Jugé pour non-assistance à personne en danger après le suicide d’une détenue à la maison d’arrêt pour femmes de Fresnes en 2020, celui qui était alors chef de détention doit entendre son délibéré ce vendredi 15 novembre.
Karima Takhedmit avait 22 ans lorsqu’elle a mis fin à ses jours en octobre 2020, alors qu’elle était incarcérée à la maison d’arrêt pour femmes de Fresnes. En septembre dernier, le parquet de Créteil (Val-de-Marne) avait requis 10 mois de prison avec sursis à l’encontre du chef du centre de détention de Fresnes de l’époque, jugé pour non-assistance à personne en danger. Il doit entendre sa décision ce vendredi 15 novembre.
Le parquet a estimé que ce policier expérimenté, âgé de 54 ans, n’avait pas pris les mesures nécessaires pour protéger le détenu. A l’époque, Karima Takhedmit avait été placée en unité disciplinaire pour avoir donné des coups de pied au policier en question.
Elle avait été condamnée à trente jours de « mitard », le maximum possible. Une peine « rarissime » selon le procureur de la République spécialisé dans l’exécution des peines, dont les propos sont rapportés par Le Parisien.
L’enquête a révélé que la jeune femme avait montré des signes importants de détresse avant de se suicider. Arrêtant de manger, elle a demandé de l’aide aux surveillants, en larmes. Elle craignait notamment que l’incident avec le chef de détention ne la prive de son régime de semi-libération.
Les agents en ont alors informé leur supérieure qui a elle-même alerté à trois reprises le responsable de la détention. L’homme est resté inconscient et Karima Takhedmit a été retrouvée pendue dans sa cellule.
« Mots clés » jugés manquants
Lors de son jugement en septembre dernier, le policier s’est défendu en expliquant que son subordonné aurait dû prononcer les « mots clés » « risque suicidaire aigu » qui, selon lui, sont nécessaires pour déclencher une intervention auprès du détenu concerné. Il a cependant fini par reconnaître l’existence d’un « risque suicidaire à moyen terme » concernant Karima Takhedmit.
Le quinquagénaire est accusé de n’avoir jamais informé sa hiérarchie mais aussi de ne pas avoir renforcé la surveillance. Il avait la possibilité d’organiser le passage d’un agent toutes les demi-heures devant la cellule, au lieu de toutes les deux heures. Mais il ne l’a pas fait.
L’accusation a estimé que « la frontière entre manquement éthique et faute criminelle est très mince » et n’a pas souhaité inculper davantage l’accusé. Aux dix mois de prison avec sursis requis, aucune peine supplémentaire, telle que l’interdiction de travailler dans l’administration pénitentiaire, n’a été ajoutée.
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