Dix détenus sont jugés ce jeudi au tribunal judiciaire pour la mutinerie survenue à la prison de Majicavo le 28 septembre. Ils comparaissent pour actes de violences, destructions, rébellion et enlèvement. Lors de la première matinée d’audience, les conditions de détention ont notamment été évoquées.
Un mois et demi après la mutinerie survenue à la prison de Majicavo le 28 septembre, dix détenus ont été jugés pour ces faits ce jeudi 14 novembre. Ils sont accusés de violences, destructions, rébellion et enlèvement pour certains d’entre eux. L’un des gardes a été lapidé et encerclé par des détenus, dont l’un était armé d’une barre de fer. Un autre agent s’était enfermé dans un placard lorsqu’un feu a été allumé à ses pieds. Devant la porte, les détenus entonnaient un chant de mort.
“Ce jour-là, j’ai cru que j’allais mourirr », dit un superviseur au public. “C’était difficile, j’ai pensé à mes enfants“Il nous l’assure : rien ne laissait présager ces faits.”C’est quelque chose qui s’est passé sur place», confirme l’un des prévenus tout en niant avoir participé à une prise d’otage. “Empêcher une personne d’aller et venir et la déplacer sous la contrainte est clairement un enlèvement.», répond le président du tribunal. D’autres reconnaissent les faits, et admettent même que des rumeurs circulent à ce sujet depuis plusieurs jours.
Lors de cette première matinée d’audience, les prévenus se sont peu concentrés sur les faits reprochés, mais plutôt sur leur quotidien et les conditions de détention au sein de la prison. “Les policiers se sont mis dans des angles morts et nous ont frappés menottés, je ne suis pas le seul à avoir subi ça», dénonce un détenu. D’autres évoquent parfois l’absence de repas ou des provocations de la part des gardiens. “Cette audience n’est pas une tribune pour dénoncer les conditions de détention», a prévenu d’emblée le juge. “Ce n’est pas en faisant des choses aussi violentes ou pire qu’on résout les choses.« Une détenue la contredit : »Cela servait à quelque chose ! Depuis l’émeute, nous avons reçu nos commandes : nos télés, des savons pour tout le monde, des sandwichs. Cela a changé.»
Certains accusés risquent jusqu’à 20 ans de prison, en plus de la peine qu’ils purgent actuellement. Suite à cette révolte, plusieurs agents ont été mis en arrêt maladie tandis que des syndicats réclamaient le droit au retrait, pour dénoncer la surpopulation carcérale à Mayotte. Plusieurs mesures ont été prises depuis, comme le transfert de détenus vers la France. Des départs qui restent encore trop rares selon FO Pénitentiaire. Le syndicat a écrit mardi au ministre de la Justice pour demander l’affrètement d’un avion dédié.
Un dénouement sans préjudice de la mutinerie de la prison de Majicavo : écoutez les explications de Sabry Hani, secrétaire général de la préfecture, du général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie, et de Yann Le Bris, procureur de la République de Mayotte.
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