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parce que le soignant « risque gros »

M.gériatre à Belfort, de 1980 à 2015, année de sa retraite, le Docteur Gérard Simon s’est ensuite installé en Poitou-Charentes. Mardi 19 novembre, l’intervenant interviendra sur « la santé des soignants et la nécessité de prendre soin de soi », l’une des deux conférences d’un forum qui se tiendra à l’espace Mendès-. Pour l’écouter, il faut réserver (1).

Quelle est la définition d’un soignant ?

Il existe une définition officielle mais elle est imparfaite. La définition dit qu’un aidant est une personne qui assiste, à titre non professionnel – ce qui est très important – une personne proche handicapée. Il peut s’agir d’un enfant, d’un adulte, d’une personne âgée. Ce que cette définition ne dit pas – et la psychologue Laure Vezin a ajouté cette notion –, c’est qu’il existe un lien affectif avec la personne aidée. C’est là que tout entre en jeu. Un proche, c’est la famille, les amis, les voisins.

La définition inclut-elle une notion de temps minimal, de partage du quotidien, etc. ? ?

Non. L’aide est permanente ou non. Cela concerne beaucoup de choses : démarches administratives, soutien à la vie sociale, coordination des acteurs professionnels. Cela s’étend aussi aux soins, aux soins d’hygiène. En France, la population des soignants est estimée à 11 millions. La moitié s’occupe des personnes âgées. 60% sont des femmes et l’âge moyen est de 64 ans. 57% sont des conjoints, 17% sont des membres de la famille et 17% vivent dans le cercle d’amis et le quartier. 4 millions exercent une activité professionnelle.


Le Docteur Gérard Simon est maître de conférences en santé et gérontologie.

G.S.

La durée moyenne d’aide est de six heures par jour pour 70% des conjoints et 50% des enfants

Que risque un soignant ?

Il risque gros. Imaginez que le temps d’aide moyen soit de six heures par jour pour 70 % des conjoints et 50 % des enfants. Ce n’est pas une activité secondaire. Les soignants sont confrontés à de grandes difficultés physiques et psychologiques. Les relations étaient-elles bonnes avant ou pas ? Souvent, d’anciens conflits refont surface. Physiquement, c’est très lourd. Il faut courir de droite à gauche. Et tout cela est surmonté par un sentiment d’inquiétude : « je n’en fais pas assez » et « si les choses tournent mal », « si j’arrive chez mon père ou ma mère et que je le trouve mort ». Les soignants iront le plus loin possible et même au-delà. Cela demande beaucoup d’organisation pour qu’ils ne prennent plus en compte leur vie personnelle. Il n’y a plus de loisirs et ils se sacrifient. Leur santé sera alors compromise.

Et l’entourage des soignants dans tout ça ?

C’est intéressant… Il y a la personne dont on s’occupe qui, parfois, culpabilise aussi l’aidant en disant : « Je ne vois que toi, je m’ennuie. » Il y a d’autres membres de la famille qui ont désigné la soignante parce qu’elle est une femme, qu’elle habite à proximité ou parce que c’est l’enfant hégémonique qui dit « je m’occupe de tout » et ce n’est pas bien non plus. Ils vont leur faire pression, ils appelleront tous les soirs pour se donner bonne conscience et dire « tu devrais…, j’ai parlé à papa au téléphone ». Ce sont des situations psychologiquement terribles.

Mais alors, quelle respiration pour les soignants ?

Les associations de soignants et de patients aident beaucoup. Vous devez vous tourner vers votre médecin pour obtenir des conseils quotidiens. Dès le départ, il faut établir des règles et dire : « Qui vient me remplacer ? « . Lorsqu’il y a un conflit, on peut faire appel à la médiation familiale qui donnera la parole à chacun afin de définir une stratégie et des règles qui mèneront à une vie meilleure. Ils signeront un protocole. Il y a aussi le droit au répit, la possibilité de confier son proche dans un Ehpad pour quelques jours. Il existe également des congés pour aidants naturels dans les entreprises. Au Québec, il y a le baluchonnage, un système de soutien grâce à des aides-soignants qui viennent au domicile. Ça commence à arriver en France.

(1) Sur inscription par téléphone au 05 46 97 53 02 sur www.asept-charentes.fr

Un forum mardi 19 novembre

Le comité d’Action Sociale de l’Agirc-Arrco Poitou-Charentes Limousin, Saintes Grandes Rives, l’Agglo et l’ASEPT des Charentes, proposent le forum « Prendre soin de soi pour prendre soin des autres », mardi 19 novembre de 10h à 18h, au Salle Mendès-France. Des stands d’information et de bien-être, des animations ainsi que deux conférences : à 11h, « Accompagnement des soignants » ; à 14h30, « La santé des proches aidants et le besoin de prendre soin de soi », animé par le Dr Simon. Des espaces seront dédiés aux personnes en perte d’autonomie afin que les soignants puissent profiter de moments de convivialité et de bien-être.

 
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