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ENTRETIEN. “On risque d’importer des millions de tonnes de soja bourré d’OGM”, prévient Hélène Delmas de la Confédération paysanne 31

l’essentiel
L’accord du Mercosur fait peser de sérieuses menaces sur l’agriculture française, en ouvrant la porte à des produits importés non conformes aux normes nationales. Hélène Delmas, secrétaire générale de la Confédération paysanne de Haute-Garonne, dénonce les risques pour les agriculteurs et la souveraineté alimentaire, tout en appelant à des actions concrètes pour protéger la production locale et les revenus des agriculteurs.

Quels sont les principaux risques de l’accord du Mercosur pour les agriculteurs français, notamment en termes de concurrence et de respect des normes environnementales ?

Cet accord ouvre la porte à l’importation de produits ne respectant pas les normes françaises, qu’elles soient sanitaires ou environnementales. Par exemple, nous produisons du soja sans OGM en , mais nous risquons d’importer des millions de tonnes de soja bourré d’OGM, aspergé de glyphosate, d’Argentine ou du Brésil. Il s’agit d’une concurrence déloyale pour nos agriculteurs, d’autant plus que nous pourrions produire localement ce dont nous avons besoin.

Le coût du transport et de l’énergie est également un sujet majeur, n’est-ce pas ?

Assez. Nous réclamons une taxation du transport maritime. Il est incohérent de ne pas le faire tout en imposant des taxes carbone aux entreprises locales. Nous importons de la viande d’agneau de Nouvelle-Zélande, alors que nous pourrions encourager la production locale. C’est ce que nous dénonçons.

Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, affirme que la France ne signera pas cet accord en l’état. Pensez-vous que cela soit suffisant pour protéger les intérêts des agriculteurs français ?

Non, pas vraiment. Ils parlent d’ajouter des « clauses miroir » (visant à imposer les mêmes normes aux produits importés, ndlr), mais cela ne résoudra pas les problèmes de revenus de nos agriculteurs. Ce traité sacrifie notre agriculture au profit d’autres industries, comme l’aéronautique.

Pour de nombreux agriculteurs, signer cet accord constituerait une ligne rouge. Cela pourrait-il conduire à des actions de protestation ?

Nous n’avons pas l’intention de manifester pour le moment, notamment des syndicats affiliés à des partis politiques que nous ne soutenons pas. Nous pensons cependant à des actions comme celles que nous avons menées dans les supermarchés, où nous avons dénoncé l’importation de produits étrangers, notamment pendant la période de Pâques. Si l’accord est signé, ce sera une ligne rouge, et il pourrait y avoir des excès.

Pensez-vous que l’accord du Mercosur pourrait compromettre la souveraineté alimentaire de la France et de l’Union européenne ?

Absolument. Nous ne consommons même plus ce que nous produisons. Cet accord permettrait l’importation de produits à bas prix et de mauvaise qualité. La question est de savoir si le consommateur est prêt à payer un peu plus pour des produits locaux et de qualité. C’est un choix de société.

Qu’en est-il du développement de la MHE ou de la fièvre catarrhale dans les élevages ?

Nos élevages connaissent des crises sanitaires qui peuvent décimer des troupeaux entiers. Il y a eu la fièvre catarrhale du mouton qui a frappé durement certains élevages, notamment dans les Pyrénées-Orientales, avec jusqu’à 80 % de pertes chez certains de nos confrères.

 
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