Parti dimanche pour son premier Vendée Globe, le marin Guirec Soudée (Freelance.com) a atteint assez difficilement jeudi les côtes des îles Canaries où les températures clémentes lui ont enfin permis de voyager pieds nus à bord.
Classé 28ème à 11 heures vendredi, à 150,39 milles nautiques du premier, il revient dans son deuxième carnet de bord pour laAFP sur ses premiers jours de navigation marqués par de nombreuses galères à voile et sur la régate qui bat désormais son plein au cœur de la flotte.
« Le jour du départ, c’était une avalanche d’émotions. Je n’arrive toujours pas à y croire, j’y pense régulièrement. Quelque chose de fou, tous ces gens, ces gens qui étaient là pour nous soutenir, chanter, crier… ça m’a complètement bluffé. Honnêtement, c’était assez étonnant et je dois admettre que j’étais un peu perdu.
Je ne savais pas vers qui me tourner, à qui regarder, à qui parler… tout cela m’a un peu dérouté. J’étais déchiré dans tous les sens, et mes proches étaient toujours là, sur le quai. Ce n’était pas facile de gérer tout ça, il y avait une grande émotion de quitter tout le monde, mais en même temps, j’avais juste envie de mettre les voiles et de partir.
Et enfin, il était temps. Seul problème, j’étais en queue de flotte lorsque le coup de canon a explosé et que le vent est complètement tombé : je me suis retrouvé dernier… c’est comme si les Sablais voulaient me garder pour eux !
J’ai été patient, j’ai gonflé mon spi (petite voile d’avant pour le portant, ndlr) et je me suis dirigé vers La Corogne. C’était des conditions idéales pour démarrer, pas trop de vent, juste ce qu’il fallait pour une reprise en douceur. A cette époque, je n’avais pas vraiment réalisé que je partais faire un tour du monde.
Le vent a commencé à forcir au large de La Corogne. C’est le moment où je dois affaler le spi normalement et envoyer le petit gennaker (voile d’avant intermédiaire). Mais problème, le spi est tombé à l’eau, et j’ai failli repartir avec ! Il s’est même coincé dans la quille en pleine nuit. Deuxième nuit à bord et déjà une grosse galère…
J’étais un peu en colère contre moi-même. Je me suis battu pour le récupérer, ce fut plusieurs heures de lutte, et au final, pas de grosse déchirure a priori, juste beaucoup de stress.
Peu de temps après l’envoi de mon petit « gennak », encore une galère ! Il s’est retourné et s’est retrouvé coincé dans une autre voile. J’avais fait deux erreurs d’affilée, je n’arrivais pas à y croire.
Depuis deux jours, ça va mieux, j’ai réussi à remonter et à retrouver le rythme. Je suis parti à la recherche d’un vent plus fort d’ouest. Je croise beaucoup de bateaux à vue, c’est drôle de penser qu’on est tous plus ou moins regroupés, on se croise tous les jours. J’ai navigué un moment côte à côte avec Romain Attanasio, nous allions à 23 nœuds. Il y a un match et on s’amuse !
Pour le moment, le classement ne veut pas dire grand-chose. Beaucoup de choses vont se passer avec les conditions que nous allons rencontrer ces prochains jours. C’est ça qui est passionnant dans le Vendée Globe : ce sont ceux qui sont derrière qui ont les meilleures conditions. Ceux qui sont un peu devant, comme moi, on n’a pas des conditions géniales, avec un vent super instable.
Depuis Madère, je suis en t-shirt et pieds nus, jour et nuit. Nous arrivons rapidement dans une région plus chaude, ça fait du bien de quitter le froid de la Bretagne et de retrouver la chaleur. Et puis, les oiseaux viennent se poser régulièrement, ça fait du bien d’avoir de la compagnie !
Je me sens bien sur l’eau, maintenant nous allons essayer de faire les choses correctement pour éviter de nouveaux problèmes de navigation.
J’ai vu que Maxime (Sorel) s’était réfugié près de Madère à cause d’un problème technique, je suis super triste pour lui car ils ont travaillé comme des fous avec son équipe à Concarneau, ce sont nos voisins de ponton et c’est un gars génial. Il mérite d’y retourner.
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