Il s’est attiré les foudres du monde agricole et politique, au point de susciter l’opposition du président de la République. L’accord de libre-échange en cours de négociation entre l’UE et le Marché commun d’Amérique du Sud (Mercosur) « n’est pas un traité acceptable en l’état »affirmait Emmanuel Macron fin octobre 2024.
Le projet d’accord, autour duquel les discussions ont débuté en 1999, entend supprimer la majorité des droits de douane entre l’UE et le Mercosur en créant la plus grande zone de libre-échange au monde (près de 780 millions de consommateurs).
Si elle était adoptée, elle permettrait aux pays sud-américains de vendre de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja à l’Europe, etc. Ce qui fait craindre aux agriculteurs français une concurrence déloyale, les producteurs d’Amérique du Sud n’étant pas soumis aux mêmes normes que ceux de l’Amérique du Sud. Union européenne.
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Sur Radio Sud ce jeudi 14 novembre, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a promis que Paris utiliserait « tout signifie » à sa disposition pour bloquer l’adoption du traité, « y compris les moyens institutionnels et de vote au niveau européen ». En 2019, la France avait également réussi, avec d’autres pays, à empêcher la ratification d’une première version de l’accord entre l’UE et le Mercosur. Mais est-ce si simple ?
Au moins quatre États doivent s’opposer au traité pour bloquer son adoption
Pour que le texte ne soit pas adopté, « nous devrions avoir une minorité de blocage au sein du Conseil de l’Union européenne »explique Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée du groupe centriste et libéral Renew Europe, dont font partie les macronistes de la Renaissance. Autrement dit, “au moins quatre Etats, représentant plus de 35% de la population de l’Union européenne, doivent s’opposer formellement à la ratification pour l’empêcher”.
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Un quorum loin d’être garanti à ce stade. Si des pays comme la Pologne et l’Italie se disent aujourd’hui opposés au traité, l’Allemagne et l’Espagne font au contraire pression pour son adoption. Pourtant, ces deux pays représentent déjà à eux seuls près de 30 % de la population de l’UE.
Si le Conseil de l’UE adopte le texte, il sera ensuite soumis au vote du Parlement européen, qui devra l’adopter à la majorité. « Le résultat de ces élections n’est pas non plus garanti. Les manifestations agricoles qui pourraient reprendre dans plusieurs pays de l’Union pèseront sur le choix des députés”selon Marie-Pierre Vedrenne.
La Commission européenne pourrait contourner le Parlement français
Reste cependant un dernier garde-fou : pour entrer en vigueur, les traités doivent être ratifiés par chaque parlement national. Il suffit que les députés d’un seul État membre s’y opposent pour que l’accord s’effondre. En France, le résultat est déjà connu : la majorité des députés et sénateurs voteront contre.
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Mais cela pourrait ne pas suffire, si la Commission européenne choisit de recourir à la technique du « scission », qui consiste à séparer l’aspect commercial des autres domaines contenus dans le traité. Le volet commercial ne serait alors pas soumis au vote des parlements nationaux, le commerce étant une compétence exclusive de l’UE.
Mardi 12 novembre, 70 députés français ont signé une proposition de résolution européenne appelant le gouvernement à “peser de tout son poids” contre l’adoption du Mercosur. La veille, une tribune en ce sens avait été signée par plus de 200 députés, des écologistes à LR.
Mais sur les bancs de l’Assemblée nationale, certains restent sceptiques, comme François Ruffin (LFI) : « Je crois qu’Emmanuel Macron est partisan du libre-échange sur le long terme. Je crois qu’il fait des promesses parce qu’il y a une opinion publique qui est très défavorable […] mais en vérité, il ne mettra pas toute sa puissance dans la balance pour aller à l’encontre de ce qui est le fondement de ce qu’il fait et pense depuis vingt ans. »
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