Le Premier ministre a reconnu la « situation très particulière » des départements, « qui n’était peut-être pas bien vue dans les premiers scénarios budgétaires ».
Le gouvernement abandonne. Michel Barnier, qui s’exprimait ce vendredi en fin de matinée à Angers devant l’Assemblée des départements de France, a annoncé que l’effort budgétaire demandé aux départements serait réduit. « Je suis là pour vous dire, compte tenu de votre situation très particulière qui n’a peut-être pas été bien perçue dans les premiers scénarios budgétaires, que nous allons réduire très significativement l’effort qui vous est demandé par le projet de loi de finances »» a déclaré le Premier ministre depuis la tribune, provoquant les applaudissements des élus locaux présents dans la salle.
Le locataire de Matignon a constaté un « Le « modèle départemental » comme on le connaît depuis 30 ans » arrivé “jusqu’à ses limites”. Mais il n’a pas fourni de chiffres sur la baisse de cette contribution, qui « Cela dépendra de la discussion au Sénat »a précisé Matignon. Les départements font face à une explosion de leurs dépenses sociales de protection de l’enfance et d’aide aux personnes âgées dépendantes ou aux personnes handicapées mais voient dans le même temps leurs revenus issus des transactions immobilières chuter et enregistrer moins de TVA que prévu.
Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit un effort de cinq milliards d’euros pour les collectivités, mais selon les Départements de France, les départements sont la couche de collectivités la plus impactée, avec 44 % de l’effort, soit 2,2 milliards d’euros, alors même que leur situation économique est reconnu comme fragile. Les ministères ont donc demandé au gouvernement de revoir sa copie. Ceux menés par la droite et le centre ont menacé jeudi de suspendre le versement du revenu de solidarité active (RSA) et de cesser de prendre en charge les nouveaux mineurs non accompagnés (UMA).
Cinq mesures annoncées
Pour leur donner de l’air, le Premier ministre a annoncé cinq mesures : la baisse du taux de prélèvement sur les recettes départementales, initialement prévue de 2 %. Michel Barnier a reconnu qu’un “partie importante” de leurs dépenses n’était pas “not pilotable”. Très attendu par les départements, il a également annoncé une hausse pour trois ans du plafond des droits de mutation à titre onéreux, prélevés sur les opérations immobilières, à hauteur de 0,5 point, une mesure qui devrait rapporter un milliard d’euros.
Le chef du gouvernement Barnier a également annoncé sa volonté de revenir «le moins» sur le caractère rétroactif de la réduction du taux du Fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée, des aides aux dépenses d’investissement communautaires. Les cotisations versées aux départements par le Fonds national de solidarité pour l’autonomie seront également augmentées à hauteur de 200 millions d’euros en 2025. Enfin, la hausse des cotisations des employeurs territoriaux au Fonds national de retraite des agents des collectivités locales sera étalée sur quatre ans au lieu de trois.
A plus long terme, Michel Barnier a annoncé la création début 2025 d’un “instance de pilotage partagée entre l’Etat et les départements” chargé notamment de réfléchir à la création d’un « allocation sociale unique ». « Les politiques sociales doivent désormais être conçues conjointement par l’État et les départements »a-t-il souligné, plaidant pour un « une contractualisation pluriannuelle qui va anticiper et limiter » l’évolution des dépenses départementales.
Le matin même, sur Franceinfo, la porte-parole de l’exécutif Maud Bregeon avait déjà ouvert la porte à une réduction des économies demandées aux départements dans le cadre du budget 2025. “La porte est ouverte pour réduire l’effort par rapport à celui qui est demandé aujourd’hui, car nous sommes conscients qu’un certain nombre de départements sont aujourd’hui dans des situations extrêmement compliquées”a-t-elle déclaré.
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