bonne combinaison pour une capitale mondiale comme Paris ? En voulant imposer de nouvelles contraintes, on fragilise à la fois la dynamique d’emploi des bureaux et les activités des commerces, restaurants et salles de spectacles ou de sport situés à proximité.

Le logement des salariés est l’impensé de ce PLUb. Nous avions pourtant proposé des solutions : développer l’habitat intermédiaire (22 000 logements intermédiaires aujourd’hui à Paris contre 220 000 logements sociaux), construire une véritable politique concertée du logement à l’échelle de la métropole du Grand Paris ou accepter davantage de construction d’immeubles en hauteur.

Que pensez-vous de la nouvelle carte du « pastillage », c’est-à-dire la liste des immeubles susceptibles d’être aménagés en logements sociaux ou en espaces verts ? Il y a six mois, vous avez interrogé la mairie de Paris sur leur grand nombre.

Malgré quelques évolutions marginales, plus de 800 immeubles parisiens sont encore concernés par le pastillage. Des volumes considérables et déconnectés des capacités techniques et financières de la Ville de Paris, surtout quand on constate que seulement 30 à 35 % des immeubles répertoriés au PLU actuel ont effectivement été transformés en logements au cours des vingt dernières années.

Une tache sur un immeuble de bureaux est une épée de Damoclès car la menace de transformation du bâtiment est permanente. L’entreprise n’entreprendra donc plus de travaux de rénovation. Et les investisseurs risquent d’investir dans des immeubles de bureaux situés dans d’autres métropoles avec des conséquences évidentes sur l’emploi. 2 millions de m² de bureaux « pelletisés », ce sont près de 100 000 emplois menacés à Paris. 20 mètres carrés de bureaux correspondent à un emploi.

Il ne semble plus être question d’un bonus de constructibilité sur lequel vous misez pour assurer l’équilibre économique des opérations de transformation des bâtiments. Les critères* permettant l’élévation vous permettront-ils de résoudre l’équation financière ?

Les membres du collectif économique que nous avons constitué n’ont cessé de rappeler depuis deux ans et à chaque réunion avec les élus et les services de la Ville l’importance de la prime à la constructibilité existante. L’État a également demandé en vain sa réintégration. La Ville a choisi de supprimer ce dispositif prévu par le Code de l’urbanisme pour faciliter une construction exemplaire d’un point de vue environnemental ou énergétique.

Ce qui est proposé dans le prochain PLU met donc fin à l’équation entre l’équilibre financier des projets et l’impératif de transition pour répondre aux nouveaux enjeux climatiques. Imposer de nouvelles contraintes dans une capitale mondiale comme Paris revient justement à remettre en cause le bon équilibre entre logements, bureaux, commerces, administrations, établissements culturels, de santé et sportifs.

C’est pourquoi nous demandons aux conseillers parisiens d’intégrer au PLUb une étude d’impact globale, sociale, environnementale et économique. Dans les discussions que nous avons pu avoir, la majorité communale y était favorable et avait même proposé d’introduire une clause de révision qui corrigerait les effets négatifs du PLU bioclimatique.

* Pour surélever leurs immeubles et donc construire des logements, le projet doit cocher au moins une de ces neuf cases : les espaces libres pour la construction, la végétalisation des bâtiments, la réutilisation des eaux de pluie, la mixité sociale, la diversité des fonctions, les animations au rez-de-chaussée, l’énergie. la performance, le travail sur le confort d’été ou encore la réduction de l’empreinte carbone.

 
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